La décision d'un tribunal allemand d'interdire la circoncision en se
référant à la Charte des droits fondamentaux de l'Union Européenne est une
occasion sans précédent de faire progresser la liberté de conscience pour tous
les citoyens européens. Même si le jugement est singulièrement limité à
une seule pratique religieuse et est motivé par l'atteinte incontestable à
l'intégrité physique de l'enfant et par les risques médicaux encourus, la
question est désormais posée: est-il acceptable de faire entrer de force dans
une religion des enfants qui ne sont pas en âge d'y consentir librement?
La capacité limitée des enfants à donner un libre consentement bénéficie
déjà d'une large reconnaissance juridique et d'un consensus total au sein de la
population. Pensons par exemple au fait que le législateur a éprouvé le besoin
de définir un âge de la majorité sexuelle (fixé en France à 15 ans), en-deçà
duquel la personne n'est pas supposée être en mesure de consentir librement à
des relations sexuelles (avec des personnes majeures susceptibles de les
manipuler). On rappellera également que l'endoctrinement des enfants au sein
des religions non reconnues (désignées sous le vocable péjoratif de sectes) est
une préoccupation constante de l'Etat français, par l'intermédiaire de son
organe la Miviludes. Or il n'existe aucun critère objectif différenciant les
religions bénéficiant d'une reconnaissance officielle des autres qui sont
qualifiées de sectes[1], et d'ailleurs le
législateur n'a jamais été en mesure ne serait-ce que de définir le
terme de secte. Ces quelques évidences aboutissent à la question suivante:
Comment peut-on considérer comme inacceptable que des enfants soient impliqués
dans certaines pratiques (en l'occurrence, sexuelles, ou religieuses
appartenant à des religions non reconnues) à un âge où ils sont présumés ne pas
pouvoir y consentir librement, tout en trouvant normal qu'ils soient
embrigadés, au même âge, et de toute évidence sans leur consentement, dans
d'autres pratiques, en l'occurrence religieuses appartenant à des religions établies?
Il y a là une contradiction logique et juridique que les tribunaux devront bien
un jour reconnaître, et en tirer toutes les conséquences.
La liberté de conscience, garante de toutes les libertés religieuses,
présuppose en effet que les êtres humains sont libres de choisir leurs
croyances. Or la plupart des religions ont bâti leurs empires précisément sur
l'embrigadement précoce d'individus trop jeunes pour disposer de cette liberté.
Et elles tiennent plus que tout à ce pouvoir, si l'on en croit les réactions de
toutes les autorités religieuses (y compris chrétiennes, bien qu'a priori non
concernées[2]) au jugement allemand, ou
si l'on en croit la résistance de l'église catholique aux demandes croissantes
de débaptisation[3].
Ainsi, comme le reconnaît le rabbin David Meyer[4], il y a un conflit franc
et massif entre la Charte des droits fondamentaux de l'Union
Européenne et le modus operandi des religions. Il choisit de résoudre ce
conflit en mettant en cause la première, au motif qu'il est des choses qu'on ne
choisit pas, et qu'en particulier on ne choisirait pas d'être juif. Cette
affirmation présuppose que le judaïsme est une propriété consubstantielle de
l'individu, à l'instar de son ethnie ou de son groupe sanguin. Mais, s'il est
vrai qu'on ne choisit pas son ethnie ou son groupe sanguin, il s'agit là de
propriétés naturelles de l'individu qui ne sont en aucun cas imposées par
d'autres personnes. Le judaïsme, lui, n'est pas une propriété naturelle, et la
conception ethnique du judaïsme est au mieux une idéalisation[5]. Le judaïsme, comme la
plupart des autres religions, est ouvert depuis des millénaires aux conversions
venant de toutes les ethnies. Puisqu'il est possible de choisir une religion, judaïsme ou autre, en toute
liberté et en pleine connaissance de cause, il n'y a aucune excuse pour que ce
ne soit pas systématiquement et obligatoirement le cas. La liberté de
religion n'est pas la liberté d'imposer sa religion aux autres, fussent-ils ses
propres enfants.
