jeudi 20 décembre 2012

Il n'y a pas à choisir entre la filiation biologique et la filiation sociale



Dans le débat sur le mariage pour tous, il y a lieu de distinguer deux aspects distincts, et potentiellement indépendants: la réforme de l'accès au mariage, et les conséquences induites sur la notion de filiation. Distinguer clairement les deux, et les discuter séparément, permettrait certainement au débat de gagner en clarté et en rationalité. Le second aspect portant sur la filiation, qui cristallise la plupart des critiques, semble opposer irrémédiablement les partisans d'une filiation "naturelle", c'est-à-dire génétique et gestationnelle, et ceux d'une filiation "sociale" ou symbolique. Mais pourquoi donc faudrait-il choisir? 

La réalité nous impose de constater que les personnes qui jouent concrètement le rôle de parents d'un enfant n'en sont pas toujours les parents biologiques. Il importe que dans ces situations, l'absence complète ou partielle de liens biologiques ne conduise pas à discriminer où à diminuer les droits fondamentaux à la fois des enfants et des personnes qui s'en occupent. Néanmoins il n'y a pas de raison fondamentale pour laquelle la reconnaissance de ces situations devrait conduire à nier la réalité biologique. L'existence d'une grande diversité de situations familiales ne change strictement rien au fait qu'un enfant est biologiquement l'assemblage de la moitié du génome d'un homme et de la moitié du génome d'une femme, porté à maturité dans l'utérus d'une femme pendant le temps de la gestation. Ces données, elles aussi, sont importantes pour l'enfant.

Pourquoi donc ne pas envisager que l'état civil enregistre tout simplement l'ensemble de ces informations? L'acte de naissance d'un enfant pourrait ainsi mentionner: 1) mère génétique; 2) père génétique (présumé, jusqu'à établissement éventuel d’une preuve par un test génétique); 3) mère gestationnelle (potentiellement distincte de la mère génétique dans le cas des mères porteuses); 4) parent civique n°1; 5) parent civique n°2; 6) parents civiques additionnels (éventuellement, car finalement rien n'impose plus de limiter leur nombre à deux). Bien entendu, dans la majorité des cas, le même nom figurerait dans les catégories 1, 3 et 4, le même nom figurerait dans les catégories 2 et 5, et la catégorie 6 serait vide. Mais au moins l'état civil serait à même d'enregistrer toutes les autres situations, sans perte d'information. Certains champs (notamment 1 et 2) pourraient porter la mention "inconnu" ou "anonyme" dans les cas où l'information est manquante ou a été rendue délibérément inaccessible (don anonyme de gamètes). La loi devrait bien évidemment garantir aux parents biologiques (1, 2, 3) un droit par défaut à la parenté civique, sauf dans certains cas bien spécifiés: renoncement exprès à la parenté civique, accouchement sous X, non reconnaissance par un père, abandon, etc. Après la rédaction initiale de l'acte de naissance, les différentes catégories devraient pouvoir être modifiées via des procédures adéquates, afin de refléter l'évolution éventuelle des rôles parentaux (par adoption par exemple) et des connaissances sur l’identité des parents biologiques.

On voit donc que la reconnaissance officielle des différentes formes de parenté civique n'implique absolument pas d'effacer ou de nier la parenté biologique. Il importe de faire la place aux deux. Au-delà de la parenté biologique et de la parenté civique, on peut encore distinguer la parenté symbolique, c'est-à-dire le fait que certaines personnes vont être désignées à l'enfant sous le nom de "maman", "papa", et autres, et que des informations explicites vont éventuellement lui être fournies. Ces informations vont bien sûr déterminer la représentation mentale que l'enfant se fait de sa famille et de sa filiation. Bien que nombre de psychanalystes et d'ecclésiastiques mettent en garde contre un bouleversement de l'ordre symbolique établi, qui selon eux serait susceptible de nuire à l'équilibre psychologique et moral de l'enfant, ils n'apportent à l'appui de leurs affirmations aucun fait mesurable, aucune donnée épidémiologique ou psychologique objective. Il serait invraisemblable que dans une démocratie laïque la prise en compte par la loi de la diversité des différents types de parenté et de filiation doive prendre en compte de simples croyances dogmatiques.

