Référence originale: Ramus, F. (2014). Les neurosciences, un épouvantail bien commode. Cités, 2014/4(60), 53-70.
Les neurosciences suscitent à la fois
fascination et répulsion. Auprès du grand public, la fascination est réelle, alimentée
par un flux incessant de données donnant d’autant plus une impression de
tangibilité, de fiabilité et d’objectivité qu’elles sont appuyées par de
magnifiques illustrations en couleurs du cerveau humain, ainsi que par des
perspectives d’applications toutes plus extraordinaires les unes que les
autres. Au sein des sciences humaines et sociales, en revanche, les
neurosciences reçoivent un accueil beaucoup plus mitigé, lorsqu’il ne tourne
pas à la théorie du complot, les neurosciences étant vilipendées comme étant
l’une des grandes menaces pour l’humanité aux côtés de Big Pharma et du
complexe militaro-industriel (avec
lesquels elles sont d’ailleurs soupçonnées de complicité; Castéra, 2013;
Fansten & Garnoussi, 2014; Gonon, 2011; Rose, 2006). Dans cet article nous
examinerons certaines des critiques qui leur sont le plus fréquemment
adressées.
Pour commencer, définissons le périmètre.
Sous le terme générique de neurosciences, c’est plus généralement l’ensemble de
l’approche naturaliste de l’être humain qui est visée, avec les différentes
disciplines qui y participent : les neurosciences bien sûr, qu’elles soient
moléculaires, cellulaires ou cognitives, la génétique évidemment, mais aussi la
psychologie scientifique et l’ensemble des sciences cognitives. Nous puiserons
donc nos exemples dans les différents domaines.
A tort ou à raison, les sciences cognitives
soulèvent des craintes. Plus exactement, leur évocation donne fréquemment lieu
à une litanie de récriminations : réductionnisme, déterminisme, vision incomplète
de l’homme… A tel point qu’il est légitime de se poser la question de savoir si
ces craintes sont fondées, ou bien s’il s’agit simplement de chiffons rouges
agités mécaniquement dans le but de discréditer les sciences cognitives.
Les neurosciences sont-elles
réductionnistes ?
S’il est une accusation fréquemment portée
aux neurosciences, c’est bien celle de réductionnisme (cf. par exemple: Zarka,
2013). Le lieu commun le plus éculé étant celui de vouloir « réduire l’être
humain à un simple amas de neurones ».
Si cette accusation a pu sembler légitime à
une époque où de grandes synthèses des travaux en neurosciences donnaient une
impression de réductionnisme extrême (Changeux, 1983; Churchland, 1986;
Edelman, 1992), elle parait aujourd’hui bien curieuse aux chercheurs en
sciences cognitives, qui sont habitués à jongler avec les multiples niveaux de
description sans jamais voir les uns se réduire aux autres. L’histoire des
sciences montre d’ailleurs que cette crainte est bien peu plausible.
En effet, s’il est vrai que toutes les
molécules et tous les concepts de la chimie peuvent se traduire en particules
élémentaires et en concepts de la physique, cet état de fait n’a pas pour
autant rendu la chimie obsolète et contraint les chimistes à tout reformuler en
quarks ou à périr. Les concepts de la chimie restent indispensables à la
compréhension correcte des phénomènes qui s’observent à ce niveau de
description. De même, il est une évidence que les cellules sont formées de
molécules, et que les organismes sont constitués de cellules, et que tout ce
qui passe dans un organisme (y compris dans son cerveau) peut en théorie être
décrit en termes moléculaires, et donc a fortiori en termes de particules
élémentaires. Mais on voit bien qu’une description de l’organisme en termes
strictement moléculaires ou atomiques serait non seulement totalement
inintelligible pour des êtres humains, mais échouerait sans doute à capturer
les régularités et les phénomènes se situant à des niveaux de description plus
élevés. C’est pourquoi les biologistes et les concepts qu’ils utilisent ont
encore de beaux jours devant eux, ils ne s’inquiètent nullement d’une réduction
de leur discipline à la chimie et la physique.
Pourquoi donc les psychologues et les
chercheurs en sciences humaines et sociales devraient-ils craindre une
réduction de leur discipline (et de l’être humain) à la biologie ? Une telle
crainte est tout à fait infondée et ne peut résulter que d’une mauvaise
appréciation de l’évolution générale des sciences. Le terme même de
réductionnisme est trompeur, car il n’y a à proprement parler pas de réduction
d’un niveau de description à l’autre. Il serait plus juste de parler de contact
ou d’interface et de complémentarité entre les niveaux de description (comme
l'a proposé notamment Chomsky, 2000). Il y a contact entre la physique et la
chimie, dans le sens où le langage de l’une peut être traduit (dans les deux
sens) dans le langage de l’autre. Il y a aussi contact entre la biologie et la
chimie dans le sens où il y a une relation d’équivalence entre une cellule et
l’ensemble des molécules qui la composent, ainsi qu’entre différents types
d’interactions cellulaires et moléculaires. Cette notion de contact se poursuit
au sein même de la biologie entre différents niveaux de description :
cellulaire, systémique, physiologique… Le cerveau et ses fonctions peuvent
également se décrire au niveau moléculaire, au niveau cellulaire (neuronal), au
niveau des réseaux neuronaux (couvert à la fois par les neurosciences
intégratives et par les neurosciences computationnelles), et au niveau cérébral
macroscopique (celui des neurosciences cognitives).