Le baptême (et ses avatars dans d'autres religions), s'il peut paraître
bien anodin, pose problème en tant que premier acte d'une longue série de rites
d'appartenance et d'étapes d'endoctrinement. Il accrédite l'idée qu'il est
normal que de jeunes enfants héritent automatiquement et sans leur consentement
de la religion de leurs parents. Par ailleurs le baptême n'est pas juste une
cérémonie privée impliquant uniquement le libre choix des parents, c'est une
initiation officielle pratiquée par des autorités religieuses dont les
motivations profondes peuvent être très éloignées de celles des parents, et qui
l'utilisent pour s'assurer un endoctrinement et un recrutement optimal de la
génération suivante. Le principe même du baptême étant donc en contradiction
patente avec la liberté de conscience, il faut y renoncer. Au-delà du baptême
et de la circoncision, ce sont toutes les formes d'endoctrinement et
d'initiation précoces qui sont à bannir: catéchisme, professions de foi,
communions…
La France s'honorerait en garantissant à tous ses enfants la liberté de
conscience, liberté qui leur est déjà acquise en droit mais qui a été
systématiquement bafouée jusqu'à présent. Il est donc temps d'envisager
sérieusement d'interdire tous les rites impliquant l'appartenance d'enfants à
une religion et toutes les formes d'endoctrinement religieux, soit jusqu'à
l'âge de leur majorité civile, soit jusqu'à l'âge d'une majorité religieuse qui
serait à définir par le législateur, mais dont on comprendrait mal qu'il puisse
être inférieur à celui de la majorité sexuelle.
[1] Cf. par exemple "Peut-on
établir une différence objective entre sectes et religions ?", Anne Morelli,
Science et Pseudosciences n°283, octobre 2008.
[5] Shlomo Sand, Comment le
peuple juif fut inventé, Fayard, 2008.
Il me semble que la circoncision est une pratique plus courante aux états-unis sans qu'elle soit liée à la religion. Je voulais signaler un récent rapport de l'American Academy of Pediatrics (AAP) qui analyse d'un point de vue scientifique (sans oublier le problème éthique) les rapports risques (liés à l'opération) bénéfices (hygiène principalement) de la circoncision. Le rapport est analysé sur ce blog http://www.sciencebasedmedicine.org/index.php/new-aap-policy-on-circumcision/ où vous trouverez aussi un lien vers le rapport original de l'AAP. En bref, le rapport signale que les bénéfices sont plus importantes que les risques mais qu'elles ne sont pas suffisantes pour préconiser une systématisation de l'acte. Si j'ai bien tout suivi, les bénéfices sont néanmoins d'autant moins importantes qu'une bonne hygiène de vie est respectée.
RépondreSupprimerCa ne répond bien sûr pas au problème du libre choix de son culte (ou non culte!) sur lequel je partage votre avis.
Apparemment la circoncision est en chute libre aux USA: http://www.rue89.com/2012/08/20/aux-etats-unis-tout-est-bon-pour-justifier-la-circoncision-234737
SupprimerAmusant, elle était initialement préconisée aux USA pour des considérations "hygiénistes", à savoir la prévention de la masturbation! (ce contre quoi elle ne semble d'ailleurs pas efficace)
Mes commentaires étant très long, je les poste par morceaux !
RépondreSupprimer1ère partie
Une fois n'est pas coutume, je suis en grand désaccord avec ce post,
et je vais essayer d'expliquer pourquoi.