29 commentaires:

  1. "Il serait invraisemblable que dans une démocratie laïque la prise en compte par la loi de la diversité des différents types de parenté et de filiation doive prendre en compte de simples croyances dogmatiques."

    Ce qui n'arrive jamais ;)

    Merci de continuer de publier ces stimulants billets qui sont toujours intéressants, qu'on partage vos points de vue ou non. Cela dépend des personnes...et des billets !

    RépondreSupprimer
  2. Intéressant, mais les problèmes et les solutions que vous posez ne semblent pas être au coeur des controverses du mariage pour tous.

    Le problème de la filiation non-biologique n'est pas un clivage majeur, que ce soit pour le don de sperme anonyme, l'accouchement sous X, ou l'adoption en général.

    La question principale du mariage pour tous, celle autour de laquelle une partie significative du public est polarisé, est le fait de savoir si oui ou non, un couple homosexuel est en moyenne aussi bénéfique et donne les mêmes chances à un enfant qu'un couple hétérosexuel (indépendamment de la filiation biologique).

    La filiation biologique ou sociale est un problème qui n'échauffe pas les esprits autant que la différentiation des sexes. Ce qui semble créer l'essentiel de la controverse, c'est de savoir à quel point certains attributs important socialement sont différenciés par sexe (pour des raisons culturelles ou biologiques), et si en conséquence les combinaisons de parents F-F, M-F, M-M sont grosso-modo équivalentes, également épanouissantes pour les enfants concernés.

    Personnellement, je suis un partisan du mariage pour tous. Mais je n'accuse pas la partie adverse d'être beaucoup plus dogmatique que moi. Sans négliger l'éclairage scientifique nécessaire, la frontière entre ce que la force publique doit promouvoir et décourager résulte plus souvent d'une opposition de dogmes sur la définition d'une société idéale que d'une réflexion basée sur des raisons objectives et universelles.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. On est d'accord qu'une bonne partie des questions soulevées par le mariage pour tous sont des questions de valeurs: qu'est-ce que le mariage? à quoi ça sert? qui peut y avoir droit? etc.
      Mais certains arguments sont de nature scientifique: les enfants élevés dans telles circonstances sont-ils plus à risque de développer ceci ou cela? Lorsque de tels arguments sont utilisés, il est normal d'exiger des preuves et de dénoncer les dogmatismes.
      Enfin ceux que j'aborde dans ce billet sont plus de nature pratique et technique. Je conviens qu'ils ne sont pas nécessairement au coeur du débat, mais ils peuvent néanmoins constituer des obstacles inutiles.

      Supprimer
  3. En tout cas, d'après la grande majorité des études qui ont été faites à ce sujet, il n'existe pas de différence significative entre familles hétéro et familles homo du point de vue du bien-être de l'enfant.

    Article intéressant, même si la proposition peut sembler assez radicale par rapport aux enjeux actuels.

    Au fait, Franck Ramus, que pensez-vous de l'anonymat des dons ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je n'ai pas d'opinion tranchée sur le sujet. Je ne vois d'ailleurs pas pourquoi il y aurait un modèle imposé pour tout le monde par la loi. Pourquoi ne pas laisser au donneur différentes options:
      - anonymat total garanti
      - anonymat concernant les données nominatives, mais possibilité de fournir sur demande de l'enfant une notice biographique rédigée en accord avec le donneur (par exemple, âge, région, activité, etc.). Cela pourrait être intéressant pour les enfants qui s'interrogent sur leurs origines, tout en préservant la tranquillité du donneur.
      - anonymat par défaut, mais pouvant être rompu sur demande de l'enfant.
      - identification claire du donneur.
      Et dans chacun des cas, il pourrait être défini la possibilité de ne révéler certaines informations qu'après une certaine date, ou après la mort du donneur.
      Je ne vois en fait aucune raison valable de vouloir priver le donneur de tous ces degrés de liberté.

      Supprimer
    2. Vous pensez donc que la liberté du donneur prime sur le droit de l'enfant à connaître ses origines ?

