Ces dernières semaines, trois films documentaires offrent des regards complémentaires permettant de mieux comprendre la manière dont la France traite les enfants en situation de handicap mental, cognitif ou psychique : « Le Mur, ou la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme » de Sophie Robert, sorti en septembre 2011 sur internet, interdit de diffusion en janvier 2012 suite à la plainte de trois intervenants, puis libéré le 16 janvier 2014 par jugement de la cour d’appel de Douai ; « A ciel ouvert », de Mariana Otero, sorti en salles le 8 janvier 2014 ; et « Enfants handicapés : révélations sur les centres qui les maltraitent » de Nicolas Bourgoin, diffusé sur M6 le 19 janvier 2014.
Dans « Le Mur », onze psychanalystes exposent doctement leurs théories archaïques de l’autisme. Ils y étalent en toute candeur leur ignorance des connaissances scientifiques sur l’autisme, leur absence totale d’ambition thérapeutique et éducative, et leur dédain des autres approches réputées plus efficaces. « A ciel ouvert » montre la mise en pratique de ces théories dans l’institution dirigée par Alexandre Stevens, l’un des plaignants à l’encontre du Mur. Bien que montrant cette institution sous son jour le plus flatteur, ce film révèle un internat-centre de loisirs au sein duquel les activités proposées par les intervenants aux enfants ne répondent à aucun objectif éducatif précis mais découlent vaguement d’interprétations freudo-lacaniennes alambiquées de leurs comportements. Comme le dit l’un des intervenants, « on essaye d’avoir une demande nulle », et les résultats que l’on peut attendre dans ces conditions sont à l’avenant. Le film de Nicolas Bourgoin, lui, montre ce qui peut se faire de pire dans des institutions accueillant des enfants en situation de handicap mental : l’insalubrité, les traitements dégradants, la maltraitance auront bien sûr choqué tous les Français. Il est évidemment hors de question de faire des amalgames et d’imputer ces cas extrêmes à la psychanalyse ou à quelque doctrine psychiatrique que ce soit. Il est néanmoins possible de déceler des facteurs communs : absence de projet éducatif et thérapeutique ; personnels soignants sans formation digne de ce nom qui, au mieux, bricolent dans l’ignorance totale des bonnes pratiques ; neuroleptiques et contention comme seules réponses aux comportements inadaptés, faute de connaître et de vouloir appliquer les techniques comportementales qui permettraient à la fois de prévenir ces comportements et de les réguler efficacement ; irresponsabilité généralisée des acteurs qui n’ont jamais à rendre compte de leurs choix et de leurs actes. Les mêmes mécanismes qui permettent aux pratiques psychanalytiques pour l’autisme de perdurer malgré leur inefficacité permettent à certains établissements de déraper dramatiquement en toute impunité.
La maltraitance n’est donc pas un accident malheureux et isolé. C’est le résultat de tout un système, qui requiert la complicité de nombreux acteurs et institutions à tous les niveaux. A commencer par les facultés de médecine et de psychologie, les écoles de psychomotricité et divers organismes de formation qui continuent à professer majoritairement des théories du développement de l’enfant et de ses troubles totalement dépassées, et dont le corps professoral tend à se reproduire à l’identique par le biais de recrutements consanguins. Les Agences Régionales de Santé, qui, sans exercer de véritable contrôle, s’appuient sur les conseils de professionnels qui sont à la fois juge et partie, certifiant des institutions aux pratiques aberrantes pour préserver l’existant, et rechignant à homologuer des structures innovantes adhérant aux bonnes pratiques recommandées par la Haute Autorité de Santé (HAS). La Sécurité Sociale, qui rembourse servilement toutes ces prestations sans contrôle de leur qualité, ni même de leur conformité. Les Maisons départementales pour les personnes handicapées (MDPH), qui pour beaucoup peinent à prendre en compte les spécificités du handicap cognitif et mental. Les professionnels de santé, peu formés aux bonnes pratiques, dont les connaissances sur les troubles du développement datent parfois de plusieurs décennies, au mépris de leurs codes de déontologie. L’Education Nationale qui, au mépris de la loi Chossy de 1996 et de la loi de 2005 sur le handicap, préfère voir les enfants en situation de handicap dans n’importe quelle institution plutôt que dans ses classes. La société toute entière qui, par son refus d’inclure toutes les personnes handicapées en son sein, trouve bien commodes ces institutions fermées qui les rendent invisibles, quand bien même cela accroit les risques de dérives tout aussi invisibles.
