samedi 28 juillet 2012

De quoi je me mêle

Régulièrement sur les forums de discussion ma démarche critique et mes compétences à parler de psychanalyse sont mis en cause. Typiquement, on s'interroge: de quel droit ce chercheur, qui n'est ni psychanalyste, ni même clinicien d'aucune forme que ce soit, se permet-il de critiquer, de prôner des formes d'évaluation qui sont peut-être valables dans son domaine, mais qui sont totalement inadaptées à la psychanalyse? De quel droit parle-t-il de pratiques cliniques alors qu'il est lui-même incapable  de s'occuper d'un patient?

Pour mieux apprécier toute l'inanité d'une telle question, je propose de la reformuler en remplaçant le mot psychanalyse par scientologie, ou le nom de votre secte préférée. Peut-on raisonnablement défendre l'idée que seuls les adeptes d'une secte sont fondés à porter un regard critique sur elle? N'avoir de comptes à rendre à personne, voilà pourtant bien ce que revendiquent la plupart des psychanalystes. Ce que Lacan formulait ainsi: "l'analyste ne s'autorise que de lui-même". Cette position n'est évidemment pas tenable, ni du point de vue des patients, ni de celui de la société dans son ensemble.

En ce qui me concerne, effectivement, la pratique de la psychothérapie n'est ni mon métier, ni ma vocation, et je serais bien en peine de soigner qui que ce soit. C'est pour cette raison que je m'abstiens de donner des conseils sur des pratiques thérapeutiques concrètes. Et en vérité, en matière thérapeutique, je suis d'un agnosticisme total. Je n'ai aucune croyance particulière, et absolument aucun intérêt personnel à promouvoir tel type de thérapie ou tel médicament. La seule chose que je promeus est la démarche scientifique.

Car bien que la psychanalyse se défende d'être une science, elle affiche néanmoins des prétentions scientifiques. En effet, elle prétend fournir des explications de certaines causes de certains troubles mentaux. Ce faisant, qu'elle le veuille ou non, et qu'elle le reconnaisse ou non, elle est sur le terrain de la science. Il est par conséquent tout à fait normal que les scientifiques qui ont des compétences sur les causes de certains troubles mentaux puissent examiner et évaluer les théories psychanalytiques à la lueur des données empiriques, et s'il y a lieu les critiquer.

En second lieu, la psychanalyse a des prétentions à soigner des personnes affectées de troubles mentaux. Par conséquent, et même si elle s'en défend, elle est là sur le terrain de la médecine. Et donc sur le terrain de la science, puisque la médecine est désormais assise sur les connaissances et les méthodes scientifiques. De ce point de vue, il est légitime et souhaitable que des médecins et des scientifiques questionnent la validité et l'efficacité de tout traitement proposé pour des troubles mentaux, quels qu'ils soient, et quand bien même leurs auteurs se défendent de faire de la médecine. Cet examen est facilité par le fait que les méthodologies d'évaluation de l'efficacité des traitements ne dépendent pas de la nature des traitements eux-mêmes, comme je l'ai expliqué dans les deux précédents articles consacrés à ce sujet. Les études d'évaluation des traitements sont publiées dans des revues scientifiques et médicales internationales, et j'ai toutes les compétences requises pour lire et analyser ces études. Je suis donc parfaitement dans mon rôle en en diffusant les résultats auprès du public, et ce d'autant plus que toutes ces études ont jusqu'à présent été très peu diffusées en France.

Enfin, du point de vue du simple citoyen, il paraît légitime d'exiger d'être informé de l'efficacité respective des différents types de traitements, et d'exiger que l'argent public soit dépensé dans les formes de traitement les plus efficaces (qu'il s'agisse de soins dispensés à l'hôpital, de subventionnement d'instituts médico-sociaux, ou du remboursement par l'assurance-maladie des actes de psychiatrie). Tout ceci suppose des évaluations rigoureuses de toutes les formes de traitement, y compris les psychothérapies, y compris celles d'inspiration analytique, et des débats libres et ouverts sur les résultats de ces évaluations, notamment par des personnes qui ne sont pas à la fois juges et parties. Là encore, des chercheurs et médecins compétents en psychologie et en psychiatrie mais indépendants de la psychanalyse ont un rôle important à jouer.

Pour résumer, malgré toutes leurs rodomontades et dénégations, les psychanalystes ont bel et bien des comptes à rendre, à leurs patients et à l'ensemble de la société. Il est hors de question qu'ils s'y soustraient plus longtemps. De plus les évaluations et débats que cela suppose doivent nécessairement impliquer des personnes extérieures à la psychanalyse pour avoir la moindre crédibilité.