Bien entendu, l’être humain peut aussi se
décrire aux niveaux cognitif (celui du traitement de l’information),
phénoménologique (celui du ressenti subjectif), linguistique, anthropologique,
sociologique, économique, historique… sans qu’il y ait d’ailleurs
nécessairement de hiérarchie ou de changement d’échelle entre ces différents
niveaux. Là encore, il n’y a pas de réduction possible d’un niveau à l’autre,
mais il y a des interfaces entre niveaux, ce qui n’empêche pas chaque
discipline de décrire au mieux des phénomènes qui lui sont propres, avec les
méthodes qui sont les plus appropriées à chaque objet.
L’être humain (comme les autres espèces
animales d’ailleurs) est une entité complexe qui se décrit à de multiples
niveaux, de la particule élémentaire à la société toute entière. Elle peut
notamment se décrire comme un ensemble complexe de cellules (dont certaines
sont des neurones), mais cette description, aussi riche et féconde soit-elle,
est insuffisante à elle seule pour appréhender l’être humain dans sa globalité.
Tous les niveaux de description ont un rôle à jouer dans l’explication de
l’homme et des phénomènes humains, et aucun d’entre eux n’a de primauté
particulière. Il n’y a pas plus de sens à vouloir décrire l’être humain en
termes exclusivement moléculaires ou cellulaires qu’il n’y en a à vouloir le
décrire en termes exclusivement phénoménologiques, ou en termes exclusivement
économiques. Vouloir décrire l’être humain à un unique niveau et ignorer les
autres, c’est au mieux se cantonner à une vision bornée et incomplète, et au
pire s’exposer à de graves erreurs.
C’est finalement tout l’objet des sciences
cognitives que d’officialiser les interfaces entre tous ces niveaux de
description et les liens entre les disciplines correspondantes, et elles tirent
sans doute de cette démarche transdisciplinaire une bonne part de leur succès.
Les neurosciences sont-elles déterministes
?
L’un des principaux objectifs des sciences
cognitives est d’expliquer le comportement humain (dans le sens le plus général
du terme, c’est-à-dire incluant les états mentaux non directement observables).
Les modèles explicatifs du comportement qu’elles produisent impliquent des
facteurs causatifs aux différents niveaux de description pertinents :
cognitifs, cérébraux, génétiques, et sociaux. Ces modèles ne sont jamais
déterministes, pour la simple et bonne raison que les facteurs qui déterminent
un comportement ne sont jamais tous connus, loin de là. Ces modèles identifient
certains de ces facteurs, et peuvent au mieux attribuer à chacun d’entre eux un
coefficient de détermination du comportement (ou une probabilité), ainsi que
spécifier des mécanismes d’interaction entre les différents facteurs. Ces
modèles sont donc typiquement probabilistes plutôt que déterministes.
Néanmoins, il est vrai que les sciences
cognitives adhèrent de manière générale à une forme de déterminisme causal,
c’est-à-dire l’idée que les évènements ont des causes, et sont déterminés par
l’ensemble de leurs causes. Il en est des comportements comme des autres types
d’évènements observables dans le monde. Les comportements sont nécessairement
déterminés par les états cérébraux de leurs auteurs. Quelles que soient les
influences présentes et passées subies par le sujet et participant à son
comportement, que ces influences soient génétiques, sociales, ou autres,
qu’elles soient endogènes ou exogènes, qu’elles soient immédiates ou remontent
à sa petite enfance, elles ne peuvent avoir une influence sur le comportement
du sujet que dans la mesure où elles ont influencé les états cérébraux
déterminant le comportement. Il est donc logique de dire que le comportement
est déterminé cérébralement et cognitivement.
Les alternatives à ce déterminisme
(dualisme, magie, hasard…) ne sont guère séduisantes. Les quelques tentatives
de sauver l’idée d’indéterminisme en invoquant la mécanique quantique et le
principe d’incertitude d’Heisenberg (Eccles, 1986) se sont révélées n’être que
des analogies inappropriées (Clarke, 2014). Notons d’ailleurs que les sciences
humaines et sociales y souscrivent tout autant, qu’elles l’admettent ou pas.
Rappelons-nous qu’en son temps, Freud était fier de déclarer que « l’homme
n’est plus le maître chez lui ». Et contrairement à ce qu’affirme Zarka (2013),
la psychanalyse repose toujours autant sur l’idée de déterminisme psychique et
ne laisse pas particulièrement de place à l’aléatoire et l’indéterminisme. De
nos jours, bien des acteurs en sciences humaines et sociales semblent adhérer à
l’idée exprimée par Michel Onfray selon laquelle « nous sommes façonnés, non
pas par nos gènes, mais par notre environnement, par les conditions familiales
et socio-historiques dans lesquelles nous évoluons » (Michel Onfray, 2007, cité
par Alexandre Lacroix et Nicolas Truong dans Philosophie Magazine n°8,
http://www.philomag.com/article,dialogue,nicolas-sarkozy-et-michel-onfray-confidences-entre-ennemis,288.php.)
(mais voir Schaeffer, 2007, pour un contre-exemple). Lorsque les sociologues ou
les économistes mettent au jour des facteurs qui influencent les comportements,
ils ne font en fait rien d’autre que d’ajouter une pierre à l’édifice des
modèles causaux expliquant les états cérébraux déterminant le comportement. Les
sciences cognitives et la biologie n’ont pas le monopole du déterminisme, toute
tentative d’expliquer scientifiquement les causes du comportement est par
essence déterministe.
