lundi 2 septembre 2013

Quel est l'intérêt de la neuropsychanalyse?


(traduction[a] de l’article « What’s the point of neuropsychoanalysis ? » paru dans British Journal of Psychiatry, septembre 2013)

Résumé

La neuropsychanalyse est une nouvelle école de pensée ayant pour but d’établir des liens entre les neurosciences et la psychanalyse. Pourtant peu de chercheurs en neurosciences et en psychiatrie en auraient entendu parler si elle n’avait reçu un soutien public de la part d’éminents scientifiques. Cet article pose la question du bien-fondé d’un tel soutien.


D’après Panksepp et Solms, « la neuropsychanalyse essaie de comprendre l’esprit humain, en particulier les aspects relatifs à l’expérience subjective. Elle reconnaît le rôle essentiel des neurosciences dans une telle quête. Néanmoins, contrairement à la plupart des branches des neurosciences, elle place l’esprit et le cerveau sur un pied d’égalité. »[1] Dans un article fondateur de 1998 présenté comme un défi aux psychanalystes, Kandel a souligné le rôle essentiel que la psychanalyse devrait jouer dans une entreprise aussi légitime :
« A la suite des avancées des neurosciences au cours des dernières années, la psychiatrie tout comme les neurosciences se retrouvent en meilleure posture pour un rapprochement, un rapprochement qui permettrait aux idées de la perspective psychanalytique de participer à la quête d’une compréhension plus profonde des bases biologiques du comportement. »[2]
 
Quinze ans plus tard, on ne peut qu’être ravi de constater que certains psychanalystes ont relevé le défi, en embrassant la méthode scientifique et en tentant de tester rigoureusement les hypothèses freudiennes, comme en atteste un récent numéro spécial de Psychoanalytic Review en l’honneur de Kandel[3]. Dans la conclusion de ce numéro spécial, ce rapprochement entre la psychanalyse et les neurosciences est célébré comme étant « une alliance naturelle » par Damasio[4] et par Ledoux[5]. Dans un précédent livre, Ledoux notait que « Freud était en plein dans le mille lorsqu’il décrivait la conscience comme la partie émergée de l’iceberg mental »[6]. Et d’après Kandel, la théorie de Freud « est sans doute toujours la conception de l’activité mentale la plus influente et la plus cohérente que nous ayons »[7]. Le terrain est donc tout préparé pour que des auteurs  comme Carhart-Harris et Friston (et bien d’autres) explorent « la notion selon laquelle les concepts freudiens ont des bases neurobiologiques », en tentant de « démontrer les compatibilités entre les idées-clés de Freud et les perspectives récentes sur le fonctionnement cérébral global »[8]. Bien entendu, tous les auteurs cités sont parfaitement conscients que la psychanalyse a été bâtie sur du sable, et sont remarquablement prudents dans la manifestation de leur soutien. Ils insistent sur le fait que ses affirmations doivent être mises à l’épreuve des données, et que le temps en est justement venu grâce aux progrès des neurosciences. Cette position semble tout à fait raisonnable et inoffensive. Mais l’est-elle vraiment ?


Premièrement, on peut objecter que l’attribution à Freud de nombreux concepts et intuitions importants jusqu’à ce jour (tels que les processus inconscients) est largement erronée. Carhart-Harris et Friston font une synthèse admirable de tout un pan des neurosciences, et les inscrivent dans le cadre du « principe de l’énergie libre », mais pourquoi vouloir systématiquement associer chaque concept ou résultat neuroscientifique à une citation de Freud ? Bien entendu, il est intéressant, d’un point de vue historique et épistémologique, de retracer l’origine des idées modernes jusqu’à leurs précurseurs. Et il est bien sûr possible que Freud ait eu des intuitions véritablement lumineuses sur le fonctionnement de l’esprit humain. A condition que l’on puisse démontrer que ces idées ont véritablement trouvé leur origine chez Freud, plutôt que d’être empruntées sans vergogne à ses prédécesseurs sans citer ses sources (comme cela a été le cas de l’idée du traitement inconscient empruntée à Janet[9] et à bien d’autres[10]). L’objet principal de l’article de Carhart-Harris et Friston, le conflit entre le ça et le moi, découle de la distinction faite par Platon entre les passions et la raison, via d’innombrables intermédiaires. Mais ces auteurs ne semblent pas chercher d’autre source que Freud. Drôle de manière de faire de la recherche historique. En se basant exclusivement sur la littérature freudienne et en faisant un usage généreux de l’analogie et de la métaphore, nul doute que des « compatibilités » peuvent être trouvées. Mais quelles implications cela peut-il avoir pour les neurosciences et la psychiatrie modernes ? Faire des associations libres entre les concepts cognitifs et neuroscientifiques et les concepts psychanalytiques apporte-t-il quoi que ce soit aux études expérimentales du réseau cérébral « par défaut », du cerveau émotionnel ou des troubles psychiatriques ? Et cela respecte-il bien l’histoire des idées ? Le dernier livre de Kandel révèle, s’il en était besoin, qu’il n’y a pas d’autre raison de se référer constamment à Freud que la nostalgie du Vienne de 1900 et l’admiration pour un écrivain inspiré.