26 commentaires:

  1. Merci Franck Ramus ! Merci pour votre courage ! De la part d'une orthophoniste "cognitiviste" !

    RépondreSupprimer
  2. Je n'ai rien a voir avec la psychanalyse, psychiatrie ou autre, mais je soutiens totalement l'idée de la "démarche scientifique" qui ferait bien d'être un peu plus appliquée dans ce domaine !
    En espérant que vos initiatives portent leurs fruits,
    Bonne continuation

    RépondreSupprimer
  3. Re-Bonjour M. Ramus,

    Je vois que vous reprenez du service, la candeur en poupe, faignant de n'avoir pas compris les objections à votre démarche. Je dis "faignant", car, comme vous le rappelez, vous avez "toutes les compétences requises pour lire et analyser [...]" ...

    Si vous reprenez vos derniers articles, ""La souffrance psychique n'est ni évaluable, ni mesurable". Mon œil! " et ""La psychanalyse n'est pas évaluable". Ah bon?", vous vous rappellerez que vos positions ne tiennent pas. Pour résumer 2 points :
    - Tout n'est pas quantifiable, et, par là, toute votre théorie (basée sur la quantification totale possible) de l'évaluation objective s'écroule.
    - On ne peut pas standardiser les approches thérapeutiques et évaluations sans laisser de coté l'essentiel. D'ailleurs votre argumentaire pour démontrer la quantification repose sur la standardisation, qui n'est pas démontrée possible. Vous avez tourné en rond dans vos supposées démonstrations imparables.

    Dans une démonstration qui se veut terminale, ne donnant aucun angle possible à la critique, vous validez les évaluations quantitatives par un jugement de psychiatre aguerri, qui devient la poule, ou l’œuf de votre démonstration. Et comme vous n'avez aucun moyen de juger ce psy qui vous sert de socle, tout s'effondre.

    Bref, vous restez sur une position complètement bancale en prenant pour hypothèse :
    1. qu'il n'y a pas de faille dans la science et
    2. que le quadrillage quantifié, supposé total, des objets d'évaluation, et particulièrement le champ "psy", est scientifique, alors qu'il n'en n'a que l'apparence.

    Je suis vraiment interloqué que cela ne vous questionne pas le moins du monde, pour quelqu'un qui se dit chercheur, par conséquent normalement capable de remettre en cause ses propres références de pensée...

    Je dois en déduire que :
    - soit vous êtes naïf,
    - soit vous fermer sciemment les yeux sur des questionnements fondamentaux (je ne dis pas d'en arriver aux mêmes conclusions que les psychanalystes, mais, au minimum, de comprendre le bien fondé de certains questionnements, notamment à propos de la science et du scientisme).
    Quoi d'autre, vu l’absence de remise en cause réelle des questionnements apportés par la psychanalyse?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. feignant ou faignant? Animé d'une arrière pensée, ou sans le courage de s'attaquer aux vrais problèmes?

      Supprimer
    2. Je maintiens: tout est quantifiable, et je n'ai pas souvenir que vous ayez jamais démontré le contraire.
      Dans un commentaire vous avez bien mentionné le sentiment amoureux comme quelque chose de toute évidence non quantifiable, c'était ça votre démonstration?

      Sachez que cela fait 70 ans que des scientifiques de tous bords font l'effort de concevoir et de tester des questionnaires et des échelles visant à quantifier le sentiment amoureux, sur une ou sur plusieurs dimensions. Vous en trouverez une synthèse dans l'article suivant:
      http://spr.sagepub.com/content/29/2/143.short

      Je ne dis pas que l'un de ces outils est parfait et parvient à restituer toute la phénoménologie du sentiment amoureux: comme je l'ai expliqué, c'est hors d'atteinte, y compris de la psychanalyse. Mais ces outils ont chacun une validité et une fiabilité qui ont été étudiées, et certains sont largement adéquats pour la plupart des usages qui nécessiteraient une évaluation du sentiment amoureux.

      Supprimer
    3. "On ne peut pas standardiser les approches thérapeutiques et évaluations sans laisser de coté l'essentiel."

      Je n'ai pas dit qu'il fallait nécessairement standardiser les approches thérapeutiques. Qu'elles le soient ou pas, on peut les évaluer.

      J'ai effectivement dit que la quantification supposait une standardisation. Et bien sûr la standardisation implique une réduction de l'information. Mais comme tout traitement de l'information: comme l'expression verbale libre du sujet, comme les interprétations du clinicien, comme la mémoire du clinicien, etc. Vous n'avez pas expliqué pourquoi la standardisation était plus réductrice que la méthode analytique. La standardisation est réductrice, mais au moins elle l'est de manière explicite, et au moins elle ne déforme pas grossièrement l'information!
      Alors qu'a contrario vous avez l'air de croire que la psychanalyse permet d'accéder à l'inconscient du sujet directement et en haute-fidélité, c'est grotesque.