      Ne vous méprenez pas, c'est une position que je trouve légitime, au moins contestez-vous le régime actuel d'anonymat obligatoire des deux côtés. Et puis, de toute façon, je n'ai moi-même pas d'opinion définitive et tranchée sur la question.

      Supprimer
    3. Là encore je n'ai pas d'opinion tranchée sur quel droit doit primer. Mais je constate que le donneur existe avant l'enfant, et qu'il a donc des droits avant que l'enfant n'en ait. Notamment le droit de ne pas donner, ou de donner seulement si les conditions du don lui conviennent. Ca ne me parait pas donc pas insensé de prêter attention aux conditions qui incitent les donneurs à donner.

      Par ailleurs, il ne faut quand même pas exagérer sur les droits des enfants qui ne sont pas encore nés. Dans les conditions "naturelles" de reproduction, l'enfant n'a strictement aucun droit! Ses parents décident pour lui, point barre! Ou parfois ne décident rien du tout. Dans tous les cas l'enfant naît bien malgré lui, pour le meilleur et pour le pire. Bien des fois l'enfant ne connaît pas son père biologique. Et alors? A moins de vouloir interdire ce genre de possibilités et de se retrouver dans une situation d'ingérence totale (et carrément dictatoriale) dans la vie d'un nombre incalculable de familles, je ne vois pas trop par quelle asymétrie on devrait conférer à l'enfant virtuel in vitro plus de droits qu'à l'enfant virtuel in vivo.

      Supprimer
  4. Bonjour,
    Je ne vois pas d'objection à ce que vous proposez, car très pragmatique, descriptif et ne se mêlant pas des opinions des uns et des autres aux documents d'état civil. Au sujet du débat qui semble porter certains à penser qu'il y a quelque-chose de naturel dans la mariage, un article intéressant de Françoise Héritier, bien que je ne sache pas si l'anthropologie soit une discipline jugée par vous comme digne d'être prise en compte :
    http://www.cairn.info/revue-informations-sociales-2005-2-page-6.htm

    Par ailleurs, vous n’arrêtez jamais avec le dénigrement de la psychanalyse, ce doit être une activité qui vous amuse et vous passe le temps. Temps que vous mettriez bien mieux à profit à essayer d'en savoir plus à son sujet pour avoir des critiques pertinentes...
    LA psychanalyse n'a aucun message moralisateur à répandre :
    http://www.petitionpublique.fr/PeticaoVer.aspx?pi=P2012N30808

    Bien à vous

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, j'ai vu. C'est pour ça que j'ai écrit "nombre de psychanalystes" et non "les psychanalystes" en impliquant "tous les psychanalystes". Je sais bien qu'il y a de la diversité d'opinions. Et je n'ai jamais dit que la psychanalyse avait un message moralisateur, j'ai dit simplement qu'elle émettait des opinions sans fondement sur le développement psychologique de l'enfant.

      Tout de même, il me semble que le modèle patriarchal est profondément ancré dans les dogmes psychanalytiques, et que ce n'est qu'au prix d'un renoncement théorique important, voire même d'une dissonance cognitive, que certains psychanalystes (sans doute pour se donner un air moderne) peuvent dire que l'homoparentalité ne pose pas de problème.

      Supprimer
    2. Vous vous trompez. Certains psychanalystes ont effectivement gravé dans le marbre pleins de choses après la mort de Freud, y compris tout le courant découlant de sa fille (durée de la séance, complexe d’œdipe, modèle patriarcal...)
      Lacan a repéré cela, c'est cela qui l'a fait viré de l'IPA.
      Les personnages du mythe d’Œdipe ont été repérés en tant que fonctions, ce qui a permis de s'affranchir des a priori imaginaires. Mâle-femelle, et homme-femme sont des notions dissociées. Bref, l'étendue de votre inculture et de vos a priori s'étale.
      Vous prétendez en même temps ne pas vouloir faire l'effort de connaitre la psychanalyse tant qu'on ne vous démontre pas ce que vous voulez, comme vous le voulez, et la critiquez selon vos a priori.

