L’autisme a été déclaré « grande cause nationale » pour 2012.
Partout dans le monde, ce handicap est pris en charge par des méthodes
éducatives qui ont fait leurs preuves, à la fois sur un plan
scientifique et dans la vie des enfants qui en sont atteints, que ce
soit en Europe du Nord, en Grande Bretagne, aux Etats-Unis, en
Australie, au Japon (et dans la plupart des pays d'Asie) en Espagne, au
Canada, en Belgique.
Partout… sauf en France où les
familles se heurtent à la résistance de pédopsychiatres et d’autres
professionnels d’obédience psychanalytique qui récusent ces méthodes
d’inspiration cognitivo-comportementale.
Un récent documentaire, Le Mur,
réalisé par Sophie Robert avec l’association Autistes sans frontières a
dénoncé cette situation unique au monde en interviewant des
psychanalystes reconnus sur leur approche de l’autisme. Cette démarche
lui a valu d’être attaquée par trois des psychanalystes qui estimaient
avoir été piégés. Elle a été condamnée à leur verser 34 000 euros pour
“atteinte à l’image et la réputation”, et à retirer les interviews
concernées. Elle a depuis fait appel de ce jugement.
Ce
procès a soulevé un vent de révolte du côté des parents et de nombreux
psys qui réprouvent cette forme de censure et déplorent qu’aucune
discussion ne soit possible. La presse a relayé cette atteinte à la
liberté d’expression. Au fil des jours, un comité de soutien puis un
groupe de dialogue se sont constitués, rassemblant des psychiatres, des
psychologues, des parents, des patients, des scientifiques, des
professeurs de collège, de lycée, d’université, une femme politique.
Leurs
points communs ? Une indignation certaine devant la prédominance de
l’approche psychanalytique au sein de la psychiatrie et de la
psychologie françaises. Et le souhait d’une psychiatrie moderne, ouverte
sur le monde, appuyée sur des recherches scientifiquement validées.
Cela pour les personnes avec autisme comme tous les autres patients. Une
psychiatrie qui se reconnaîtrait dans les énoncés suivants :
1) La psychiatrie est une discipline médicale.
Pour être humaniste, elle doit obéir aux mêmes exigences que l’ensemble des disciplines médicales :
- Etre capable de nouer une alliance thérapeutique entre le patient, et éventuellement sa famille et les soignants
- Son enseignement et sa pratique doivent être fondés sur des preuves, avec réactualisation continue des connaissances.
- Elle doit respecter la déontologie médicale, avec au premier chef le souci de la qualité du service rendu au patient
-
Elle doit mettre en jeu l’ensemble des moyens pertinents et une
information loyale et contradictoire du patient et le cas échéant de ses
représentants légaux sur les troubles et sur les prises en charge.
2) Les psychothérapies sont les pratiques du soin psychologique
-
Elles doivent s’appuyer sur des modèles psychologiques compatibles avec
l’état des connaissances sur les troubles qu’elles entendent soigner.
-
Au même titre que les autres modalités de soins, leurs effets doivent
être évaluées en terme de service rendu : bénéfice / risque / coût.
- Elles doivent non seulement atténuer la souffrance qui s’exprime dans les symptômes, mais aussi améliorer la qualité de vie.
-
Elles doivent faire appel à des professionnels spécialement formés, et à
même de mettre à jour leur pratique avec l’évolution des connaissances.
-
La formation initiale et continue des psychothérapeutes comme celle de
tous les soignants doit être obligatoire : ce qui implique un dispositif
de contrôle de sa qualité et de son suivi par les intéressés, tout
comme à l’étranger.
3) Les personnes en situation de handicap psychique ont droit à la promotion de leur développement et de leur qualité de vie,
intégrant leur insertion sociale, familiale, scolaire et
professionnelle selon les situations. Le soin n’est qu’un aspect de la
réponse à la détresse. Le monde de l’enseignement et celui du travail
sont aussi impliqués dans la promotion du bien-être et de la qualité de
vie de chacun.
4) Les données concernant l’autisme infantile sont maintenant parfaitement claires.
Les enfants autistes ont besoin de soins efficaces fondés sur des
preuves qui leur permettent une scolarisation en milieu habituel.
L'élément qui choque le plus les étrangers réside en ce que 80% des
autistes ne soient pas scolarisés en France et que nombre de familles
doivent emmener leurs enfants en Belgique pour avoir enfin des soins
conformes à l’état des connaissances scientifiques.
Or il
existe 27 études, trois méta-analyses et des recommandations publiées
par des agences officielles : françaises, américaines, anglaises et
espagnoles qui affirment que les seules méthodes ayant prouvé leur
capacité à atteindre cet objectif dans environ 50% des cas sont des
méthodes comportementales et cognitives. Aucune autre méthode n’a
jusqu'à présent fait preuve de son efficacité (cf. références).
Bien
entendu, cet état des lieux est provisoire et devra être révisé en
fonction du progrès des connaissances scientifiques. Pour cela, plus de
recherches sont nécessaires, sans exclusivité théorique, à la fois sur
les facteurs biologiques et psychosociaux sous-jacents aux troubles, et
sur l’amélioration et l’évaluation des approches psychothérapiques et
éducatives.
KOllectif du 7 janvier
"Pour une psychiatrie et une psychologie basées sur des preuves scientifiques"
Dr. Jean Brissonnet - Physicien. Auteur et conférencier sur le thème des médecines non-conventionnelles.
Dr. Jean Cottraux - Psychiatre Honoraire des Hôpitaux, ancien chargé de cours à l'Université. Lyon 1, HDR.
Pr. Esteve Freixa i Baqué - Professeur d’Épistémologie et Sciences du Comportement.
Dr. Nicolas Gauvrit - Maître de conf. en Mathématiques (Univ. d'Artois et Paris VII),
Docteur en sciences cognitives.
Dr. Nouchine Hadjikhani - Médecin-chercheur en neurosciences.
M. Yann Kindo, - Professeur d'histoire-géographie, militant rationaliste.
Dr. Guillaume de Lamérie - Psychiatre, psychothérapeute, praticien hospitalier.
Mme Alexandra Meert - Psychologue, psychothérapeute comportementaliste.
M. Gérard Mercuriali - Parent d’enfant TED, professeur d'EPS.
Mme Magali Pignard - Parent d’enfant TED, Agrégée de physique.
Dr. René Pommier - Maître de conférences honoraire docteur d'Etat (littérature française Paris IV) et écrivain.
M. Jérôme Quirant - Maître de conférences , Université Montpellier II.
M. Jean-Louis Racca - Professeur de mathématiques, militant rationaliste.
Dr. Franck Ramus - Directeur de recherches au CNRS, docteur en sciences cognitives.
Mme Isabelle Resplendino - Secrétaire Nationale-Adjointe du Collectif des Démocrates Handicapés.
Mme Sophie Robert - Scénariste, réalisatrice et productrice.
Dr. Igor Thiriez - Psychiatre, psychothérapeute, praticien hospitalier
Mme Chantal Tréhin - Neuropsychologue, Parent d’enfant TED, formatrice.
Dr. Laurent Vercueil - Médecin neurologue hospitalier, doc. en neurosciences, INSERM U836.
Dr. Dominique Yvon - Parent d'enfants TED, Physicien-chercheur.Libellés : autisme, médecine, neurosciences, psychanalyse, science, sciences cognitives