      Supprimer
    4. "Dans une démonstration qui se veut terminale, ne donnant aucun angle possible à la critique, vous validez les évaluations quantitatives par un jugement de psychiatre aguerri, qui devient la poule, ou l’œuf de votre démonstration. Et comme vous n'avez aucun moyen de juger ce psy qui vous sert de socle, tout s'effondre."

      Vous soulevez ici le seul point non trivial, qui est celui de la nécessaire validation externe des outils de mesure que l'on conçoit.
      Avant de concevoir un premier outil d'évaluation clinique, la seule chose dont on dispose, c'est l'intuition clinique, qui est quelque chose d'imparfait mais qui marche quand même dans une certaine mesure. Eh bien, une fois l'outil conçu, on le valide en vérifiant que les chiffres qui en sortent montrent un accord satisfaisant avec l'intuition clinique, sinon on le jette. Evidemment on ne va pas se fier aux intuitions d'un seul clinicien, on va en consulter tout un panel et évaluer l'outil de mesure à l'aune du consensus des cliniciens, c'est déjà mieux.
      Ca parait fruste comme méthode mais ça marche! La validité de l'outil n'est pas supérieure à la mesure qui a fourni la validation externe, en revanche sa fiabilité est meilleure que celle d'un clinicien lambda seul face à son patient (parce que justement standardisé, reproductible, etc.). C'est déjà un gain important.

      Remarquez que c'est pareil dans toutes les sciences. Quand on a conçu le 1er thermomètre, on l'a validé simplement en vérifiant que ses variations correspondaient bien aux sensations subjectives de chaud et de froid de son constructeur et de quelques cobayes!
      Evidemment c'est mieux si on peut faire la validation externe sur des faits objectifs plutôt que des impressions subjectives: par exemple le gel ou l'ébullition de l'eau. Et c'est encore mieux si on peut faire de la validation prédictive, en montrant que l'outil prédit mieux l'avenir que ce dont on disposait auparavant: par exemple que le thermomètre prédit mieux le moment où l'eau va bouillir que mon doigt dans l'eau, ou que le baromètre prédit mieux qu'il va pleuvoir que mes intuitions.

      Sachez que de la validation prédictive sur des faits objectifs, cela peut se faire aussi pour les outils de mesure clinique en psychiatrie. Un fait objectif ça peut être par exemple une tentative de suicide. Ou plus généralement la mortalité des patients. Si l'échelle de dépression de Beck permet d'estimer avec une certaine fiabilité la probabilité que les patients fassent une tentative de suicide, c'est que cette échelle mesure quelque chose de pertinent sur l'état des patients. C'est le cas:
      http://www.ucs.louisiana.edu/~rmm2440/Beck_Steer_et_al%20_1985_%20AmJPsychiatry.pdf
      Combien de psychanalystes peuvent en dire autant?

      Dans un autre contexte, celui des troubles du développement comme l'autisme, de nombreux faits objectifs peuvent servir de validation prédictive à des outils d'évaluation, tout comme d'indicateur de succès pour des thérapies: acquisition de la propreté, niveau scolaire atteint, obtention d'un emploi, voire même durée de vie. Et effectivement de nombreuses études montrent la validité prédictive d'outils diagnostiques tels que l'ADI et l'ADOS. Et de nombreuses autres études montrent que certaines prises en charge améliorent significativement plus que d'autres le pronostic du patient sur ces critères objectifs.
      Combien de psychanalystes peuvent en dire autant?

      Supprimer
    5. Je dis "vous n'avez pas démontré que tout et quantifiable et vous le maintenez sans preuve". Je dis "la psychanalyse prend en compte l'hypothèse que tout ne l'est pas et c'est une ouverture bien plus scientifique que de refuser l'hypothèse".
      Et je dis aussi "les recherches en psychanalyse montrent que même si énormément de choses sont quantifiables, il y a un noyau qui ne l'est pas"

      Vous dites "tout est quantifiable, c'est un postulat et je rejette tout ce qui n'y est pas conforme.

      Ou est l'attitude scientifique?

      Supprimer
    6. Je ne crois pas que la psychanalyse permette d'accéder à l'inconscient en haute fidélité, c'est effectivement grotesque. Je dis qu'il y a des manifestations évidentes de choses importantes qui sont laissées de côté ouvertement par la standardisation. Ce n'est pas une attitude scientifique que d'élaborer exclusivement des modèles qui mettent une partie importante de la réalité de côté, sans essayer de compléter par une autre théorie de les prendre en compte.

      que vous réduisiez pour mieux cerner, c'est le B.A.BA. Que vous excluiez le reste, c'est de l'imposture.