Le fait que nos actions, nos choix, nos
sentiments aient une cause est un sujet d’étude à part entière de tout un champ
des sciences cognitives et des neurosciences. Ces recherches étudient notamment
la sensation subjective que nous avons de « décider librement », de « faire
consciemment des choix ». Elles montrent sans ambiguïté qu’à l’instant même où
nous avons cette sensation subjective, notre choix est déjà déterminé par des
évènements neuronaux parfaitement mesurables antérieurs à cette sensation. Il
n’est donc pas surprenant qu’un consensus de plus en plus large se forme, dans
les sciences cognitives, autour de l’idée que la sensation de libre-arbitre
n’est qu’une illusion fabriquée par notre cerveau (Cashmore, 2010; Roskies,
2006; Wegner, 2002).
Néanmoins, le fait que nos actions soient
déterminées par leurs causes n’est pas nécessairement un problème, bien au
contraire. L’histoire de la philosophie est riche de débats entre les thèses
compatibilistes et incompatibilistes (entre déterminisme et une certaine idée
de liberté). En effet, quelle est l’alternative au déterminisme ? La seule
alternative connue est le hasard. Mais comme l’a bien expliqué David Hume, le
hasard n’est pas la liberté et ne peut sous-tendre la notion de responsabilité.
En effet, comment attribuer à quelqu’un la responsabilité de son action si
celle-ci est le fruit du hasard ? Même dans notre illusion de libre-arbitre, ce
que nous appelons volonté, décision, ce sont bien pour nous des causes
déterministes de nos actions. Si la moindre entorse au déterminisme, autrement
dit une part de hasard, s’introduisait entre notre volonté et nos actions,
c’est justement là que nous perdrions le contrôle de nos actions ! Autrement
dit, le déterminisme causal est une condition nécessaire de notre capacité à
contrôler notre comportement. Le fait que notre volonté, nos décisions, sont à
leur tour des évènements déterminés par leurs causes n’y change rien.
Toutes les sciences de l’être humain
œuvrent donc, chacune à sa manière, pour contribuer ensemble à un modèle causal
du comportement humain. Ce modèle est déterministe par nature, mais ce fait ne
doit pas conduire à le disqualifier. D’innombrables facteurs à de multiples
niveaux de description doivent nécessairement être intégrés à un tel modèle.
Aucun facteur pris isolément ne détermine le comportement, et n’a de primauté
particulière. Notre connaissance de l’ensemble de ces facteurs ainsi que des
mécanismes qui les intègrent dans le cerveau afin de sélectionner nos actions
progresse, mais est largement incomplète et le restera probablement toujours.
Quant au libre-arbitre, le fait qu’il ne
soit qu’un sentiment ne doit rien changer à notre vie quotidienne. A chaque
instant, nous prenons des décisions basées sur l’intégration de multiples
informations. Cette intégration s’effectue en partie de manière consciente,
réflexive et délibérée, et cette partie nous donne l’impression de décider en
pleine conscience, de savoir ce que nous décidons et pourquoi nous le décidons.
En même temps, cette intégration s’effectue en partie de manière non consciente
et nous échappe, nous donnant parfois l’impression que nous prenons certaines
décisions au hasard ou sur la base d’intuitions indéfinissables. Conscients ou
pas, les mécanismes en question sont des causes de nos décisions, et eux-mêmes
ont des causes (l’ensemble des informations prises en compte dans la décision,
telles qu’elles sont représentées dans la structure et l’activité cérébrale).
Comprendre les mécanismes du traitement de l’information, du jugement, et de la
décision, n’implique en rien que le jugement et la décision n’existent pas !
Contrairement à l’idée couramment ressassée, le déterminisme causal n’est pas
incompatible avec la liberté et la responsabilité dans le sens courant de ces
termes. De nombreux philosophes ont proposé différentes manières de réconcilier
ces notions, le plus connu et le plus convaincant à mon sens étant Daniel
Dennett (1984, 2003) défendant une approche compatibiliste entre le
déterminisme causal et les formes de libre-arbitre qui valent la peine d’être
revendiquées (pour paraphraser le titre d’un de ses livres) (voir aussi Ramus,
2011).
Les neurosciences offrent-elles une vision
incomplète de l’homme ?
Le cognitivisme « conçoit le cerveau comme
un ordinateur. Or, l'ordinateur n'a pas d'affects, pas de jouissance, et c'est
ce qui est terrible avec le cognitivisme : il évacue toute dimension affective,
émotionnelle. » (Jean-Claude Maleval, interviewé par Gérard Miller dans La Vie
du 24 mai 2012.
Même s’il est faux que les sciences
cognitives conçoivent le cerveau comme un ordinateur, il est exact qu’il y a eu
une époque où le mot cognition pouvait faire référence exclusivement aux
processus dits « de haut niveau », comme le langage ou le raisonnement, et où
il était couramment opposé à des notions comme la perception ou les émotions.
Il est aujourd’hui largement admis que cette opposition était arbitraire et n’a
plus de raison d’être. Les émotions et les perceptions étant elles aussi des
représentations porteuses d’information, elles sont maintenant englobées dans
une acception maximaliste de la cognition, faisant référence à l’ensemble des
représentations et processus mentaux de l’être humain, sans exception.
De fait, l’étude des émotions, de
l’attachement, et de l’humeur est aujourd’hui un secteur particulièrement
dynamique des sciences cognitives. Par exemple, dans l’encyclopédie de
référence des neurosciences cognitives (Gazzaniga, 2009), la partie VIII,
comprenant 9 chapitres, y est entièrement consacrée. De nombreuses revues
scientifiques sont consacrées au sujet, par exemple Cognition & Emotion, ou
encore Social Cognitive and Affective Neuroscience, ainsi que des livres de
référence tels que Cognitive Neuroscience of Emotion (Lane, Nadel, & Ahern,
2000) ou encore The Emotional Brain (LeDoux, 1996).