Ton argument ne porte pas spécifiquement sur la circoncision (mais je
reviendrai à la fin de ce post sur cette question spécifique), mais
sur tout acte ou pratique de nature religieuse imposé aux jeunes
enfants. Et l'argument semble être qu'on impose de cette manière des
croyances sans que les enfants aient la liberté de les refuser, en
raison de leur manque de capacité de raisonnement autonome et sans
doute aussi de l'autorité qu'ils reconnaissent aux adultes. Ce
faisant, cela irait à l'encontre de leur "liberté de conscience" (un
point sur lequel je reviendrai plus bas). Un problème qui me paraît
évident dans l'argument, c'est que toute éducation inculque aux
enfants des croyances et également des dispositions qu'ils ne sont pas
en mesure d'examiner et de refuser. Ainsi un enfant se voit aussi
imposer des croyances politiques (il est très rare qu'un enfant jeune
ne soit pas d'accord avec ses parents sur les questions politiques),
et en réalité toutes sortes de croyances sur toutes sortes de sujet.
Bien entendu, certaines de ces croyances ne sont pas rationnelles, et
dans tous les cas, le jeune enfant n'est de toute façon pas en mesure
de les évaluer par lui-même. Bien des choses que font faire leurs
parents aux enfants peuvent être jugées contestables. La logique de
ton argument voudrait que l'on soutraie les enfants à toutes ces
influences pernicieuses qui interfèrent avec leur liberté de penser,
ce qui paraît absurde, puisque cela est tout simplement impossible.
Quelques Etats totalitaires ont cherché à soustraire les enfants à
l'influence de leur famille, mais évidemment ne pouvaient pas les
soustraire à toute influence, et ne faisaient que remplacer la famille
par une autre institution. Ton argument ne peut tenir que si l'on
distingue entre des croyances (et pratiques) nocives et des croyances
(et pratiques) sans grande conséquence. Il y a certainement des
pratiques nocives pour l'enfant qui doivent être interdites pour
sauvegarder son bien-être, et l'argument usuel sur la circoncision est
de cette nature, mais ce n'est pas celui que utilises. Concernant le
baptême, celui-ci n'est nocif que dans la mesure où les croyances et
pratiques de la religion catholique sont jugées nocives. Je suis
ouvert à la possibilité que ce soit bien le cas, et, plus
spéficiquement, je suis d'accord que la nature de la croyance
religieuse (la foi) va à l'encontre des valeurs de rationalité et de
libre examen. Cependant, la question est de savoir si l'Etat a une
légitimité quelconque pour *interdire* que des parents inculquent à
leurs enfants des croyances et pratiques religieuses. Donner à l'Etat
un droit de regard pour empêcher des pratiques qui ne sont pas
dangereuses mais qui créent des dispositions irrationnelles me paraît
être un remède pire que le mal (le mal étant l'irrationalité). Pour
que l'interdiction soit effective, il faudrait évidemment que l'Etat
puisse interférer de manière assez envahissante dans la vie privée des
familles. Cela vaut pour le baptême, qui est une pratique purement
privée.
2ème partie
RépondreSupprimerEn gros, l'Etat prendrait en charge beaucoup plus que ce n'est
le cas aujourd'hui l'éducation des enfants, en allant éventuellement
contre les désirs de leurs parents. Aujourd'hui, il y a un rôle pour
l'Etat, via l'éducation obligatoire, et l'interdiction de pratiques
*manifestement* nocives pour le bien-être des enfants. Aller plus loin
me semblerait totalement illégitime, pour plusieurs raisons. Tout
d'abord, l'Etat n'a pas la légitimité à dire la vérité en matière de
croyances et à l'imposer de force, ce qu'impliquerait l'interdiction,
par exemple, du catéchisme, qui est lui aussi quelque chose de privé
(hormis le champ circonscrit de l'Ecole, où il définit les
programmes). Il serait certainement dangereux d'accorder à l'Etat le
droit d'énoncer des vérités officielles (cela arrive dans les Etats
autoritaires, marginalement en France avec les lois
dites mémorielles, qui sont à mon avis une erreur). Ensuite, et c'est
tout aussi important, les parents ont le droit, à mon avis, de vouloir
insérer leurs enfants dans telle ou telle communauté sociale. La
religion ne se résume pas à des croyances, elle est aussi en grande
partie une réalité sociale. Il n'y a pas de vie familiale qui soit
totalement isolée d'un environnement social plus large. Dans une large
mesure, les parents déterminent cet environnement, et prennent en
compte des dimensions affectives, "identitaires". C'est pour cette
raison qu'il y a
des gens totalement athées qui pratiquent la religion juive par
exemple. Si ce type de choses est nuisible aux enfants de manière
manifeste, il faudrait le montrer par des études scientifiques, et en
tout cas la charge de la preuve, dans un Etat fondé sur des valeurs
libérales, incombe à l'Etat.