      Supprimer
    7. Vous parlez de valider des théories chiffrées sur des consensus de praticiens. Mais les praticiens sont en désaccord et votre approche chiffrée qui n'est scientifique qu'au prix de fermer les yeux sur un tas d'hypothèses, peut même être réfutée par les praticiens dont vous utilisez le jugement. Et vous pouvez même être en désaccord avec ces praticiens.

      C'est du grand n'importe-quoi!

      Supprimer
    8. "les recherches en psychanalyse montrent que même si énormément de choses sont quantifiables, il y a un noyau qui ne l'est pas"

      OK alors. A vous d'expliciter ce qui n'est pas quantifiable, auquel la psychanalyse a accès, et à quoi ça mène.
      Pas de réponse générique du type "la subjectivité" SVP. De la subjectivité, il y en a de quantifiée dans l'échelle de Beck. Donnez-moi des exemples concrets de quelque chose qui n'est pas quantifiable, je vous montrerai comment le quantifier.

      Et une fois que ce non-quantifiable aura été identifié, expliquez exactement à quoi il sert, et quel usage on peut en faire dans l'intérêt du patient. Est-ce qu'il permet de prédire le pronostic du patient mieux que les outils cliniques quantifiés? Est-ce qu'il permet de mettre en place une thérapie adaptée plus efficace que le placebo?

      Eh oui, si on ne soumet pas les concepts psychanalytiques à validation externe eux aussi, comment savoir s'ils se rapportent à quelque chose de réel ou s'ils sont une pure divagation?

      Supprimer
    9. Et vous ressassez, et vous ressassez...

      Il n'y a pas besoin de théorie élaborée, de science ou de psychanalyse pour comprendre que la quantification EST réductrice. C'est une discrétisation.
      Vous l'admettez, mais ça ne vous ébranle pas...
      Cela ne peut être fait qu'a priori, en fonction de ce que l'on connait. Et comme tout le monde est différent, la quantification est toujours en retard.

      Mais pour vous, c'est mieux que rien et c'est comme cela qu'on progresse...

      Imaginer qu'une écoute des dires d'un patients sans la quantification soit plus efficace n'est pas bien difficile car elle plus fine et laisse la place à la surprise, à l'invention, à la trouvaille des problèmes au plus juste d'un patient en particulier.
      Si tout est quantifié à l'avance sur une échelle, vous empêchez de prendre en compte la singularité entre les discrétisations. C'est dur à comprendre ça??

      Des témoignages de l'efficacité de la psychanalyse, il y en a à profusion. Et si vous vous prétendez chercheurs, c'est à vous de vous sentir curieux et de chercher à comprendre cet animal. Levi Strauss n'est pas resté dans son fauteuil à attendre qu'on lui apporte des preuves de l'existence d'autres systèmes de pensée.
      L'attitude qui consiste à dire : on ne m'apporte pas de preuve dans mon mode de pensée, alors je ne veux pas voir, est complètement idiote. C'est dur à comprendre cela??

      Vous voulez des preuves quantifiées qui vous montrent si oui ou non la non-quantification est mieux que la quantification... Vous feriez mieux d'admettre que vous ne voulez pas savoir. C'est dur à comprendre cela??

      Et de ce "je ne veux pas savoir", vous déduisez : il faut interdire la psychanalyse.

      Bravo monsieur le scientifique, vous faites de la politique partisane!



      Quant à l'échelle de Beck comme preuve de la quantification de la subjectivité, vous vous moquez du monde. Corrigez si l'exemple que j'ai trouvé est faux :


      - Je n'ai aucun sentiment d'échec de ma vie.
      - J'ai l'impression que j'ai échoué dans ma vie plus que la plupart des gens.
      - Quand je regarde ma vie passée, tout ce que j'y découvre n'est qu'échecs.
      - J'ai un sentiment d'échec complet dans toute ma vie personnelle (dans mes relations avec mes parents, mon mari, ma femme, mes enfants).

      On croirait vraiment que vous vivez sur une autre planète, avec vos Bisounours numériques...

      Supprimer
    10. Oui, la quantification est réductrice, et non, ça ne m'ébranle pas. Car comme je l'ai déjà expliqué toute manière d'aborder la subjectivité d'un autre est réductrice. Il ne suffit donc pas de balancer l'anathème "réducteur" à la tête des autres, il revient comme un boomerang. Si on veut avoir un débat rationnel sur ce sujet, ce qu'il faut c'est comparer minutieusement les différentes méthodes d'analyse de la subjectivité: quelles informations chaque méthode permet-elle de récupérer, quelle est la validité de ces informations, quelle est leur fiabilité, à quoi peuvent-elles servir, et dans quelle mesure est-ce que leur usage permet d'améliorer l'état du patient? Tant que vous ne proposez pas une alternative viable qui réponde mieux à ces questions que les méthodes de la psychologie scientifique, votre critique n'a aucune portée.