Au-delà de cet exemple, peut-on reprocher
aux neurosciences de n’offrir qu’une vision partielle de l’homme ? On pourrait
tout aussi bien faire le même reproche à toutes les sciences humaines et
sociales, puisqu’elles négligent délibérément les facteurs biologiques. Or, il
n’y a lieu de le reprocher ni aux unes ni aux autres. Comme nous l’avons
expliqué ci-dessus, les disciplines opèrent dans une large mesure en autonomie
les unes vis-à-vis des autres. Ne serait-ce que parce que la démarche
scientifique impose d’étudier les problèmes simples avant les problèmes
complexes, les facteurs pris isolément avant de les étudier en interaction. Les
neurosciences, comme les sciences sociales, se focalisent légitimement sur les
effets de facteurs bien spécifiques, qu’ils soient biologiques ou sociaux. Ne
pas prendre en compte les autres types de facteurs ne relève pas nécessairement
de l’ignorance ou de la sous-estimation de leurs effets, il s’agit simplement
d’une neutralisation méthodologique, revenant à supposer « toutes choses égales
par ailleurs » aux autres niveaux de description, hypothèse sans laquelle il
est impossible de travailler. Ainsi, les neurosciences cognitives étudient des
groupes d’individus en faisant abstraction des facteurs qu’elles ne peuvent ou
ne souhaitent contrôler, par exemple les parcours de vie nécessairement
différents que toutes ces personnes ont eus. Lorsque l’on compare des groupes
recevant des traitements expérimentaux différents, on s’appuie sur la loi des
grands nombres pour supposer que les membres de ces groupes ne diffèrent pas en
moyenne selon ces facteurs non contrôlés (parcours de vie ou autres), de
manière à ce que de telles différences ne soient pas confondues avec le
traitement expérimental et ne remettent ainsi pas en cause l’interprétation des
résultats. De manière symétrique, la sociologie étudie des groupes d’individus
en faisant abstraction des facteurs biologiques (génétiques, cérébraux,
hormonaux…) qui peuvent affecter les comportements de ces individus mais
qu’elle n’est pas en mesure de contrôler, et utilise (dans le meilleur des cas)
à nouveau la stratégie des grands nombres pour supposer que ces facteurs ne
diffèrent pas entre les groupes et n’obèrent donc pas l’interprétation des
facteurs sociaux qui sont l’objet de l’étude.
A un niveau intermédiaire entre
neurosciences et sociologie, la psychologie scientifique procède de même, en
neutralisant méthodologiquement à la fois les différences biologiques et les
différences sociologiques potentielles entre les groupes qu’elle étudie. Chaque
discipline peut, au moins dans un premier temps, fonctionner en autonomie, à
son niveau de description propre, mais pas dans l’ignorance des autres niveaux
de description. Il devient vite crucial d’avoir conscience des facteurs opérant
aux autres niveaux de description pour s’assurer que ceux-ci n’interfèrent pas
avec le but de l’étude.
De fait, la plupart des scientifiques
estiment que les facteurs sociaux, tout comme les facteurs biologiques, sont
importants, et agissent de concert sur l’individu. C’est bien cette vision qui
sous-tend les études d’héritabilité (familiales, de jumeaux, ou d’adoption),
qui, contrairement aux idées reçues, ne se focalisent pas que sur la génétique
: elles visent à quantifier la part respective des facteurs génétiques et non
génétiques dans la variation des phénotypes. Dire que l’héritabilité de la
dyslexie est d’environ 60 %, c’est équivalent à dire que les facteurs non
génétiques expliquent 40 % de la variance, ce qui est tout à fait considérable.
Les chiffres précis sont à considérer avec prudence, mais l’influence réelle
des deux types de facteurs reste incontestable. Les résultats récents de la
génétique moléculaire ont largement confirmé la pertinence des données
d’héritabilité, en mettant directement en évidence de nombreux gènes, dont des
variations sont associées aux troubles développementaux (Huguet, Ey, &
Bourgeron, 2013; Ramus, 2010; Ramus & Fisher, 2009; Scerri &
Schulte-Korne, 2010).
Ces gènes n’auraient pas pu être découverts
sans temporairement ignorer les facteurs sociaux. De même que des facteurs
sociaux influençant les mêmes troubles n’auraient pas pu être découverts sans
ignorer les facteurs biologiques. Maintenant que les recherches ont
suffisamment avancé et que des facteurs précis ont été identifiés dans les deux
domaines, il est permis de poser la question, plus complexe, de l’action
conjointe des facteurs biologiques et sociaux. En particulier, les effets de
ces différents facteurs sont-ils simplement additifs, ou bien interagissent-ils
(au sens statistique du terme) ? Dans ces études dites « d’interaction
gène-environnement », on étudie notamment si la réponse des individus à un
facteur social donné dépend, ou non, de leur génotype.