3ème partie
RépondreSupprimerCe qui m'amène à un autre point : il n'y
a en général pas d'unanimité des croyances, et il y a des pratiques
fort diverses dans une société qui n'est pas homogène, comme l'est la
France. Il y a un risque, dans une démocratie fondée sur la règle de
la majorité, d'une oppression de certaines minorités par la majorité,
oppression qui peut très bien être rationalisée par la lutte contre
l'obscurantisme religieux supposé d'un groupe minoritaire, et c'est
pourquoi il ne faut pas donner le droit à l'Etat de réguler les
croyances, ni même ce que disent les parents à leurs enfants (le
baptême en tant qu'acte physique étant évidemment insignifiant).
L'Etat est au fond une abstraction. Il y a des individus qui exercent
un pouvoir sur d'autres (pouvoir reconnu comme légitime) dans des
limites très claires, parce qu'un tel pouvoir est bénéfique pour tout
le monde (c'est l'argument standard du contrat social : tout le monde
se met d'accord pour accepter la force contraignante de l'Etat parce
que les conséquences sont jugées par tout le monde préférable). Cela
implique aussi que l'Etat laisse les individus maximalement libres, y
compris concernant l'éducation des enfants. Chercher à interdire des
pratiques éducatives au nom de la liberté de conscience de l'enfant,
c'est vraiment accorder à certains individus (ceux qui dirigent
l'Etat) un pouvoir exorbitant. On peut d'ailleurs penser que
l'interdiction du baptême susciterait une telle révolte que soit elle
ne sera pas tenable soit l'Etat deviendrait tyrannique (et il y a des
exemples historiques). D'ailleurs, la notion que tu utilises de
"liberté de conscience" est très idiosyncratique. La liberté de
conscience et la liberté d'expression ont un champ d'application
exclusivement *juridique*: l'Etat n'a pas le droit d'interdire
certaines activités uniquement en raison des croyances qu'elles
expriment, et doit protéger le droit des individus à dire ce qu'ils
veulent (et donc à quitter leur religion, bien entendu). Tu sembles
faire tienne une notion différente, dans laquelle liberté est synonyme
d'autonomie, vue comme absence d'influence externe irrationnelle.
C'est certainement le rôle de l'Etat que de permettre, via l'éducation
publique, le développement des capacités de raisonnement autonome,
mais certainement pas d'interdire quoi que ce soit en matière de
l'expression des croyances, même à l'intérieur d'une famille. La
liberté de conscience, au sens étroit, juridique du terme (le fait de
ne pas être poursuivi pour l'expression de ses opinions et pour ses
pratiques religieuses), n'est donc absolument pas menacée par le
baptême ou la circoncision des bébés. Concernant les sectes, je suis
d'accord que la frontière religion/secte n'est pas claire, et mon
point de vue personnel est que les sectes (ou plutôt ce qu’on appelle
“sectes”) sont trop réprimées en France. Il y a certains cas extrêmes
où les pratiques sectaires sont *manifestement* dangereuses pour les
enfants, et en ce cas l'Etat doit intervenir.
4ème partie
RépondreSupprimerQuant au cas spécifique de la circoncision, le tribunal allemand
invoquait les risques médicaux et l'intégrité physique, et tu sembles
approuver. Au sens littéral, il est certain que la circoncision porte
atteinte à l'intégrite physique (au caractère "entier" du corps).