Deuxièmement, la psychanalyse n’apporte aucune contribution substantielle aux concepts déjà existant en psychologie et en neurosciences cognitives. Tout comme Kandel, Panksepp et Solms argumentent de manière convaincante qu’il y a besoin d’un niveau de description spécifique à l’esprit humain, c’est-à-dire aux pensées, aux sentiments et à tous les autres états mentaux, et qu’il est distinct du niveau de description biologique. Mais, ce faisant, ne redécouvrent-ils pas tout simplement la psychologie ? L’importance du niveau cognitif pour une compréhension intégrale de l’esprit/cerveau, et son indépendance conceptuelle du niveau biologique ont déjà été expliquées il y a bien longtemps par Marr[11], et a été reformulée en des termes plus modernes par Morton et Frith dans le cadre de la modélisation causale[12][13]. Il est possible que certains chercheurs en neurosciences moléculaires et cellulaires aient besoin d’un rappel des limites d’une approche biologique purement réductionniste, et de la contribution cruciale des sciences cognitives à la compréhension du cerveau. Mais la psychanalyse est la dernière chose dont ils aient besoin. La science de l’esprit humain existe déjà, c’est la psychologie. Pour la plupart des psychologues contemporains[b], la psychanalyse n’est qu’une école de la psychologie : une école tombée en désuétude, dont les hypothèses étaient soit triviales, soit non réfutables, soit ont déjà été réfutées. Et la nouvelle science de l’esprit/cerveau (incluant les sentiments subjectifs, les émotions, et les relations sociales) existe déjà : elle se trouve à l’interface bouillonnante entre la psychologie et les neurosciences. Alors, quel est l’intérêt de renommer « neuropsychanalyse » ces recherches scientifiques fructueuses ? Est-ce que ce n’est pas simplement une tentative de réhabiliter la psychanalyse en lui accolant un préfixe à la mode, et en lui attribuant les mérites d’autres disciplines ?

Il ne s’agit pas d’une dispute futile au sujet d’un mot. La psychanalyse n’est pas juste un ensemble d’idées inoffensives d’où l’on peut tirer inspiration et rêveries philosophiques. Pour s’en rendre compte, il peut être utile de rappeler la situation des pays où elle constitue encore le cœur de la psychologie et de la psychiatrie, et où elle guide à la fois la théorisation et la pratique clinique. En France, par exemple, les pédopsychiatres formés à la psychanalyse rejettent les classifications internationales des troubles mentaux en faveur de leur propre classification unique au monde[14][c] ; retardent le diagnostic de l’autisme ou lui substituent un diagnostic psychanalytique tel que « psychose infantile »[d] ; retardent ou empêchent toute forme d’intervention éducative ; pratiquent à la place des formes de psychothérapie analytique dont l’efficacité n’est soutenue par aucune donnée factuelle[e] (dont certaines particulièrement discutables comme le packing[15]) ; rejettent sur les parents la responsabilité des troubles neurodéveloppementaux de leurs enfants[f] ; et peuvent aller jusqu’à attaquer en justice une réalisatrice qui ose exposer leurs idées sur l’autisme[16][g]. Dans le contexte d’une contestation de plus en plus importante de leur autorité, les psychanalystes français se délectent de tout signe d’intérêt pour la psychanalyse manifesté par un neurobiologiste reconnu mondialement. Ses déclarations sont alors instrumentalisées dans l’espoir de retarder toute évolution de la psychologie et de la psychiatrie françaises pour quelques années de plus, constituant ainsi de nouveaux obstacles sur la voie d’une psychiatrie fondée sur des preuves. Les patients le payent au prix fort.