Considérons par exemple le cas emblématique
du trouble des conduites, à propos duquel l’Expertise collective de l’Inserm
(2005) a fait l’objet d’interprétations tout à fait abusives. Etant donnée
l’héritabilité modérée de ce trouble (environ 30%, Viding, Jones, Frick,
Moffitt, & Plomin, 2008), on est dans un cas de figure où les facteurs psychosociaux
jouent certainement un rôle important, qu’il s’agisse de facteurs globalement
prédisposants, comme la maltraitance, ou de facteurs déclenchant plus
directement les actes agressifs ou antisociaux tels que les provocations ou
menaces perçues, l’état de nécessité, les opportunités, etc. Personne ne
penserait à contester la prépondérance de tels facteurs. En revanche,
l’interprétation de telles données peut être plus complexe que ce que suggère
la psychologie naïve. Par exemple, le fait que les enfants maltraités soient
plus susceptibles de devenir des adultes agressifs et des parents maltraitants
est souvent interprété comme reflétant une reproduction des actes dont ils ont
été victimes, en quelque sorte une forme d’apprentissage par imitation. Pourtant,
la simple corrélation entre les actes subis et les actes commis n’est pas une
preuve suffisante de cette interprétation. Celle-ci pourrait tout aussi bien
résulter de la transmission de certains facteurs génétiques de parents à
enfants. De fait, l’étude des mécanismes biologiques sous-jacents peut suggérer
des interprétations plus complexes. Considérons le fait que tous les enfants
maltraités et exposés à des facteurs déclenchants ne manifestent pas
nécessairement des comportements assimilables au trouble des conduites. Plus
généralement, face à des facteurs environnementaux prédisposants similaires, on
observe une grande variabilité interindividuelle, qui pourrait être en partie
due à de la variabilité dans la constitution biologique des individus.
Il se trouve que cette hypothèse est au
moins en partie vérifiée, via la monoamine-oxydase-A (MAO-A), une enzyme qui
dégrade la sérotonine ainsi que d’autres neurotransmetteurs, et dont le gène,
situé sur le chromosome X, possède deux allèles notés H et L, induisant
respectivement une haute et une basse expression de la protéine. Certaines
études ont suggéré une association directe entre l’allèle L et la
susceptibilité au trouble des conduites, mais un nombre à peu près équivalent
d’études n’ont pas confirmé cette association. L’hypothèse d’une interaction
gène-environnement a, elle, été confortée par des données convergentes. Caspi
et collègues (2002) ont en effet montré que les garçons maltraités avaient non
seulement un risque globalement plus grand de développer un trouble des
conduites que les garçons non maltraités, mais que ce risque doublait s’ils
portaient l’allèle L par rapport à l’allèle H, et triplait par rapport aux
garçons porteurs de l’allèle L mais non maltraités. Ces résultats ont été
répliqués dans au moins deux autres études indépendantes et confirmés par une
méta-analyse (Kim-Cohen et al., 2006).
Ainsi, l’allèle de la MAO-A à lui seul n’a
pas d’effet direct sur le trouble des conduites. En revanche, en conjonction
avec la maltraitance, il en démultiplie les effets, ce qui suggère qu’il
confère une sensibilité accrue à des événements traumatisants. Cette hypothèse
est confirmée par une étude d’imagerie cérébrale montrant que les sujets sains,
porteurs de l’allèle L, ont une activité accrue de l’amygdale face à des
stimuli menaçants, une activité plus faible du cortex préfrontal en réponse à
la réaction de l’amygdale, et une activité plus faible du cortex cingulaire
antérieur pendant une tâche d’inhibition. Ces différences fonctionnelles entre
les porteurs des deux allèles sont complétées par des différences de quantité
de matière grise dans les mêmes aires cérébrales, pour suggérer que l’allèle L
prédispose à une sensibilité accrue aux menaces perçues, qui est, de plus,
moins bien compensée au niveau cortical par des capacités de contrôle et
d’inhibition des réactions associées (Meyer-Lindenberg et al., 2006).
Bien qu’il ne s’agisse ici que d’un
exemple, de nombreuses études montrent aujourd’hui l’intérêt qu’il y a à
combiner les résultats des sciences sociales à ceux des sciences cognitives et
de la génétique afin de parvenir une vision plus intégrée de l’ensemble des
facteurs agissant sur le développement et le comportement humain, et de leurs
interactions (Rutter, 2006). Elles illustrent également le fait que le cerveau
est l’incontournable point de convergence des influences biologiques et des
influences sociales.
Les neurosciences sont-elles peu fiables ?
Un certain nombre d’articles récemment
parus dans des grandes revues internationales ont pointé des défauts dans le
système de publication scientifique induisant une perte de fiabilité des
résultats publiés en neurosciences, en génétique, en psychologie, dans les
essais cliniques, comme dans d’autres domaines (Button et al., 2013; Coyne,
Thombs, & Hagedoorn, 2010; Funder et al., 2014; Ioannidis, 2005, 2008,
2011; John, Loewenstein, & Prelec, 2012). En France, le neurobiologiste
François Gonon s’est fait une spécialité de vulgariser ces débats et de
promouvoir un scepticisme généralisé à l’égard des neurosciences (Boraud &
Gonon, 2013; Gonon, 2011; Gonon & Konsman, 2011).
Les défauts pointés sont bien réels et une
source légitime d’inquiétude pour la communauté scientifique. Ils incluent
notamment : la publication d’études à effectifs trop petits pour être
statistiquement robustes ; le biais de publication en faveur des résultats
positifs, et la difficulté à publier des résultats négatifs et des
non-réplications ; conséquence du précédent point, des pratiques d’analyses des
données discutables pour faire émerger à tout prix des résultats positifs ;
dans les revues qui se veulent les plus prestigieuses, le biais de publication
en faveur des résultats les plus étonnants et les plus susceptibles d’attirer
l’attention des médias ; le décalage entre les résultats obtenus et les
conclusions annoncées ; dans la recherche médicale, les perspectives
thérapeutiques exagérées des résultats fondamentaux ; et enfin, une couche
supplémentaire de simplification et d’exagération ajoutée par les médias, avec
parfois la complicité de certaines revues scientifiques et de certains auteurs
des publications.