      "Imaginer qu'une écoute des dires d'un patients sans la quantification soit plus efficace n'est pas bien difficile car elle plus fine et laisse la place à la surprise, à l'invention, à la trouvaille des problèmes au plus juste d'un patient en particulier."
      Formidable! Et avec tout ce discours on fait quoi? On a une belle histoire pleine de détails croustillants, certes, et après? Comment déterminez-vous la nature profonde du problème, et comment déterminez-vous ce qu'il faut faire pour aider ce patient? Et comment pouvez-vous savoir que la "trouvaille des problèmes" que vous avancez a le moindre rapport avec la réalité, et que le traitement que vous appliquez a le moindre effet positif? Vous dites "plus efficace" que la quantification mais vous êtes bien silencieux sur la méthodologie qui permet de juger de l'efficacité d'une approche, et en particulier d'affirmer qu'une approche est plus efficace qu'une autre, sans avoir recours à la moindre quantification!

      J'anticipe la suite du dialogue: "Mais, euh, on voit bien que ça marche, c'est évident, ça crève les yeux, etc.". Retour à la case départ: http://franck-ramus.blogspot.fr/2012/04/la-psychanalyse-nest-pas-evaluable-ah.html
      Car je vous le rappelle, vous n'avez jamais expliqué comment avec la méthode d'évaluation que vous préconisez vous arrivez à déjouer les multiples leurres et facteurs confondants qui vous guettent et que j'ai détaillés par le menu.

      Supprimer
    11. OK, commençons par le début : En essayant de prendre vos termes, le psychanalyste procède en établissant un diagnostic puis et appliquant le "traitement" adapté. Le "traitement" pouvant permettre d’affiner le diagnostic, en fonction des effets obtenus.

      Soit dit en passant, le fait que le psychanalyste agisse, puis recueille les résultats de ses actions et corrige en fonction parait être quelque-chose de complètement idiot à vos yeux. C'est pourtant une démarche scientifique.

      Mais bon, hors de mesures quantifiées, pas de salut avec vous, j'ai compris.

      Néanmoins, on ne va pas s'amuser à tester toutes les variantes de traitements possibles en prenant des cobayes et en leur administrant un "traitement" qui pousse certains, par exemple, au suicide, juste pour chiffrer, à l'aveugle, combien vont se suicider, et pour combien cela va être bénéfique.
      A ce même titre, il est assez inconcevable pour moi que l'on sélectionne un groupe témoin en lui faisant croire qu'on le traite alors qu'on ne le traite pas... Bonjour la confiance dans le thérapeute... Comment le patient pourra s'assurer la prochaine fois qu'on ne le prend pas pour un cobaye? Quant à mettre des annonces pour rechercher des pathologies données avec des volontaires pour se soumettre à un test, ce n'est pas bien plus brillant. Sachant que l’auto-diagnostic est biaisé. Et si on cherche à prendre un échantillon uniquement de volontaire, on tombera sur des gens qui acceptent néanmoins de passer du temps à parler à un thérapeute. Peu de personnes font cela juste pour le plaisir. Et si c'est juste pour le plaisir, autant dire que ça ne sert à rien vu que l'action du thérapeute est fondée sur une plainte du patient.
      Alors après, vous me direz qu'il faut sélectionner les gens qui ont des plaintes similaires et les mettre par groupes. Et on revient à plus haut : on va soumettre 50% de ces gens à une non-thérapie sans qu'ils ne le sachent.

      Ou alors, votre groupe témoin, c'est un groupe que l'on force à ne pas voir de thérapeute. Je ne suis pas sûr que cela soit très valable pour différentier le fait de se confier à quelqu'un du fait d'être traité par un thérapeute.
      Donc il vous faut trouver des gens qui soient volontaires pour faire partie d'une expérience dans laquelle ils se sentent mals, mais qui refusent toute thérapie. Biais manifeste et pas très éthique...

      Bref, je ne sais pas comment vous comptez vous sortir de ce fatra.

      Mais si on avance d'un cran, pour être sérieux, il faut évaluer le diagnostic du psy, puisqu'il va administrer son "traitement" en fonction d'un diagnostic.
      Je propose ensuite que l'on évalue, dans le cas d'un diagnostic de névrose obsessionnelle si tel ou tel type de traitement est efficient.

      Vous me demandiez un exemple dont vous m'expliqueriez comment le quantifier; en voilà un : la névrose obsessionnelle selon Lacan. Puisqu’il y a plusieurs écoles, ne mélangeons pas tout et limitons nous à la pratique relativement homogène de l’ECF.
      Ensuite, vous pourrez me quantifier comment évaluer quel est l'objet pulsionnel le plus important pour le patient : l'objet regard, l'objet oral, etc.