Si pendant longtemps tout fut permis et les professionnels furent livrés à eux-mêmes parce qu’aucun référentiel n’existait, ils ne peuvent plus aujourd’hui ignorer les recommandations de bonnes pratiques de la Haute Autorité de Santé, ni les préconisations du 3ème plan Autisme. On aurait pu croire que les professionnels seraient ravis d’être enfin guidés et épaulés dans leur pratique par un corpus de connaissances à jour et les résultats d’essais cliniques sur différents types de prise en charge. Que nenni ! Les deux dernières années ont vu une indécente litanie de lettres (à la ministre, au président de la République), d’articles, de pétitions (et même un recours en Conseil d’Etat !) d’à peu près toutes les associations et syndicats de la psychiatrie[1] contestant à la fois les recommandations de la HAS et le 3ème plan Autisme. Fédération Française de Psychiatrie, Association Lacanienne Internationale, Ecole de la Cause Freudienne, Collectif des 39, et bien d’autres[2], tous unis pour dénigrer les méthodes comportementales efficaces comme étant du « dressage », pour revendiquer sans vergogne de continuer à travailler comme ils l’ont toujours fait, sans rien changer, surtout sans aucun compte à rendre, et pour nier à l’Etat tout droit de se mêler de leurs pratiques ! Ou comment ériger l’irresponsabilité en vertu cardinale. Devant une telle résistance passive des acteurs de terrain, il est donc d’autant plus urgent que tous les instances de l’Etat prennent leurs responsabilités : le ministère de la Santé, les universités, les ARS, les Caisses primaires d’assurance maladie, les MDPH, l’Education Nationale, tous doivent jouer pleinement leur rôle pour faciliter l’adoption des bonnes pratiques partout sur le territoire et donner aux enfants en situation de handicap les meilleures chances d’apprendre, de devenir autonome et de participer à la vie en société.
Article co-signé par:
Michel Favre, Président de Pro Aid Autisme, membre du Collectif Autisme
Vincent Gerhrads, Président d'Autistes sans Frontières, membre du Collectif Autisme
Elaine Hardiman-Taveau, Présidente d'Asperger Aide France, membre du Collectif Autisme
Bertrand Jacques, Président de Agir et vivre l'autisme, membre du Collectif Autisme
le KOllectif du 7 janvier pour une psychiatrie et une psychologie basées sur des preuves
[1] A l’exception de deux collectifs ultra-minoritaires qui se sont constitués précisément pour se distinguer de la masse : L’ Association pour la promotion des pratiques fondees sur des preuves en psychopathologie du developpement et Pour une psychiatrie de progrès.
[2] Une liste d’organisations signataires d’un de ces appels est disponible sur http://www.hospitalite-autistes.org/spip.php?article1.
Oh là là, vous en êtes encore là... à croire la soi-disant science, qui n'a pas les moyens de son ambition et qui veut faire la loi... à croire un rapport dont les conclusions sont en accord avec les opinions des "experts" qui rendent le verdict et qui ne comporte pas de membres de ceux qu'elle stigmatisent... A faire l'amalgame entre tous les intervenants du Mur alors qu'il y a un mélange de personnes qui ne parlent qu'en leur nom, et de différentes orientations, dont Alexandre Stevens qui déclare sans ambiguïté que les mères n'y sont pour rien... A vouloir juger le Courtil à l'aune d'un soi-disant projet éducatif. On s'en fout de l'éducation, Monsieur Ramus, 95% des enfants sont scolarisés. Ces enfants sont en souffrance, il s'agit d'apaiser leur souffrance, l'éducatif sera alors possible... Je vous rappelle que le projet de base, c'est d’accueillir ceux que personne d'autre ne veut... donc, ceux que l'"educatif" a ravagé...
RépondreSupprimerVotre article est assez comique, on dirait une parodie d'article scientifique. Sa structure est sérieuse, mais tout le contenu est complètement ridicule tellement il est en opposition avec le sérieux de la forme, tellement il est creux, tellement tout ce qui est dit est faux...
Faites de vraie recherches et essayez de voir ce qu'il y a de commun entre le courtil et les surmédicalisations coupables, la culpabilité des mères, le retrait du monde visant l'absence d'insertion, le "laissez le désir advenir jemenfoutiste". Si vous êtes sérieux dans vos recherche, vous conclurez : rien.