Faut-il pour autant en déduire, comme le
suggère insidieusement Gonon, que les neurosciences n’apportent aucune
connaissance fiable, et que la psychiatrie ferait mieux de les ignorer et d’en
rester à des descriptions purement cliniques et subjectives ? Evidemment, non !
D’une part, les problèmes décrits n’affectent qu’une fraction des résultats du
domaine, et non la totalité des neurosciences. Ils ne sont d’ailleurs pas spécifiques
aux neurosciences, et affectent de fait tout autant la psychologie et la
psychiatrie non biologiques. D’autre part, la communauté est en train de
prendre conscience de ces problèmes, et certaines mesures ont déjà été mises en
places. Par exemple, dans le domaine des essais cliniques sur les médicaments,
le problème de la publication sélective des résultats positifs (montrant un
effet thérapeutique du médicament), et de la distorsion induite sur les
résultats des méta-analyses, a été identifié de longue date. Une réponse
efficace a été apportée par les grandes revues médicales, qui exigent depuis
plusieurs années que tous les essais cliniques soient avant leur commencement
pré-enregistrés dans une base de données publique (incluant une étude de puissance
statistique justifiant les effectifs prévus, une description précise de leur
plan expérimental et de leur plan d’analyse). Les revues médicales n’acceptent
plus aucun article rapportant des résultats d’essais cliniques qui n’auraient
pas été préalablement enregistrés. Ceci induit une incitation forte à
l’enregistrement des essais, et permet d’évaluer la conformité des analyses
statistiques à celles qui avaient été prévues initialement (pour éviter la
trituration des données), d’identifier les essais dont les résultats n’ont pas
été publiés par la suite, de quantifier le phénomène de biais de publication et
de le prendre en compte dans les méta-analyses. Ces mesures ayant fait la
preuve de leur efficacité dans le domaine des essais cliniques, des discussions
sont actuellement en cours visant à les généraliser à tous les autres domaines
scientifiques (cf. par exemple Neuroskeptic, 2013). Une grande revue de
neurosciences cognitives a même déjà pris l’engagement de publier toutes les
études préalablement enregistrées et validées, quels que soient leurs résultats
(Chambers, 2013).
Parallèlement à cela, quelle alternative
proposent François Gonon et ses alliés (par exemple, Chvetzoff, Chvetzoff,
& Pierron, 2012) ? D’en rester à la psychologie et à la psychiatrie
psychanalytique à la française, bien isolées des autres disciplines et de ce
qui se passe dans les autres pays ? Ce serait ignorer que ce courant pose des
problèmes bien plus graves que les neurosciences, par son rejet de la démarche
scientifique la plus élémentaire, son refus d’évaluer ses théories et ses
pratiques en confrontant ses hypothèses à des données factuelles et de
soumettre ses travaux à l’expertise internationale (Ramus, 2012, 2013a, 2014).
Bien sûr, lorsque l’on ne produit que des interprétations, mais pas de données
factuelles vérifiables par d’autres, la question même de la fiabilité des
résultats ne se pose même pas. Mais y gagne-t-on au change ? Au moins la
recherche scientifique, malgré les défauts et les faiblesses de ses institutions
et de ses acteurs, est constamment soumise à une obligation d’adéquation avec
le monde réel et dispose de mécanismes auto-correcteurs qui garantissent que
les modèles qu’elle produit collent toujours plus à la réalité.
Conclusions
En France, les neurosciences ont bon dos.
Pour mieux les critiquer, on les caricature, on leur attribue des objectifs et
des caractéristiques qu’elles n’ont pas (réductionnisme, déterminisme). Leurs
limites sont critiquées, parfois à juste titre, mais pour mieux balayer l’ensemble
du champ d’un revers de main, pour masquer les faiblesses des courants encore
dominants en psychologie et en psychiatrie en France, et pour justifier une
forme d’ignorance délibérée des dimensions biologiques de l’être humain.
Comme toutes les disciplines scientifiques,
les sciences cognitives ont des limites, et sont ouvertes à la critique, ce qui
est bien naturel si l’on pense que la critique est le moteur même de la
démarche scientifique. Elles sont aussi, par définition, ouvertes aux apports
des autres disciplines, quelles qu’elles soient. La seule condition de cette
ouverture est une convergence épistémologique minimale, concernant la démarche
scientifique. Les idées et les résultats venant des autres disciplines ne
peuvent être prises en considération que dans la mesure où elles sont
suffisamment étayées par des données factuelles, qu’elles proviennent de
l’observation ou de l’expérimentation, et où suffisamment de rigueur
méthodologique a été mise en œuvre pour pouvoir écarter des interprétations alternatives
des mêmes résultats. C’est faute d’une telle convergence épistémologique que
l’alliance entre les neurosciences et la psychanalyse n’a pu se réaliser,
malgré bien des promesses (Kandel, 1998; Magistretti & Ansermet, 2007;
Panksepp & Solms, 2012; Ramus, 2007, 2013b).