Je n’ai aucun doute que les scientifiques renommés que j’ai cités condamnent tous ces abus, et montrent un soutien sans faille à la psychologie et à la psychiatrie fondées sur des preuves. Mais ils devraient réfléchir à deux fois avant de faire des déclarations pouvant être interprétées comme une réhabilitation de la psychanalyse (à moins qu’ils n’aient de nouvelles données éblouissantes à révéler, bien entendu). Ils doivent être conscients de toutes les conséquences entraînées par le fait de préserver à tort la popularité de la psychanalyse. Ils doivent être conscients qu’ils seront enrôlés malgré eux dans la défense de pratiques diagnostiques et thérapeutiques indignes, au détriment des patients, même si cela se passe dans des pays éloignés.

Si la psychanalyse doit être réhabilitée, il faudra que ce soit sur la base de ses propres mérites. Il ne suffit pas qu’une recherche expérimentale mette à jour l’influence de certaines expériences précoces, détermine les bases cérébrales des processus inconscients, ou encore décode le contenu des rêves grâce à la neuro-imagerie, pour que cela confirme les idées psychanalytiques, même si Freud s’intéressait aux mêmes questions. Ce qu’il faudra, c’est montrer : (1) que certains concepts centraux de la psychanalyse (comme le complexe d’Œdipe, les stades psychosexuels, ou encore le sens symbolique des rêves) peuvent maintenant être définis avec suffisamment de précision pour faire des prédictions claires et testables, que ces prédictions sont effectivement correctes, et que les données ne sont pas mieux expliquées par d’autres théories plus simples ; ou que (2) les théories psychanalytiques des causes de certains troubles mentaux sont correctes et font des prédictions plus précises que les autres théories ; ou peut-être que (3) les thérapies psychanalytiques ont prouvé quelque efficacité pour certains troubles, pour des raisons spécifiques aux concepts psychanalytiques. Mais aucun des auteurs cités n’a fourni la moindre indication en ce sens. Trouver simplement de l’inspiration dans les écrits de Freud et faire de vagues analogies entre les concepts psychanalytiques et les résultats des neurosciences ne saurait suffire.

Franck Ramus
Laboratoire de Sciences Cognitives et Psycholinguistique
Ecole Normale Supérieure, EHESS, CNRS, Paris, France.

 

Notes spécifiques à la traduction française



[a] Comme toute traduction, celle-ci est imparfaite et ne parvient pas totalement à restituer les nuances de la version originale. Si vous avez des critiques à formuler, merci de commencer par vérifier la version anglaise pour éviter tout contresens.
[b] Rappelons que cet article s’adresse à une audience internationale. Quand je parle de la plupart des psychologues contemporains, je sous-entends « dans le monde », pas en France bien entendu. Je suis bien au courant qu’en France cette affirmation est totalement invraisemblable.
[c] Ramus, F. (2012). Peut-il y avoir une exception française en médecine? LeMonde.fr, 26/09/2012.
[d] Voir par exemple le sondage du site Doctissimo rapportant l’âge moyen du diagnostic en France.
[e] Pour s’en convaincre, on peut lire le rapport de la HAS qui fait l’inventaire exhaustif des données factuelles sur la prise en charge des enfants autistes.
[f] Pour ceux qui ont gobé la fable selon laquelle les psychanalystes n’accusent plus les mères, je recommande l’interview off d’Esthela Solano sur le site de l’Express, ou ce texte de Charles Melman, ou encore l’indépassable Françoise Dolto (ici et ).