      Vous retrancher du côté des sérieux scientifiques est complètement mis à mal par vos postures dogmatiques.
      Personne de sérieux ne prétend que la psychanalyse est scientifique.
      La science a comme a priori de supprimer le sujet de l’expérience (reproductible quel que soit l'expérimentateur).
      La psychanalyse s'occupe du sujet.
      Les critiques de non-scientificité de la psychanalyse sont donc complètement hors sujet. C'est le cas de le dire!
      Alors, allez-y gaiement, passez vos journées à critiquer la psychanalyse dogmatique. Ne vous étonnez pas que vos critiques et remarques, ici et là ne trouvent pas réponse. Que voulez-vous expliquer à quelqu'un qui n'admet pas la critique, refuse de voir ses a priori en campant dessus pour proclamer sa bonne foi...
      L'homosexualité ne pose pas de problème à la psychanalyse. Et si vous voulez savoir, l'homosexualité, pas plus que l'hétérosexualité n'existe pour elle. Qu'est-ce que c'est que ces a priori sur la mono-sexualité des humains?
      Chaque sujet a un abord singulier de la sexualité et la psychanalyse respecte cela sans chercher à plaquer une norme sur les gens.
      "Il n'y a pas de rapport sexuel" disait Lacan, le rapport entre les sexes n'est pas écrit dans la nature, chaque sujet a à l'inventer. Vos a priori sur la psychanalyse datent d'il y a 80 ans!!
      Quand aux opinions sans fondement, c'est juste que vous cherchez des fondements scientifiques donc éliminant les sujets.
      Par la clinique, la psychanalyse a découvert ce non conditionnement des sujets à une norme sur le plan de la sexualité.
      La psychologie cherche à trouver des schémas de fonctionnement, à normaliser, généraliser le fonctionnement des humains et donc à les réduire. Elle n'a rien à voir avec la psychanalyse qui ne cherche rien d'autre qu'à développer une discipline qui respecte la parole de chaque sujet pour la libérer des normes.
      Chacune de vos interventions qui se plaindra que la psychanalyse ne démontre pas des généralités sur le comportement humain sera une tautologie. Autrement-dit, vous n'avez jamais rien dit de pertinent sur la psychanalyse!
      Et pourtant vous vous gargarisez de sauvez les pauvres gens et les institutions des normes psychanalytiques qui n'existent pas, vous faites des listes de formations qui ne répondent pas à vos critères biaisés.
      Et j'ai encore en tête votre article faisant l'apologie de la rigueur scientifique et qui validait ses hypothèses grâce au bon jugement de la moyenne des bons psychiatres!! Quelle rigolade de forger un modèle validé par ceux-là même que l'on critique, et établir des normes statistiques sur une multiplicité de dogmes incohérents.
      Et, à nouveau, comment repérer le crucial de la singularité lorsque l'on ne revendique que les lois de Gauss comme outil d'étude...
      Bref, vous ne comprenez rien au sujet traité, ne cherchez pas à comprendre et persistez à vous adosser faussement à la science. Quelle bouffonade!!
      Si vous reconnaissiez les limites de la science, vous en obtiendriez sûrement de meilleurs conclusions.

      Supprimer
    3. Sur le fait que le génial Lacan ait totalement dépassé les limites de la théorie freudienne, rappelons au lecteur que vous parlez au nom d'une secte minoritaire au sein du vaste monde de la psychanalyse, et que les membres des sectes concurrentes ont un point de vue très différent du vôtre et considèrent vos idées comme totalement loufoques. D'un point de vue extérieur, il est impossible de départager les différentes sectes, dans la mesure où aucune d'entre elles n'accepte de se soumettre à l'épreuve des faits.

      Supprimer
    4. Sur la science, évitez d'en parler, la caricature que vous en faites est un pur fantasme.