Mais, au risque de choquer, je ne vois pas en quoi l'intégrité
physique en ce sens serait une valeur en soi. La seule question à
poser est de savoir si la circoncision nuit à l'enfant. De ce point de
vue la mention des risques médicaux est totalement légitime. Mais en
ce cas il faut aussi bien entendu prendre en compte les potentiels
effets bénéfiques. Je ne suis pas spécialiste de la question, et comme
il y a eu de très nombreuses études scientifiques de plus ou moins
grande valeur sur ce sujet, avec des résultats très contradictoires,
il m'est difficile d'avoir une position très assurée. Cependant, ce
que je retiens de ce que j'ai lu (désolé de ne pas donner de sources),
c'est que
a) il y a des bénéfices certains au plan médical (diminution de la
prévalence de certaines maladies, intérêt en termes de santé publique
dans certains pays), b) il y a un risque opératoire, c) les bénéfices
et le risque opératoire s'annulent à peu près, d) l'effet sur
l'activité sexuelle n'est pas clair (les hommes circoncis à l'âge
adule diffèrent les uns des autres, certains rapportant une diminution
du plaisir sexuel, d'autres rapportant au contraire un accroissement,
et d'autres encore disent que cela n'a pas d'effet notoire, sans
qu'une tendance nette ne se dégage, et cela sans parler de l'opinion
de femmes, qui varie beaucoup également). S'il est vrai, comme je le
soupçonne, que l'interdiction de la circoncision ne peut pas être
motivée de manière objective par son caractère nuisible pour la santé,
il me paraît problématique de vouloir l'interdire - les raisons de
"liberté de consience" me paraissant elles aussi inopérantes comme
expliqué ci-dessus. Au contraire, c’est pour des raisons liées à la
“liberté de conscience” bien comprises, et notamment la nécessité
d’une très large liberté laissée aux parents dans un Etat
libéral, qu’il vaut mieux ne pas l’interdire.
5ème et dernière partie
RépondreSupprimerUne dernière remarque sur un petit détail de ton texte. L'argument de
rabbin Meyer est de toute façon absurde. Qu'être juif soit un choix on
non n'a pas d'incidence sur la question de la circoncision : si
celle-ci était dangereuse, il faudrait l'interdire. Cela dit, tu
sembles vouloir réfuter cet argument en disant que le judaïsme n'est
pas une ethnie, et tu fais référence à un livre de Schlomo Sand qui
affirme que les juifs d'aujourd'hui ne descendent pas, pour la
plupart, des anciens Hébreux. C'est totalement non pertinent pour la
question, puisque le caractère "ethnique" du judaïsme ne dépend pas
vraiment de cela, mais plus du fait que, jusqu'au 19ème siècle et même
parfois au 20ème siècle, les juifs avaient en général leur propre
langue et leurs propres tribunaux, ce qui de fait leur donnait
certains des caractérisques d'un peuple, même en l'absence de
territoire, avec pour résultat qu'encore aujourd'hui, il existe une
dimension "non-religieuse" dans le judaïsme. Mais par ailleurs, je
suis surpris du crédit que tu accordes à ce livre, lequel ne contient
par exemple aucune donnée de nature génétique pouvant permettre de
savoir qui étaient les ancêtres des juifs actuels. En réalité,
plusieurs études basées sur la fréquence de certains allèles
spécifiques semblent établir qu'une grande partie de la population
juive actuelle descend d'un même groupe, d'origine moyen-orientale. La
thèse de Sand selon laquelle la plupart des juifs européens
descendraient des Khazars semble infirmée par les données génétiques
(voir http://en.wikipedia.org/wiki/Shlomo_Sand#DNA_analysis et
http://en.wikipedia.org/wiki/Genetic_studies_on_Jews). Mais comme je
le disais, cela n'a de toute façon aucune pertinence.
J'apprécie beaucoup votre blog en général, mais sur ce sujet précis, j'ai du mal a réconcilier la liberté, et la liberté de conscience en particulier avec des suggestions d'interdiction du baptême ou de la circoncision (à ma connaissance, aucune étude n'a jamais mis en évidence des conséquences négatives de ces pratiques).