      Si vous regardez les définitions de névrose obsessionnelle, vous ne trouverez rien de vraiment quantifiable. Et on pourra toujours trouver des contre-exemples vu que la définition n'est pas quantifiée.
      Donc, après, vous allez faire quoi? Redéfinir cette névrose obsessionnelle selon vos critères qui collent, si cela est vraiment possible, à 90%. Donc vous allez modifier le diagnostic...
      A supposer que ces diagnostics et traitements soient valides, vous allez élaborez une sorte d'évaluation parallèle qui sera, au mieux, inexacte. Et dont le psy se fout puisqu'il a d'autres moyens d'évaluation qui lui servent en même temps à agir et à affiner ou corriger sa doctrine.

      Bref, vous allez nous faire une montagne inadaptée et avec une méthode d'évaluation assez médiocre.

      Supprimer
    12. Et si vous démontrez que ça ne marche pas, comment croire que votre évaluation aura été juste tellement elle semble inadaptée?

      Mais, bon, j'avance trop vite : comment quantifiez-vous la névrose obsessionnelle selon Lacan? (je vous laisse chercher les multiples éléments, non chiffrés bien sûr, qui permettent au clinicien de trouver les coordonnées x, y, z de la névrose obsessionnelle. Une fois cet exemple chiffré, vous pourrez le traduire en anglais pour une connaissance universelle).

      Et vous allez me dire : ah oui, Monsieur, mais la névrose obsessionnelle n’est pas observable. Si bien sûr, quantifier, c’est rendre observable à vos yeux la névrose obsessionnelle.

      Je ne connais pas le nom générique de cette méthode, mais en fait vous niez l’élaboration d’une doctrine comme le ferait un Lévy Strauss et qui n’était pas quantifiée. Il a élaboré les structures de la parenté dans diverses tribus, si je ne me trompe. Et sans quantification. Ses recherches et ses résultats restent donc « à démontrer » pour vous ?

      Supprimer
  4. Un commentaire sur :
    "l'analyste ne s'autorise que de lui-même"
    Ce ne serait pas tenable? Mais c'est la seule chose qui soit tenable, et qui ne nie pas la subjectivité inhérente à toute activité humaine.
    Et pas seulement pour un analyste, mais pour n'importe quel professionnel qui a un diplôme! Dans quel monde vivez-vous? vous croyez que c'est parce que quelqu'un a obtenu un diplôme qu'il est compétent? Vous avez beau avoir des multitudes de gardes-fous administratifs, des procédures, qui se conjuguent avec des études scientifiques, il n'y a jamais un maillage complet qui remonte à des preuves scientifiques objectives. On s'y efforce, certes, mais ça n'arrive jamais. Ou alors, il faut rester dans la théorie, dans les maths...
    Il y a toujours, au strict minimum, un être humain qui doit prendre une décision, qui réfléchi en fonction de tous ces appareillages qui peuvent être souvent puissants, mais qui, au moment ou il agit, le fait en son âme et conscience, sous sa seule responsabilité, seul face à tous, à tous ceux qui pourront dire après "j'aurais fait autrement".
    Et donc l'"analyste qui ne s'autorise que de lui-même", c'est l'honnêteté intellectuelle que vous ne voulez pas avoir; c'est : on a élaboré des écoles, des formations, des protocoles d'évaluation, des garde-fous, (et vous ne trouverez pas, je pense, de formation aussi exigeantes dans d'autres métiers) et, on n'est pas dupe, on sait bien qu'au bout du bout, il y a toujours une faille, et qu'à cette place, il ne peut y avoir que la responsabilité subjective de quelqu'un.

    Vous ne croyez pas à la faille. Vous n'y voyez pas un point fondamental de l'humain, mais une erreur qui sera comblée quand on en saura plus. Alors que la faille sera en fait toujours là quelque-part, à résister...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. A l'heure ou sont démontées les unes après les autres les bonnes vieilles théories qui ont jusque ici fait matière de référence en psychanalyse sur ce bon vieux continent, et notamment dans cette bonne vieille France, votre verve est plutôt mal placée. Proposer de nouvelles idées, une nouvelle façon de voir ou de chercher, vaut toujours mieux que de se borner a regarder ce qui existe. Normes et protocoles sont fait pour être réécris.
      Vous vous permettez de "défendre la science", mais qu'a de plus votre esprit scientifique, si ce n'est une évidente incapacité a avoir un esprit ouvert. Faire front a des idées différentes n'a jamais été une preuve quelconque d'intelligence ou de sagesse, remballez donc vos écoles, vos formations, vos protocoles, établis par qui? Par l'analyste? On tourne en rond, l'analyste autorise l'analyste a penser, a faire, on ira loin avec ça...
      Heureusement que dans l'histoire de ce monde des gens innovants ont eu l'audace d'outre passer les jérémiades des "scientifiques" endormis par leurs bouquins. La science avancera sans vous, elle s'en passera aisément.