      Supprimer
    5. Vous dites que la psychanalyse n'est pas scientifique, ce sur quoi nous sommes d'accord. Vous dites que la psychanalyse ne s'occupe que du sujet et en aucun cas de généralités du comportement humain, pas d'accord. Ouvrez n'importe quel livre de psychanalyse, il est bourré jusqu'à la gueule de généralités sur l'être humain, assénées ou utilisées à l'appui de l'analyse de cas. La psychanalyse n'est pas que de la description de cas uniques, c'est aussi une théorie intégrale du développement psychique et de ses troubles, qui fournit une grille de lecture à travers laquelle chaque cas est interprété. Stades psychosexuels, complexe d'Oedipe, forclusion du nom du père, troubles attribués à la mère trop chaude, trop froide, incestueuse, distance, psychotique, et j'en passe. Des généralités, en veux-tu, en voilà! Toutes ces affirmations, que les psychanalystes le reconnaissent ou non, sont sur le terrain scientifique, sur lequel il existe d'autres théories concurrentes du développement psychique et de ses troubles. On est donc en droit d'exiger des preuves de ces affirmations, et de comparer les arguments et les données directement avec ceux des disciplines scientifiques qui tentent de répondre aux mêmes questions.

      Le fait que la plupart des psychanalystes se défendent de faire de la science ne les absout pas. Cela montre simplement l'incohérence de leur position. Ils veulent avoir le beurre et l'argent du beurre, se parer des prétentions de la science en énonçant des généralités sur l'être humain, sans en payer le prix en faisant le difficile travail de recueillir les données valides et fiables à l'appui de leurs affirmations.

      Supprimer
    6. Un commentaire de Jacques van Rillaer:
      Lacan n'a pas été viré de l'IPA parce qu'il avait des idées théoriques nouvelles, mais parce qu'il pratiquait des séances à durées variables, invariablement très très courtes mais au prix plein. Zao perpétue un mensonge.

      Voir à ce sujet:
      http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1825

      ou encore, pour un texte plus détaillé:
      http://icampus.uclouvain.be/claroline/backends/download.php?url=L0xhY2FuLk1lbnNvbmdlcy5wZGY%3D&cidReset=true&cidReq=EDPH2277

      Supprimer
    7. Pour vérifier à quel point le lacanisme est moins patriarchal, misogyne et phallocentrique que le freudisme, je propose de revisionner avec délice cette fabuleuse compilation:
      http://www.youtube.com/watch?v=j0Ye5mX4vUs

      Supprimer
    8. Les remarques et textes de JVR n'ont qu'un but : discréditer la psychanalyse. Il n'y a donc pas de vérité bien solide à en attendre. Ces débats sur les séances courtes et leur prix sont éculés.
      - Lacan et ses successeurs pratiquent des séances à des prix qui n'empêchent pas ceux qui veulent suivre une analyse d'en suivre une. Certains travaillent même bénévolement dans des institutions non publiques qui ne font pas payer les séances. Allez vérifier, j'ai déjà donné des références sur votre blog.
      - La stupidité de la fixité de la séance, coupant le patient en train de dire quelque-chose d'important, ou sur le point de le dire, et donc sans référence à ce dit, n'est pas difficile à concevoir.
      Les séances courtes ne sont pas légions, seulement pour les analysants d'élite! C'est juste une formulation qui permet à JVR de prendre à partie l'opinion non éclairée. La vraie avancée est la séance à durée variable, en fonction de ce que dit le patient. L'analyste ponctue ainsi l'analyse en scandant les séances sur des dits importants des patients, les enfilant comme des perles que le patient peut s'approprier.

      Quant à votre référence à la compilation, je vous garantis, qu'on peut faire une compilation bien pire de tout ce que vous écrivez sur ce blog. Et ce, même si on considère que ce qui y est dit n'est pas idiot ou faux.
      Vous balayer là d'un revers de main votre approche revendiquée scientifique.

      Supprimer
    9. Tiens, un texte tout récent d'un psychanalyste, qui, lui, attribue précisément au lacanisme tout ce courant patriarchal et misogyne qui tend à recycler les dogmes catholiques en dogmes psychanalytiques:
      http://www.liberation.fr/societe/2013/01/10/psychanalyse-de-restauration-exception-francaise_873086
      C'est vraiment à n'y plus rien comprendre!

      Supprimer
    10. Oui, je comprend que si vous vous informez en lisant les journaux grand public, sources d’articles non polémiques et scientifiquement reconnus, vous soyez un peu perdu.
      Cela permet de préciser ce qu'il en est du savoir psychanalytique.