Des accusations de maltraitance d'un centre tcc aba : il y en a eu (à confirmer les suites judiciaires, je n'ai pas suivi). Des échecs des méthodes tcc : pléthores, sûrement plus de 50% (je vous laisse étudier sérieusement les chiffres, sans oubliez ceux qu'on n'a pas voulu car ça ne marchait pas).
Bref, article d’opinion qui ne dit pas son nom et se cache sous une étiquette scientifique.
Continuez Monsieur Ramus, mais je préférerais que l'argent public ne serve pas à payer des "scientifiques" aussi peu sérieux.
Ceci est un bien article d'opinion. Je m'étonne qu'une telle confusion soit possible. Si vous ne savez pas à quoi ressemble un article scientifique, vous pouvez en trouver ici par exemple: http://www.lscp.net/persons/ramus/en/puben.html
RépondreSupprimerOui, enfin ne faites pas pas l'innocent, vous voyez ce que je veux dire : Vous saupoudrez votre article de citations, de "donc", de références à des entités et décisions mises sur piedestal "scientifique", l'adoubement par les "foules démocratiques... Toute cette forme "logique" de "démonstration"...
RépondreSupprimerAlors que la plupart du contenu est faux...
Pourquoi ne pas avoir le courage d'écrire : je ne connais pas grand chose à la psychanalyse et ses différents courants et je choisis de les mépriser, même si certains font un travail excellent.
Par contre, je suis passionné par les découvertes que l'on peut construire sur des études qui copient le style scientifique et qui ne se préoccupent pas de l'applicabilité à leur objet. L'important, c'est le mimétisme à la beauté pure de la science, indépendamment de ce que ressentent les patients.
Et puis j'aime bien taire le fait que les parents sont contents des travaux de leurs enfants dans des institutions comme le courtil et j'aime bien mettre en avant les associations qui stigmatisent LA psychanalyse en prétendant qu'elle laisse les enfants végéter en attendant que le désir advienne, et qui stigmatisent les mère.
Ce que je dis est bête et faux, mais tel n'est pas l'objet de mes interventions. Je veux juste militer bêtement pour des causes mal fondées, sans comprendre ce que je raconte et en accusant les autres, leur renvoyant la charge de la preuve. Parce que moi, je suis du côté de la Science, de la Vérité.
Voilà juste ce que l'on peut lire si on lit simplement, sans interpréter, sans opinion préétablie.
blablablablablabla...
SupprimerVotre logorrhée manque singulièrement de références.
Le Courtil apaise les souffrances des enfants qu'il accueille? Les parents sont contents? Quelles données pouvez-vous fournir à l'appui de ces affirmations?
Et SVP pas juste une poignée de témoignages choisis portant sur 10 enfants sélectionnés pour le film parce que "présentables" et scolarisés, alors qu'on voudrait bien en savoir plus sur les 200 autres accueillis au Courtil qui ont été soigneusement cachés par la réalisatrice.
Non, vous n'avez pas saisi, Monsieur Ramus. La forme soit-disant rigoureuse de votre prose, qui n'est qu'un apparence, ne vous dédouane en rien de la charge de la preuve. A cheval sur la France et la Belgique, il y a 200 enfants qui sont pris en charge, 95% sont scolarisés et aucun parents ne se plaint du traitement. Ils se foutent de preuves universelles et ils ont bien raison car si ça fait progresser leur enfant, selon leur propres critères personnels, il n'y a que cela qui compte. Peu importe les pseudo-critères bidons universels que vous "exigerez" pour faire joli dans votre cerveau...
RépondreSupprimerLes "références" que vous exigez ne sont qu'une attaque pour vous défendre d'accuser n'importe-quoi. Vous n'avez absolument aucune référence pour accuser ce centre ni la réalisatrice de ce dont vous les accusez. Et vous vous défendez en disant que la charge de la preuve n'est pas pour vous. C'est affligeant, car la "charge de la preuve", c'est vous qui l'exigez, mais vous êtes tout seul à exiger des choses à des gens qu'aucun des patients ni des parents de patients n'ont quelque-chose à reprocher...
Vous dites "soigneusement cachés" : ceci est absolument honteux pour un scientifique, vous l'accusez de cacher sans aucune preuve...
Et puis, vous voulez nous faire croire que vous auriez aimé un documentaire qui suit 200 enfants à la fois? Vous prenez les gens pour des idiots à demander cela d'un documentaire?
Le but du documentaire est de témoigner de ce que la réalisatrice a vu et côtoyé dans l'ensemble du centre, au travers de quelques exemples qu'un spectateur peut suivre raisonnablement dans l'espace d'un documentaire.