      L'état actuel des neurosciences et des techniques ad-hoc permet aisément de penser que dans un futur, espérons le proche, la psychanalyse pourra s'appuyer la dessus pour revoir ses classiques.

      Quand a vos propos sur la "faille", elle réside justement dans les pessimistes dans votre genre, au lieu de la regarder, cette foutue faille, et de rester devant elle comme une poule devant un couteau, si vous n'êtes pas capable de proposer des solutions pour la colmater, ne venez pas enquiquiner ceux qui s'y emploient, il y a bien assez a faire sans cela.

      Supprimer
    2. Relisez, vous parlez dans le vide à critiquer ce que je n'ai pas écrit!
      Et puis si vous ne comprenez rien à la "faille" et au désir, vous n'y comprenez rien à l'humain. Ce n'est pas du pessimisme, c'est l'essence de l'homme, c'est de là que tout peut s'orienter...
      Et ce n'est pas la psychanalyse qui l'a inventé! Mais elle le respecte!
      Et vous voudriez faire table rase des connaissances et imposer de fragiles soubresauts de science en les enrobant de scientisme pour colmater les failles? Mais vous ne colmatez que des trous entourés de vide!!
      Pas grand-chose n'a été démonté, vous voulez tout casser et vous n'avez pas de quoi reconstruire.

      Si vous n'avez rien de plus constructif à dire sur le sujet, épargnez-vous d'écrire.

      Supprimer
    3. Youpi, vous confondez l'humilité qu'il convient d'avoir devant l'imperfection de son propre travail (et qui concerne les scientifiques tout autant que les autres), avec la prétention arrogante de ne s'autoriser que de soi-même et de n'avoir de compte à rendre à personne (ce qu'aucun scientifique n'envisagerait).

      Supprimer
    4. Pas du tout, je ne parle ni de l'un ni de l'autre, relisez ;

      "Il y a toujours, au strict minimum, un être humain qui doit prendre une décision, qui réfléchi en fonction de tous ces appareillages qui peuvent être souvent puissants, mais qui, au moment ou il agit, le fait en son âme et conscience, sous sa seule responsabilité, seul face à tous, à tous ceux qui pourront dire après "j'aurais fait autrement".
      Et donc l'"analyste qui ne s'autorise que de lui-même", c'est l'honnêteté intellectuelle que vous ne voulez pas avoir; c'est : on a élaboré des écoles, des formations, des protocoles d'évaluation, des garde-fous, (et vous ne trouverez pas, je pense, de formation aussi exigeantes dans d'autres métiers) et, on n'est pas dupe, on sait bien qu'au bout du bout, il y a toujours une faille, et qu'à cette place, il ne peut y avoir que la responsabilité subjective de quelqu'un."

      Voyez, je ne parle pas de l'humilité devant l'imperfection de son propre travail, bien que ce soit une vertu. Je ne parle pas non plus d’arrogance.

      Je parle de ceux qui travaillent, pas de ceux qui contrôlent le travail fini. Et ceux qui travaillent, qui sont dans l'action, c'est-à-dire qui, au delà de et grâce à leur formation, de leur expérience, l'analyse (avec des contrôleurs indépendants si vous voulez. Notez que dans ce que j'ai écrit, j'ai mis en préalable les écoles, les formations, les garde-fous, donc l'inverse de "n'avoir de compte à rendre à personne") de leur travail passé, agissent dans le présent en allant au-delà l'application de protocoles pré-établis et invariants (bien qu'étant améliorés, ok on a compris mais ça ne change pas le fond) dont le but premier est de savoir reproduire l'expérience et la contrôler, mais pas d'être le plus efficace (l'approche de l’évaluation force à rentrer dans une moule dédié aux exigences de l'évaluation, et non à la pratique elle-même). Et bien dans le présent de l'action, voire dans l'instant de la rencontre avec les créations inédites du sujet, il y a la dimension de la responsabilité, du choix auquel aucun protocole ne permet de répondre.

      Et bien c'est là qu'il vous manque un truc et ça s'appelle s'autoriser de soi-même, autrement dit, en essayant d'enlever toute dimension que vous projetteriez comme "arrogante", être un adulte. Pas parfait, mais on assume ses actes qui ne ne résorbent pas dans un protocole pré-écrit. C'est l'unique signification de cette phrase. Le reste vous le fantasmez parce que ça vous arrange...