      Si on poursuit la logique, pour reprendre votre objection sur le fait que les psychanalystes revendiqueraient un savoir scientifique sans se soumettre aux règles de validation communément admises dans d'autres domaines scientifiques;
      Nous sommes d'accord sur le fait que la psychanalyse n'est pas une science. Accord de façade. Vous la prenez pour de la charlatanerie. J'essaie de vous expliquer qu'une part de son objet n'est pas objectivable (cf ma métaphore sur l’écrivain, cf le fait que la science ne peut être que si l'effet de la singularité de l'observateur est supprimé, cf le fait qu'elle cherche des solutions différentes pour chacun, en fonction de ce qui est unique en celui-ci).
      Si vous poursuivez la logique d'une discipline qui tente d'être une science mais qui se heurte à la nécessité (ou au désir) de trouver des solutions uniques à chaque fois, mais non reproductibles, vous arrivez dans un autre monde, celui de la clinique qui doit associer rigueur doctrinale et capacité du clinicien à entendre la nouveauté de ce que le patient lui dit de lui, comme quelque-chose qui n'a jamais été dit par quelqu'un d'autre avant lui (faisons la comparaison avec la parole du parient comme œuvre créative d'un artiste). Il doit ensuite agir en fonction des deux pour être efficient.
      - Mais la doctrine lui vient d'une élaboration à partir de la clinique. C'est donc une élaboration qui tente de généraliser le particulier tout en restant ouvert au particulier à venir, pour chaque nouveau cas, chaque nouvelle séance.
      Vous imaginez un peu le casse-tête.
      Et la science ne peut pas beaucoup pour vous. Vous aurez beau avoir de nouvelle découvertes objectives, de nouveaux médicaments, de nouvelles "données" protocolaires, cela vous laissera sans secours face à ce qu'il faut faire de la nouveauté qu'apporte chaque patient à chaque séance. Pas de sécurité. Même si vous réduisez tel symptôme objectivable par telle technique ou tel médicament, il restera toujours la souffrance singulière de chacun. Et les patients sont légion qui ne se satisfont pas des résultats dit objectifs, les laissant souvent dans une détresse plus grande par ailleurs.
      Votre souhait à vous, c'est de dire que la science progressera et que la part subjective sera un jour réduite à très peu pour une majorité de gens.
      Mais il s'agit d'un choix idéologique qui cherche à nier que la part non entièrement objectivable est en fait la part fondamentale dont les être humains se plaignent. Je fais un pas vers vous : disons simplement qu'elle ne peut être réduite à zéro, évacuée. Et qu'il ne s'agit pas de vague à l'âme fait de souffrance parfois dévastatrice.

      Le savoir du psychanalyste n'est pas scientifique. Il est clinique. Et cela n'interdit pas de faire des généralités non scientifiques que l'on remet en cause à chaque patient.
      Et les désaccords ne peuvent être réglés que dans des communautés de travail non universelles.

      Enfin, sinon, j'attends vos suggestions pour combiner savoir scientifique et attention à ce qu'il y a a d'unique à chaque être.
      Votre réponse est-elle : l'unique n'est pas important, il faut ramener les gens dans une norme psychique déterminée statistiquement, donc par l'ensemble des autres?

      Supprimer
    11. Quant à cette critique dans libé, ce monsieur semble avoir écrit un livre sur sa thèse combattant la "fonction paternelle". Je ne l'ai pas lue.
      En attendant, je peux dire qu'il n'a pas compris que ce qu'il appelle "la fonction paternelle" est justement une émancipation de l’œdipe et du patriarcat. Qu'il montre en quoi l'école des "années 80" prône une quelconque norme familiale. Au contraire, la norme, ils s'en foutent complètement, pour autant qu'elle ne soit pas, momentanément une béquille pour le patient.
      Respectant la singularité et la création unique de chacun, ils seront les premiers à soutenir toute nouvelle forme familiale, créée par le patient en accord avec son désir et celui de ceux qui l'entourent.