RépondreSupprimerLa priorité donné aux parents dans les choix éducatifs des enfants est un droit humain fundamental reconnu universellement. Il y a bien sur un équilibre entre l'autorité parentale, et les droits des enfants qui est parfois délicat à définir, mais vouloir interdire le baptême me semble aussi absurde, liberticide, et totalitaire que de vouloir interdire aux parents de laisser leurs enfants regarder le DVD de "Dumbo". Le dessin animé "Dumbo" est un support d'endoctrinement probablement plus puissant qu'une cérémonie de baptême (après le visionnement de "Dumbo", des enfants influencables pourraient croire que les rituels basés sur une plume permettent de surmonter son angoisse, ou que les liens affectifs parentaux sont primordiaux, ce qui serait une forme d'endoctrinement pour certains).
Je préfère ne pas parler du drame de l'initiation arbitraire au foot que pratique de nombreux parents. Sans compter la présence de Coca-cola à certains anniversaires, ou le fait que l'école laique indoctrine une version de la révolution française très différente en Angleterre et en France, à des esprits naïfs. Critiquer la religion est une chose (et un droit fondamental), suggérer de jeter aux orties deux ou trois droits universels fondamentaux en est une autre.
En premier lieu, merci aux commentateurs ci-dessus (et également à Guillaume Dezecache et David Lubek sur Facebook) d'avoir pris le temps d'écrire tous ces excellents arguments.
RépondreSupprimerCela dit en passant, je trouve assez amusant de constater que quand je critique les religions je suscite des commentaires et des arguments de bien meilleur niveau que quand je critique la psychanalyse. Je laisse à chacun le soin d'en tirer ses propres conclusions!
Le principal argument partagé par la plupart des commentateurs est un argument de "pente glissante" ou de problème de frontière, à savoir: si on commence à interdire aux parents d'inculquer aux enfants des croyances religieuses, où va-t-on s'arrêter? Ne va-t-on pas inévitablement être amené à leur interdire de choisir leur éducation, leur développement culturel, de les influencer dans quelque domaine que ce soit (politique, moral, etc.)?
RépondreSupprimerJe ne le pense pas, et cela tient au fait que les croyances religieuses ne sont pas des croyances comme les autres (c'est tellement évident pour moi que j'ai même négligé de le mentionner dans mon article!): ce sont des croyances qui sont par nature irrationnelles, ce qui les différencie des choix culturels et des opinions politiques. On ne "croit" pas en la droite ou la gauche, on préfère éventuellement tel parti en fonction de l'idée qu'on se fait des conséquences des politiques proposées sur soi-même et sur les autres. Il s'agit là d'opinions, et elles sont éminemment discutables, contrairement à la croyance en la trinité, qui est un dogme.
Du coup on débouche sur un autre point soulevé par plusieurs d'entre vous, à savoir comment fait-on pour distinguer les croyances rationnelles des croyances irrationnelles? Pour l'instant je ne me prononcerai pas sur la question de savoir s'il peut exister un critère clair et net (ça ne m'étonnerait pas plus que ça mais je n'y ai pas bien réfléchi), ou bien s'il existe des cas ambigus, une zone grise, etc. Je me bornerai à constater que même s'il n'y avait pas de critère absolu permettant de trancher dans tous les cas, en pratique les cas qui m'intéressent ne présentent aucune ambiguïté, ils sont au contraire énOOOOrmes!
RépondreSupprimerQuand on enseigne à un enfant qu'il y a 2000 ans un type est né d'une femme vierge; que trente plus tard il est mort; et que quelques jours plus tard il était à nouveau vivant; puis à nouveau mort; mais pas tout à fait… on n'est pas dans un cas intermédiaire et ambigu. On est dans la magie pure! C'est comme faire croire à un enfant que le père Noël et la petite souris existent, sauf que quand il grandit on oublie de lui dire que c'était une blague! Et au contraire on continue à lui marteler que c'est la vérité vraie et que s'il refuse d'y croire il n'aura plus jamais de cadeaux (l'enfer, quoi)! Pour moi il est clair que les croyances fondamentales du christianisme (et, autant que je sache, de toutes les autres religions) n'ont pas le moindre soupçon de rationalité.