 

Références


[1] Panksepp J, Solms M. What is neuropsychoanalysis? Clinically relevant studies of the minded brain. Trends Cogn Sci 2012; 16: 6–8.
[2] Kandel ER. A new intellectual framework for psychiatry . Am J Psychiatry 1998; 155:457–69.
[3] Laufer E (ed.) The Psychoanalytic Review Special Issue. On the Frontiers of Psychoanalysis and Neuroscience: Essays in Honor of Eric R. Kandel. Guilford Press, 2012.
[4] Damasio AR. Neuroscience and psychoanalysis: A natural alliance. Psychoanal Rev 2012; 99: 591–4.
[5] LeDoux J. Afterword. Psychoanal Rev 2012; 99: 595–606.
[6] LeDoux JE. The Emotional Brain: The Mysterious Underpinnings of Emotional Life. Simon & Schuster, 1996.
[7] Kandel E. The Age of Insight: The Quest to Understand the Unconscious in Art, Mind, and Brain, from Vienna 1900 to the Present. Random House, 2012.
[10] Esterson A. Freud returns? Butterflies & Wheels, 3 May 2004.
[11] Marr D. Vision: A Computational Investigation into the Human Representation and Processing of Visual Information. W.H. Freeman, 1982.
[12] Morton J, Frith U. Causal modeling: a structural approach to developmental psychopathology. In Developmental Psychopathology Volume 1: Theory and Methods (eds D Cicchetti, DJ Cohen): 357–90. Wiley, 1995.
[13] Morton J. Understanding Developmental Disorders: A Causal Modelling Approach. Blackwell, 2004.
[14] Misès R (ed.) Classification française des Troubles Mentaux de l’enfant et de l’adolescent R-2012: Correspondances et Transcodage – CIM10 (5e édition). Presses de l’EHESP, 2012.
[15] Amaral D, Rogers SJ, Baron-Cohen S, et al. Against le packing: a consensus statement. J Am Acad Child Adolesc Psychiatry 2011; 50: 191–2.
[16] Jolly D, Novak S. A French film takes issue with the psychoanalytic approach to autism. The New York Times, 19 Jan 2012.

41 commentaires:

  1. C'est absolument impressionnant de voir tout l'enrobage pseudo scientifico-rigoriste que vous mettez, pour nous ramenez vos vielles rengaines sur votre méconnaissance et rejet de la psychanalyse... Est-ce bien la peine de passer par le détour du faux sujet de la neuropsychanalyse pour déverser votre catalogue de critiques hautement contestables de la psychanalyse?

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    1. Je vois que l'été n'a pas apporté de nouveaux arguments sur le fond.

      En fait cet article sur la neuropsychanalyse n'est pas juste un prétexte de plus pour se moquer de la psychanalyse. Les opinions sur l'une et sur l'autre peuvent être assez indépendantes. Certains sont favorables à la psychanalyse mais pas à la neuropsychanalyse: c'est le cas de beaucoup de psychanalystes qui pensent que le cerveau est non pertinent pour les troubles mentaux (notamment ceux de l'ECF, d'après ce que j'en ai lu). D'autres ne prennent pas la psychanalyse très au sérieux, mais trouvent que la neuropsychanalyse est une piste intéressante: c'est le cas notamment des neurobiologistes que je cite dans l'article, et de plein d'autres qui ne connaissent rien à la psychologie et qui confondent psychologie et psychanalyse par ignorance. Ce sont mes collègues, et c'est à eux que cet article s'adresse, pas aux lacaniens endoctrinés qu'aucun argument rationnel ne peut ébranler.

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    2. Rien de neuf sous le blog, le monologue de sourd continue...
      Les arguments rationnels sur la forme, limités aux chiffres, avec des protocoles et des statistiques, voilà votre monde... ça change pas, il faudrait se remettre en cause... C'est cela qui est figé ici.
      On regarde sous le lampadaire et on prend la position du témoin à qui il faut démontrer l'efficacité...
      Mais si on explique qu'il y a d'autres moyens, qu'il faut se faire une autre culture, ah non! Qu'on m'apporte la preuve...
      Moi, je sais biaiser un minimum avec des chiffres, et puis je travaille avec les chiffres. Le reste n'est que chimère...