      Un nouvel exemple, celui de l'appel à pétition suivant :
      http://www.lacanquotidien.fr/blog/declaration2013/

      Supprimer
  5. A propos de la PMA, de l'origine, de la distinction subjective entre origine, acte sexuel, procréation, gestation, naissance, parenté... des points de vue de ceux qui le vivent, conférence intéressante en podcast :
    http://www.mollat.com/app_rewritting/launcher/launcher.aspx?sub=podcast&action=get_podcast&id=8076

    RépondreSupprimer
  6. La science, ce que j'en dis est juste pour pointer que ce que vous annoncez à longueur de blog comme des études et des réflexions fondées rigoureusement sur des données scientifique ne tiens pas la route. Vous avez montré à plusieurs reprises que vous maniez la science dans le sens qui vous arrange et pour ne pas voir ce qui ne vous arrange pas. Autrement dit du scientisme. C'est vous qui devriez vous cultiver un peu plus sur la nature de la science, sur l'épistémologie. Dans le débat actuel, la manière de présenter les diagnostics en changeant le cadre de référence, de prendre un point de vue cognitiviste d'étude et de court-circuiter son ignorance actuelle sur les sujets humains en imposant des thérapie maladroitement, ou plutôt supposée issue de données scientifiques est une position politique et pas scientifique.
    Et arrêtez votre posture publique de demander des références. "Oui, il n'y a pas de référence, on ne peut donc rien dire" Je l'ai répété à votre oreille fermée : vous choisissez a priori ce que vous attendez comme "données", sous quelle forme et comme elles ne sont pas conformes à votre souhait (qui est personnel, peut-être partagé, mais ne prend pas en compte la réalité du sujet qu'il aborde), vous dites "il n'y a pas de données, quels charlatants!"
    Quelle prouesse rhétorique!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Commentaire de Jacques van Rillaer:

      Quant à ce qu’est la science et la psychanalyse, rien de tel que de lire LACAN lui-même, sans commentaires. Chacun n’a qu’à juger.

      http://icampus.uclouvain.be/claroline/backends/download.php?url=L0xhY2FuLkJhdmFyZGFnZS4xOTc3LnBkZg%3D%3D&cidReset=true&cidReq=EDPH2277

      http://icampus.uclouvain.be/claroline/backends/download.php?url=L0xhY2FuLkVzY3JvcXVlcmllLmRvYw%3D%3D&cidReset=true&cidReq=EDPH2277

      Supprimer
    2. Un professeur émérite, ça veut dire qui est gâteux?
      La psychanalyse n'est pas une science. Ce n'est pas un sujet de débat.
      Alors la méthode qui consiste à en refaire une sujet pour pouvoir dire entre les lignes : voyez Lacan lui-même se ridiculise, on la connait, monsieur le clown JVR!
      Chacun n'a qu'à juger effectivement.

      Supprimer
  7. "Ouvrez n'importe quel livre de psychanalyse, il est bourré jusqu'à la gueule de généralités sur l'être humain"

    Oui, et une personne éclairée sait bien qu'il ne faut pas ouvrir des livres de psychanalyse, en tout cas la plupart, car ce sont en général des ramassis de commentaires des commentaires des commentaires du maître ou de celui qui a côtoyé le maître et qui s'en vente de connaitre et de décrire la nature humaine. On est d'accord.
    J'en déduis donc que vous n'êtes pas éclairé en la matière, une fois de plus.
    Si vous y regardiez de plus près, vous verriez que les notions de la psychanalyse, même si certaines ont une grande robustesse et longévité avérées, sont plutôt relatives à l'époque et aux maux des analysants qui viennent sur les divans.
    Ainsi, le complexe d'oedipe, adapté à son époque et aux cas de Freud, commence fortement à avoir vécu et n'est plus (ou beaucoup moins) efficient pour la clinique d'aujourd'hui.
    La psychanalyse n'enferme pas ses patients dans des psychologies rigides, mais fait en sorte qu'ils trouvent, chacun, des solutions originales à leurs symptômes.
    Rien à voir donc avec des protocoles standardisés et évaluables par les méthodes que vous mettez sur un piédestal!
    Essayez de réfléchir à une méthode scientifique qui permet d'inventer des solutions originales pour chaque sujet, respectant ainsi la singularité de chacun, et à une méthode d'évaluation de la multiplicité des solutions à chaque fois originale. La psychanalyse, que vous ne cherchez pas à connaitre, seulement à fustiger, sera une réponse des plus proches. Certainement pas les thérapies standardisées, avec protocoles.