Un documentaire n'est pas fait pour prouver quoi que ce soit. Si vous cherchez des articles scientifiques, on m'a dit qu'il y en avait là : http://www.lscp.net/persons/ramus/en/puben.html
Effectivement sur une allégation du style "soigneusement cachés" je n'ai pas de preuve à avancer (mais ce n'était pas inclus dans mon article).
SupprimerSur les questions plus substantielles, à savoir, quels sont les traitements efficaces pour quels troubles, la charge de la preuve incombe bien à ceux qui prétendent soigner certains troubles efficacement. Car les psychanalystes ne sont pas les seuls à prétendre soigner, il y a aussi les marabouts, les homéopathes, les scientologues, et bien sûr les médecins, les labos pharmaceutiques, et j'en passe... Pour éviter autant que possible que les citoyens soient victimes de charlatans, on demande aux médecins la preuve qu'ils ont acquis une formation solide (un diplôme), et on menace tous les autres d'exercice illégal de la médecine, on demande aux labos la preuve de l'efficacité de leur médicament, et sinon on refuse l'autorisation de mise sur le marché, etc. On peut discuter des failles du système, de la qualité de la formation des médecins, de la qualité des preuves fournies par les labos, il n'en reste pas moins que la charge de la preuve incombe bien à ceux qui prétendent soigner. Ce n'est pas aux citoyens ni à l'Etat de prouver qu'un tel est un charlatan ou qu'un médicament est inefficace.
Il est donc parfaitement normal de demander au Courtil quelques preuves de l'efficacité de leurs activités, dans la mesure où ils mettent en oeuvre des pratiques qui par ailleurs n'ont jamais fait la preuve de leur efficacité.
Mais j'ai l'impression que nous avons déjà eu cette discussion et que cela ne mène nulle part...
Effectivement, ça ne mène qu'à démontrer que vous vous donnez raison dans votre monde, c'est une tautologie :-)
SupprimerIl ne vous est pas interdit de signer sous votre véritable identité. Qui êtes-vous Monsieur ou Madame, qui refusez de donner la moindre source à l'appui de vos allégations (même votre identité est dissimulée), et exigez de nous de vous croire sur parole?
Supprimercompte nom, vos allégations sont complêtement faussées, ma soeur de 43 ans est décédée il y a à peine un mois de ces "fabuleux traitements" administrés en institutions, j'accuse et je confirme ces dires:
SupprimerLa maltraitance n’est donc pas un accident malheureux et isolé. C’est le résultat de tout un système, qui requiert la complicité de nombreux acteurs et institutions à tous les niveaux. A commencer par les facultés de médecine et de psychologie, les écoles de psychomotricité et divers organismes de formation qui continuent à professer majoritairement des théories du développement de l’enfant et de ses troubles totalement dépassées, et dont le corps professoral tend à se reproduire à l’identique par le biais de recrutements consanguins. Les Agences Régionales de Santé, qui, sans exercer de véritable contrôle, s’appuient sur les conseils de professionnels qui sont à la fois juge et partie, certifiant des institutions aux pratiques aberrantes pour préserver l’existant, et rechignant à homologuer des structures innovantes adhérant aux bonnes pratiques recommandées par la Haute Autorité de Santé (HAS). La Sécurité Sociale, qui rembourse servilement toutes ces prestations sans contrôle de leur qualité, ni même de leur conformité. Les Maisons départementales pour les personnes handicapées (MDPH), qui pour beaucoup peinent à prendre en compte les spécificités du handicap cognitif et mental. Les professionnels de santé, peu formés aux bonnes pratiques, dont les connaissances sur les troubles du développement datent parfois de plusieurs décennies, au mépris de leurs codes de déontologie. L’Education Nationale qui, au mépris de la loi Chossy de 1996 et de la loi de 2005 sur le handicap, préfère voir les enfants en situation de handicap dans n’importe quelle institution plutôt que dans ses classes. La société toute entière qui, par son refus d’inclure toutes les personnes handicapées en son sein, trouve bien commodes ces institutions fermées qui les rendent invisibles, quand bien même cela accroit les risques de dérives tout aussi invisibles. je vous en donne pour preuve ce qu'en pensaient les institutions il y a quelques années, les élèves de l'époque en sont maintenant des professionnels, ils en reproduisent l'éducation donnée... http://www.canal-u.tv/video/cerimes/debiles_entre_eux.8875
Tout a fait, qui etes vous ? Jeanne
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