      Supprimer
    5. Bah, si tout ce que cette phrase veut dire, c'est que chacun doit prendre ses responsabilités, elle est d'une grande banalité et ne mérite pas tout cette attention.
      Mais après tout, ce n'est que votre interprétation personnelle. Cette phrase est visiblement un grand enjeu d'exégèse, si l'on en croit wikipedia:
      http://fr.wikipedia.org/wiki/S%27autoriser_de
      ou encore:
      http://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/?p=472
      C'est à mourir de rire!
      L'ECF elle-même semble valider plusieurs interprétations, incluant la mienne et la vôtre (pour ce que j'en comprends):
      http://www.causefreudienne.net/etudier/essential/qu-est-ce-qu-un-psychanalyste-2.html
      L'exégèse de Lacan, comme celle du Talmud, est vraiment la dernière de mes préoccupations, je me borne à constater que mon interprétation littérale fait partie de celles reconnues et d'ailleurs revendiquées par nombre d'analystes.

      Supprimer
    6. On tourne vraiment en rond parce que vous ne voulez que campez sur vos positions.

      1. Vous ne faites pas une interprétation littérale : Alors que la citations est "L'analyste ne s'autorise que de lui-même et de quelques autres" (à savoir une garantie quelque forme que cela prenne), vous vous préférez ajouter "prétention arrogante" et "et de n'avoir de compte à rendre à personne", ce qui est votre pure invention, et même opposé au littéral. Qu'il y ait des exégèses stupides et multiples, il y a autant de conneries sur les TCC et les papiers qui paraissent dans les revues scientifiques ne sont pas dénués de leur lot de bêtises, d’approximations et d'a priori non discutés. Quelle que soit la discipline scientifique, vous trouverez un nombre de personnes racontant sur internet et enseignant autant de bêtises que celle que vous stigmatisez dans "l'exégèse". Donc votre procès à ce sujet n'est là que pour cacher l'essentiel.

      Dire "l'analyste ne s'autorise que de lui-même et de quelques autres" après avoir œuvrer pendant des années à la création d'une école et d'un système de garantie de formation, excusez-loi, mais il suffit de parler français pour comprendre "au-delà des garanties institutionnelles, il faut rappeler que l'être humain agit au final en son âme et conscience et que ça a son importance"

      2. Que "prendre ses responsabilités" soit banal, pourquoi pas, sauf que la démarche de standardisation vise le contraire : que les intervenants ne soient que des exécutants protégés de leurs responsabilités par une procédure. Du coup, c'est beaucoup moins banal!! Ça pose une attitude fondamentalement opposée.
      Ca revient à la discussion sur la prise en compte de la singularité que vous voudriez complètement objectiver et que la psychanalyse prend comme point de départ.

      Donc, pas d'exégèse fumeuse, pas de banalité; un positionnement radicalement différent.

      Supprimer
    7. "Que prendre ses responsabilités soit banal, pourquoi pas, sauf que la démarche de standardisation vise le contraire : que les intervenants ne soient que des exécutants protégés de leurs responsabilités par une procédure."

      Vous fantasmez. Aucune méthode psychothérapeutique n'est standardisée de cette manière-là. Aucune ne dédouane le thérapeute de ses responsabilités. Informez-vous au lieu de délirer.

      Supprimer
    8. Qui délire? Le type d'évaluations que vous exigez tendent à supprimer, voire à dénier l'influence du thérapeute. La seule chose que vous visez, et ce a quoi la psychanalyse résiste, c'est d'évacuer le thérapeute des protocoles, d'essorer le transfert. Et vous avez le culot de dire que je délire!
      Et puis prenez quelques exercices ABA : tant que tu as pas mis le triangle dans le trou triangulaire, tu recommences. Quand tu le fais, je dis bravo avec emphase et tu recommences aussi. Tant que tu as pas associé 2 visages avec la même émotion, idem...
      Il y a même des programmes informatiques pour remplacer les thérapeutes dans ces exercices si responsabilisants pour le thérapeute...

      Je fantasme? Assumez donc ouvertement les implications de votre militantisme acharné!

      Supprimer
  5. 1. Alors pourquoi critiquer une théorisation de cette action et attitude du thérapeute alors qu'elle existe? Responsabilité ne va pas sans subjectivité, c'est ça qui vous ennuie.
    2. Lorsqu'il y a des protocoles que l'on cherche à dépouiller de toute subjectivité comme vous l'expliquez nécessaire à longueur de blog, vous m'expliquerez à quoi sert l'intervention humaine. D'ailleurs, il y a déjà des programmes informatiques qui existent. C'est assez faciles à réaliser d'ailleurs vu que les protocoles sont écrits comme des programmes.

    RépondreSupprimer