    "dépression", c'est un mot qui recouvre une multitude de situations de diverses natures. Il est donc tout à fait idiot et inopérant d'en faire un symptôme en soi et d'y trouver une thérapie protocolaire ciblée.
    Les souffrances psychiques ne sont pas homogènes à des symptômes biologiques. Dire "dépression", c'est vouloir faire un équivalent avec "embolie pulmonaire", ou "AVC"...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. "Essayez de réfléchir à une méthode scientifique qui permet d'inventer des solutions originales pour chaque sujet, respectant ainsi la singularité de chacun, et à une méthode d'évaluation de la multiplicité des solutions à chaque fois originale."
      Comme déjà expliqué dans l'article sur l'évaluation de la psychanalyse, le fait de recourir à une solution original pour chaque sujet n'entre absolument pas en conflit avec la possibilité d'évaluer l'efficacité de la démarche, qui est totalement indépendante de la stratégie thérapeutique.

      Si vous parvenez à inventer pour chacun de vos patients une solution originale à ses problèmes, nul doute qu'ils iront bien mieux après une cure avec vous qu'avant, que des changements objectivement positifs se produiront dans leur vie, et que cela se verra dans les résultats de leurs évaluations après/avant. Vous n'avez donc absolument rien à craindre des évaluations standardisées, au contraire, elles sont le meilleur moyen de révéler l'excellence de votre démarche.

      Supprimer
    2. Donc, si je vous suis, les généralités, c'est l'apanage des mauvais psychanalystes. Les bons psychanalystes, eux, sont uniquement dans la singularité, ils n'énoncent jamais quelque chose qui s'apparente à une généralité, qui pourrait donc s'appliquer à un autre individu. Et vous citez Lacan en exemple.

      Pourtant, il me semble que Lacan lui-même ne s'est pas privé d'énoncer un paquet de généralités. La forclusion du nom du père, ce n'est pas une généralité? L'inexistence de la Femme, ce n'est pas une généralité? L'inexistence du rapport sexuel, ce n'est pas une généralité? Ses séminaires sont, eux aussi, bourrés jusqu'à la gueule de généralités.

      Bref, tout le monde énonce des généralités, c'est bien normal. Si c'était pour n'analyser que des cas individuels et des situations idiosyncrasiques, ce ne serait pas la peine de parler. Chacun (Lacan compris) espère que son analyse des cas individuels et des situations idiosyncrasiques révèle quelque chose de profond et de général sur l'être humain, qui pourra donc se retrouver chez d'autres individus placés dans des situations comparables. Par conséquent il s'agit là d'hypothèses testables par l'observation et la statistique. Qu'elle le veuille ou non, la psychanalyse (lacanienne aussi) est sur le terrain de la science.

      Supprimer
  8. Sans oublier que la psychanalyse est une discipline et ne s'apprend donc pas que par l'écrit. Et c'est complètement cohérent avec le fait qu'elle ne revendique pas une vision (figée) de l'humain.
    Elle est là pour transformer ceux qui s'y frottent. C'est ce qu'un patient lui demande.
    Or la transformation subjective, ça ne s'écrit pas, ça se vit.
    Le bon sens-même pointe qu'il ne peut s'agir d'un savoir universitaire, entièrement objectivable.

    Un vrai écrivain sort transformé par l’écriture d'un livre. Chacun des ses livres est une aventure transformante nouvelle. Comment imaginer un savoir objectif qui "protocolise" l’écriture d'un livre?
    Si on parle de littérature standardisée, avec des recettes de scénario ou de structure du livre reproductible, à succès, au mieux on passe un bon moment en oubliant le reste. Généralement, c'est plutôt médiocre et sans intérêt.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Même réponse qu'ici: http://franck-ramus.blogspot.com/2012/12/dans-lautisme-tout-ne-marche-pas-meme.html?showComment=1359394785174#c5479300134540823288

      Supprimer
  9. Je signale un nouvel article de Gaëlle Guernalec qui résume les études sur le devenir des enfants issues de familles "non traditionnelles":
    https://gguernalecblog.wordpress.com/2015/05/05/328/

    RépondreSupprimer