Encore faut-il préciser que
l’intransigeance des sciences cognitives sur la démarche scientifique n’est pas
du scientisme ou du positivisme, contrairement aux accusations récurrentes
(Gonon, 2013; Labouret, 2012; Tavernier, 2012; Zarifian, 2007). Plus personne
ne souscrit à ces anciennes doctrines. En particulier, plus personne ne croit à
la possibilité de tout comprendre grâce à la science. En revanche, il n’existe
aucune autre forme connue d’acquisition du savoir qui puisse aboutir à des
connaissances objectives et fiables (Bricmont, 2000). De même, plus personne
n’imagine que le progrès scientifique entraîne nécessairement le progrès
humain. Toutefois, on imagine mal pouvoir défendre la proposition inverse, à
savoir que le progrès humain puisse résulter de l’ignorance… La seule chose sur
laquelle aucune discipline scientifique ne peut transiger, c’est le cœur même
de la science, c’est la démarche scientifique réduite à sa plus simple
expression : 1) formuler des hypothèses (en ayant conscience que ce ne sont que
des hypothèses) ; 2) générer des prédictions issues des connaissances acquises
et des hypothèses ; 3) confronter ces prédictions avec des données factuelles ;
4) subordonner la validation, la réfutation ou la modification des hypothèses à
cette confrontation. Tous les acteurs des sciences humaines et sociales qui
font leurs ces exigences peuvent contribuer à la grande aventure des sciences
cognitives et y sont les bienvenus.
Note
Des passages du présent article sont
adaptés de Ramus (2007 ; 2011).
Réferences
Boraud, T., & Gonon, F. (2013,
30/09/2013). Neurosciences, les limites de la méthode, Le Monde. Retrieved from
http://www.lemonde.fr/sciences/article/2013/09/30/neurosciences-les-limites-de-la-methode_3487335_1650684.html
Bricmont, J. (2000). Comment peut-on être
"positiviste"? In F. Martens (Ed.), Psychanalyse, que reste-t-il de
nos amours? Revue de l'Université de Bruxelles, 2000, 2: Editions Complexes.
Button, K. S., Ioannidis, J. P. A.,
Mokrysz, C., Nosek, B. A., Flint, J., Robinson, E. S. J., & Munafo, M. R.
(2013). Power failure: why small sample size undermines the reliability of
neuroscience. Nat Rev Neurosci, advance online publication. doi:
10.1038/nrn3475
Cashmore, A. R. (2010). The Lucretian
swerve: the biological basis of human behavior and the criminal justice system.
Proc Natl Acad Sci U S A, 107(10), 4499-4504.
Castéra, A. (2013). Pour une analyse de la
situation. Sud/Nord(1), 81-84.
Chambers, C. D. (2013). Registered Reports:
A new publishing initiative at Cortex. Cortex, 49(3), 609-610. doi:
http://dx.doi.org/10.1016/j.cortex.2012.12.016
Changeux, J.-P. (1983). L' Homme neuronal.
Paris: Fayard.
Chomsky, N. (2000). New horizons in the
study of language and mind. Cambridge: Cambridge University Press.
Churchland, P. S. (1986). Neurophilosophy
toward a unified science of the mind-brain. Cambridge, Mass.: MIT press.
Chvetzoff, R., Chvetzoff, G., &
Pierron, J. P. (2012). Du compas à la boussole : de l’Evidence Based Medicine
au sens de la relation de soin. Réflexions à partir de la recommandation de la
Haute Autorité de santé concernant l’autisme. Éthique & Santé, 9(4),
159-164. doi: http://dx.doi.org/10.1016/j.etiqe.2012.08.002
Clarke, P. G. H. (2014). Neuroscience,
quantum indeterminism and the Cartesian soul. Brain and Cognition, 84(1),
109-117. doi: http://dx.doi.org/10.1016/j.bandc.2013.11.008
Coyne, J. C., Thombs, B. D., &
Hagedoorn, M. (2010). Ain't necessarily so: review and critique of recent
meta-analyses of behavioral medicine interventions in health psychology. Health
Psychol, 29(2), 107-116. doi: 10.1037/a0017633
Dennett, D. C. (1984). Elbow room : the
varieties of free will worth wanting. Cambridge, Mass.: MIT Press.
Dennett, D. C. (2003). Freedom evolves. New
York: Viking.
Eccles, J. C. (1986). Do Mental Events
Cause Neural Events Analogously to the Probability Fields of Quantum Mechanics?
Proceedings of the Royal Society of London. Series B. Biological Sciences,
227(1249), 411-428. doi: 10.1098/rspb.1986.0031
Edelman, G. M. (1992). Biologie de la
conscience trad. de l'anglais... par Ana Gerschenfeld. Paris: O. Jacob.
Fansten, M., & Garnoussi, N. (2014).
Nouveaux troubles et pathologies émergentes à l’ère de la santé totale et de la
modernité réflexive. Socio-logos. Revue de l'association française de
sociologie(9).
Funder, D. C., Levine, J. M., Mackie, D.
M., Morf, C. C., Sansone, C., Vazire, S., & West, S. G. (2014). Improving
the Dependability of Research in Personality and Social Psychology: Recommendations
for Research and Educational Practice. Personality and Social Psychology
Review, 18(1), 3-12. doi: 10.1177/1088868313507536
Gazzaniga, M. S. (Ed.). (2009). The
Cognitive Neurosciences (4th ed.). Cambridge, MA: MIT Press.
Gonon, F. (2011). La psychiatrie
biologique: une bulle spéculative? Esprit(11), 54-73.
Gonon, F. (2013). Cinquante ans de
psychiatrie biologique. Sud/Nord(1), 39-48.
Gonon, F., & Konsman, J. P. (2011).
Pour une éthique de la communication en Neurosciences. La lettre des
neurosciences - Bulletin de la Société des Neurosciences, 40, 20-22.
Huguet, G., Ey, E., & Bourgeron, T.
(2013). The Genetic Landscapes of Autism Spectrum Disorders. Annual Review of
Genomics and Human Genetics, 14(1), null. doi:
doi:10.1146/annurev-genom-091212-153431
Ioannidis, J. P. A. (2005). Why Most
Published Research Findings Are False. PLoS Med, 2(8), e124. doi:
10.1371/journal.pmed.0020124
Ioannidis, J. P. A. (2008). Why Most
Discovered True Associations Are Inflated. Epidemiology, 19(5), 640-648
610.1097/EDE.1090b1013e31818131e31818137.
