mardi 9 avril 2013

Questions à propos de l'intervention de Bernard Golse sur RTL le 2 avril 2013

Cher M. Golse,
J'ai écouté avec intérêt l'émission du 2 avril sur RTL dans laquelle vous interveniez sur l'autisme infantile. Certains de vos propos m'ont interpellé et je vous saurais gré de me donner quelques informations supplémentaires.

Vous dites: "Les cognitivistes nous ont montré, il y a 10 ou 20 ans, (...) que pour pouvoir ressentir qu'un objet ne fait pas partie de nous, qu'un objet est extérieur à nous (...), il faut pouvoir le percevoir par plusieurs canaux sensoriels simultanément, ce que l'enfant autiste n'arrive pas à faire..."
Je n'ai pas connaissance de ces résultats (à la fois pour l'enfant normal, et pour l'enfant autiste). Auriez-vous l'obligeance de m'indiquer les références de ces travaux?

Faisant référence à la situation française, vous affirmez:
"Aujourd'hui, on estime que il n'y a que 30 à 40% d'enfants autistes qui, malgré tous les efforts qu'on peut faire, s'enfoncent dans une difficulté gravissime, le reste des enfants évolue beaucoup plus favorablement."
Pouvez-vous préciser à quelles données vous faites référence?

Vous dites: "Le psychothérapeute va pouvoir aider l'enfant autiste en mettant des mots sur ce que l'enfant vit. (...) Il est capable aussi de mettre en sens certains comportements atypiques de l'enfant." Puis vous racontez une histoire selon laquelle les comportements atypiques des enfants autistes cessent lorsqu'un psychanalyste en formule  l'interprétation correcte.
Pouvez-vous m'indiquer les publications dans lesquelles ces résultats spectaculaires sont décrits? Comment se fait-il que les plus grands pédopsychiatres et experts internationaux de l'autisme n'aient jamais entendu parler de ces méthodes proprement miraculeuses? Si de telles méthodes ont cours en France, comment se fait-il que leurs effets merveilleux ne se reflètent pas dans les résultats de suivi longitudinal d'Amaria Baghdadli et collaborateurs? (cf. http://franck-ramus.blogspot.fr/2012/12/dans-lautisme-tout-ne-marche-pas-meme.html)

Vous dites: "c'est des angoisses qui sont en-deçà du morcellement, c'est des angoisses de tomber dans un trou (...) la vie des enfants autistes parfois ça dure, ça dure, c'est effrayant."
Quelles sont les données à l'appui de la présence de telles angoisses chez l'enfant autiste? Pouvez-vous me donner les références? (de préférence des articles avec de véritables données publiés dans des revues internationales. Je connais déjà les textes en français de Geneviève Haag).

Vous dites: "1 ou 2 cas pour 2500 enfants (...) ce n'est pas en les mettant tous dans le même sac qu'on va y voir plus clair". Vous contestez donc l'unité des troubles du spectre autistique, au profit d'une catégorisation singularisant l'autisme "typique". Mais que faites-vous de toutes les données cognitives, cérébrales et génétiques qui montrent la continuité absolue entre autisme typique et autres formes de TSA? Comment interprétez-vous, par exemple, que l'héritabilité des TSA pris ensemble soit plus élevée que celle de l'autisme typique pris séparément? Qu'une même mutation (d'une neuroligine 3 par exemple) puisse engendrer un autisme typique chez un enfant, et un syndrome d'Asperger chez son frère, si ce sont des troubles absolument distincts?
Jamain, S., Quach, H., Betancur, C., Råstam, M., Colineaux, C., Gillberg, I. C., . . . Bourgeron, T. (2003). Mutations of the X-linked genes encoding neuroligins NLGN3 and NLGN4 are associated with autism. Nat Genet, 34(1), 27-29.

Vous affirmez: "Le bébé humain est le bébé mammifère qui naît le plus inachevé."
Avez-vous déjà entendu parler du lapin? Du rat? Du chat? Du chien?
Quelques références pertinentes:
Gibson, K. R. (1991). Myelination and behavioral development: A comparative perspective on questions of neoteny, altriciality and intelligence. In K. R. Gibson & A. C. Petersen (Eds.), Brain maturation and cognitive development: Comparative and cross-cultural perspectives (pp. 29-63). New York: De Gruyter.
McKinney, M. L. (1998). The Juvenilized Ape Myth: Our "Overdeveloped" Brain. BioScience, 48(2), 109-116. doi: 10.2307/1313136

Bien cordialement,
Franck Ramus

Annexe:


Tables extraites de Gibson (1991).

4 commentaires:

  1. Bonjour Monsieur Ramus,

    Je vous remercie pour cette information concernant les propos tenus par le professeur Golse sur l'autisme lors de cette émission. Je retiens celui-ci :

    Le psychothérapeute va pouvoir aider l'enfant autiste en mettant des mots sur ce que l'enfant vit. (...) Il est capable aussi de mettre en sens certains comportements atypiques de l'enfant."

    Ces propos donnent l'impression d'être vrais et sincères ! On n'a l'impression que les psychanalystes savent s'y faire en matière d'autisme ! Hors les études menées scientifiquement montrent que les enfants autistes suivis par des psychanalystes sont très en retards par rapport à ceux qui sont suivis par des méthodes comportementales scientifiques.

    Le problème c'est que monsieur Golse intervient sur RTL avec des arguments non fondés et avec une large audience alors que les scientifiques qui travaillent sérieusement, rigoureusement ne sont pas entendus ! Il faut inverser ça !

    Il faut également rappeler que la base théorique du professeur Golse vient de Freud qui est un des plus grands charlatans du 20ème siècle.

    Cordialement,
    Hervé Dubuisson

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    1. Pourriez-vous commencez svp : je suis intéressé par les études qui montrent que les autistes suivis par des psychanalystes sont plus en retard que ceux suivis par les méthodes comportementalistes, avec groupe témoin.

      Merci de l'info

      Cordialement

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    2. Vous trouverez des réponses dans le rapport de l'INSERM 2004 "Psychothérapie - trois approches évaluées", Etude p.348

      Extrait p.43 :
      "Les travaux les plus conséquents se sont intéressés aux techniques psycho- éducationnelle qui mobilisent la famille et qui ont obtenu des résultats significatifs pour certains troubles (autisme en particulier)."

      Que pensez-vous des résultats obtenus par les méthodes de type psychanalytique sur l'autisme ? Avez-vous des informations concernant leur efficacité ?

      Cordialement,
      Hervé Dubuisson

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  2. Bernard Golse a eu l'amabilité de répondre à mes questions le 21 avril dernier. J'attends son autorisation pour les poster ici.

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