Mon idée n'est donc évidemment pas de retirer les enfants à leurs parents et d'empêcher les parents de les éduquer comme ils l'entendent. Mon idée est simplement de leur demander de s'abstenir uniquement de leur inculquer des croyances religieuses, parce qu'elles sont irrationnelles, dogmatiques et non discutables, et par conséquent elles portent préjudice au développement du sens critique de l'enfant, d'une manière qui n'est peut-être pas totalement irréversible, mais qui est tout de même très coûteuse cognitivement à inverser pour la plupart des gens. Et que les parents s'en abstiennent jusqu'à la majorité religieuse de leurs enfants, une fois celle-ci atteinte ils auront toute latitude pour leur raconter n'importe quoi et leur suggérer de s'inscrire au catéchisme.
RépondreSupprimerEvidemment le baptême n'est qu'un acte anodin qui serait le cadet de mes soucis, s'il n'était le premier dans une longue série impliquant toujours plus d'endoctrinement. Par ailleurs le baptême (et ses avatars dans d'autres religions) n'est pas juste une cérémonie privée impliquant uniquement le libre choix des parents, c'est une initiation officielle de grande importance aux yeux des croyants, et elle est pratiquée par des autorités religieuses dont les motivations profondes peuvent être très éloignées de celles des parents, et qui l'utilisent pour s'assurer un endoctrinement et un recrutement optimal de la génération suivante, ce qui me parait parfaitement insupportable.
On en arrive à un autre point soulevé par Benjamin: est-ce que certaines formes de religiosité ne seraient pas tout de même acceptables, même du point de vue de la rationalité? Il est fort possible qu'en effet le judaïsme soit moins irrationnel que le christianisme. Peut-être que le protestantisme se distingue aussi du catholicisme sur ce point, encore que l'esprit de la Réforme me semble loin, et mon sentiment est que les réformistes d'antan seraient aujourd'hui des libres penseurs athées. Mais s'il est vrai qu'il y au sein de chaque religion des gens plus sophistiqués que les autres qui n'adhèrent pas aux croyances irrationnelles et préfèrent réduire leur dissonance cognitive en adoptant une interprétation métaphorique des dogmes de base, je pense qu'ils sont minoritaires, non représentatifs, et que leur position est inconfortable au sein même de leur religion. Dans le judaïsme aussi il y a des autorités religieuses qui promeuvent une lecture plus ou moins littérale de la torah, et la croyance dans les histoires mythologiques du peuple hébreu. Si une proportion importante de juifs n'y adhèrent pas, c'est tout à leur honneur, mais cela ne suffit pas à légitimer l'action de ces autorités religieuses, et notamment leurs efforts pour embrigader les enfants.
RépondreSupprimerCe qui débouche sur le point suivant: est-ce que la religion n'est pas dans un nombre important de cas indissociables de la communauté culturelle? Va-t-on empêcher les parents d'intégrer leur enfant dans leur communauté? Personnellement je n'ai rien contre les communautés culturelles, ethniques, ou autres, ni contre le droit des parents d'y intégrer leurs enfants. Mais je pense que l'appartenance à une communauté ne doit pas impliquer l'inculcation de croyances irrationnelles aux enfants. Je ne vois pas en quoi la culture juive serait moins formidable si elle laissait de côté la croyance dans les 12 tribus d'Israël et tout le tintouin. Et en quoi les bar-mitsvahs seraient moins joyeuses si on court-circuitait les prières à la synagogue. Après tout, l'appartenance à la culture grecque nécessite-t-elle de croire à la mythologie grecque?
RépondreSupprimerJe n'ai sans doute pas répondu à tous les points mais c'est tout pour ce soir…