Ioannidis, J. P. A. (2011). Excess
significance bias in the literature on brain volume abnormalities. Arch Gen
Psychiatry, archgenpsychiatry. 2011.2028 v2011.
John, L. K., Loewenstein, G., & Prelec,
D. (2012). Measuring the Prevalence of Questionable Research Practices With
Incentives for Truth Telling. Psychological Science, 23(5), 524-532. doi:
10.1177/0956797611430953
Kandel, E. R. (1998). A new intellectual framework
for psychiatry. American Journal of Psychiatry, 155(4), 457-469.
Kim-Cohen, J., Caspi, A., Taylor, A.,
Williams, B., Newcombe, R., Craig, I. W., & Moffitt, T. E. (2006). MAOA,
maltreatment, and gene-environment interaction predicting children's mental
health: new evidence and a meta-analysis. Mol Psychiatry, 11(10), 903-913.
Labouret, O. (2012). Le nouvel ordre
scientiste. Santé mentale, 17-36.
Lane, R. D., Nadel, L., & Ahern, G.
(2000). Cognitive neuroscience of emotion. New York: Oxford University Press.
LeDoux, J. E. (1996). The emotional brain :
the mysterious underpinnings of emotional life. New York: Simon & Schuster.
Magistretti, P., & Ansermet, F. (2007).
La plasticité neuronale : un nouveau paradigme entre neurosciences et
psychanalyse. PSN, 5(3), 138-143. doi: 10.1007/s11836-007-0034-y
Neuroskeptic. (2013). For Preregistration
in Fundamental Research. Retrieved from
http://blogs.discovermagazine.com/neuroskeptic/2013/04/25/for-preregistration-in-fundamental-research/
Panksepp, J., & Solms, M. (2012). What
is neuropsychoanalysis? Clinically relevant studies of the minded brain. Trends
in Cognitive Sciences, 16(1), 6-8.
Ramus, F. (2007). Influences génétiques et
psychosociales sur le développement cognitif. Le Journal des Psychologues, 251,
27-30.
Ramus, F. (2010). Génétique de la dyslexie
développementale. In S. Chokron & J.-F. Démonet (Eds.), Approche
neuropsychologique des troubles des apprentissages (pp. 67-90). Marseille:
Solal.
Ramus, F. (2011). Quel pouvoir prédictif de
la génétique et des neurosciences, et quels problèmes? Médecine et Droit, 106,
51-58.
Ramus, F. (2012). Peut-il y avoir une
exception française en médecine? LeMonde.fr, from
http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/09/26/peut-il-y-avoir-une-exception-francaise-en-medecine_1765258_3232.html
Ramus, F. (2013a). La souffrance psychique
est bel et bien évaluable et mesurable. Science et Pseudo-Sciences, 303(janvier
2013), 19-25. Disponible sur
http://franck-ramus.blogspot.fr/2012/2005/la-souffrance-psychique-nest-ni.html.
Ramus, F. (2013b). What's the point of
neuropsychoanalysis? British Journal of Psychiatry, 203, 170-171. Traduction
disponible sur
http://franck-ramus.blogspot.fr/2013/2009/quel-est-linteret-de-la.html.
Ramus, F. (2014). Comprendre le système de
publication scientifique. Science et pseudo-sciences, 308, 21-34. Disponible
sur
http://franck-ramus.blogspot.fr/2013/2012/comprendre-la-publication-scientifique.html.
Ramus, F., & Fisher, S. E. (2009).
Genetics of language. In M. S. Gazzaniga (Ed.), The Cognitive Neurosciences
(4th ed., pp. 855-871). Cambridge, MA: MIT Press.
Rose, S. (2006). Neurosciences et sciences
de la vie au service de la “guerre contre le terrorisme”. In D. Iagolnitzer, L.
Koch-Miramond & V. Rivasseau (Eds.), La Science et la guerre: La Responsabilité
des scientifiques (pp. 133). Paris: L'Harmattan.
Roskies, A. (2006). Neuroscientific
challenges to free will and responsibility. Trends in Cognitive Sciences,
10(9), 419-423.
Rutter, M. (2006). Genes and Behavior:
Nature-Nurture Interplay Explained. Oxford: Blackwell.
Scerri, T. S., & Schulte-Korne, G.
(2010). Genetics of developmental dyslexia. Eur Child Adolesc Psychiatry,
19(3), 179-197.
Schaeffer, J.-M. (2007). La fin de
l'exception humaine. Paris: Gallimard.
Tavernier, A. (2012). De la normalisation
des savoirs à l’imposture scientifique: retour et détours de l’idéologie
scientiste. Entretien avec Roland Gori. In A. Tavernier (Ed.), Scientisme (s)
et communication (pp. 39).
Viding, E., Jones, A. P., Frick, P. J.,
Moffitt, T. E., & Plomin, R. (2008). Heritability of antisocial behaviour
at 9: do callous-unemotional traits matter? Developmental Science, 11(1),
17-22.
Wegner, D. M. (2002). The illusion of
conscious will. Cambridge, Mass.: MIT Press.
Zarifian, E. (2007). Neurosciences et psychismes:
les risques et les conséquences d'un quiproquo. Les progrès de la science,
jusqu'où?, 23, 11.
Zarka, Y. C. (2013). La nouvelle barbarie.
Cités(2), 3-6.
Libellés : génétique, neurosciences, science, sciences cognitives, société