      Je ne cherche pas à en remettre un couche sur les psychanalystes, juste à mettre en garde mes collègues qu'ils font fausse route... Enfin, la vrai remarque, c'est qu'à étudier la psychanalyse avec si peu de rigueur, c'est leur compétence de scientifique qui est à remettre en cause, pas le fait qu'ils se leurrent sur la psychanalyse en particulier...

      Psychanalyse et psychologie n'ont rien à voir... tout le monde le sait. Il y a des psychologies, des modèles théoriques. Et la psychanalyse, une discipline, une pratique...

      Bref, tant qu'on a pas trouver un gars qui a du temps à perdre pour montrer qu'il y a plus de 30% de gens qui font monter leur curseur sur une échelle chiffrée, votre pseudo rationalité restera inébranlée...

      Comment évalueriez vous qu'un livre est réussi? par le nombre de lecteurs contents?

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    3. "Mais si on explique qu'il y a d'autres moyens, qu'il faut se faire une autre culture, ah non!"
      On en revient toujours à la même question d'une possible épistémologie alternative: selon vous, il existe une autre manière d'acquérir la connaissance, que les scientifiques refusent de voir.

      En fait je ne suis pas nécessairement opposé à des épistémologies alternatives. Mais le minimum que l'on puisse demander à une épistémologie alternative, c'est de montrer comment elle permet d'acquérir des connaissances justes. C'est-à-dire, comment elle parvient à distinguer l'hypothèse préférée des hypothèses alternatives. Dans le domaine clinique, comment elle parvient à déjouer les biais et les leurres que j'ai expliqués en long et en large, qui font que les cliniciens qui observent leurs patients courent de grands risques de tirer des conclusions erronées.

      Parce que des épistémologies alternatives, il y en a des paquets qui sont proposées: la voyance par les boules de cristal, le marc de café, l'astrologie, la communication avec les morts etc., ce sont toutes des épistémologies alternatives qui prétendent être un autre moyen d'accéder à la connaissance. On ne va tout de même pas accepter toutes leurs prétentions sans vérifier si elles font des prédictions correctes, n'est-ce-pas?

      C'est tout ce qu'on demande à la psychanalyse: montrez d'une manière convaincante (sans a priori) à des gens rationnels que ce que vous racontez est plus juste que ce racontent les voyants, les marabouts et les médiums.

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    4. Pour une argumentation plus détaillée de ce qu'on peut raisonnablement demander à toute épistémologie, voir l'excellent article de Jean Bricmont "Comment peut-on être positiviste?": http://www.dogma.lu/txt/JB-Positiviste.htm

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    5. "Psychanalyse et psychologie n'ont rien à voir... tout le monde le sait. Il y a des psychologies, des modèles théoriques. Et la psychanalyse, une discipline, une pratique..."

      Ca, c'est vous qui le dites. Comme s'il n'y avait pas de modèles théoriques en psychanalyse, et de pratique en psychologie!
      Parlez-en aux centaines d'enseignants-chercheurs en psychologie qui ressassent les vieilles lunes psychanalytiques dans leurs cours à la fac de psycho. Eux, visiblement, ils voient un lien (quand ils ne croient pas carrément que la psychologie se réduit à la psychanalyse).

      Pour le reste du monde, la psychanalyse et la psychologie ont le même objet (l'esprit humain, ses mécanismes, ses défaillances, et les manières d'y remédier), et la psychanalyse n'est qu'une école de pensée au sein de la psychologie.

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    6. Les centaines d'enseignants chercheurs qui se leurrent, ça ne m'intéresse pas... On ne va pas faire de la science avec de la démocratie tout de même...
      Idem pour le "reste du monde"...
      La psychologie, ce sont des approches figées, qui se figent à chercher à proposer des visions de l'homme à valider statistiquement (ou autrement)
      La psychanalyse ne fige pas. Elle suit la mobilité de chaque être, et en particulier en ceci qu'ils ne sont pas prévisibles et réduisibles à des modèles validés pour le nombre...
      Mais ce que je dis n'a aucun intérêt ici. Vous partez de l'hypothèse inverse... alors que c'est cette hypothèse qu'il est intéressant de mettre en cause...
      mais, j’arrête, je suis hors cadre de ce blog, le tir à vue sans compréhension, s’autoproclamant la rigueur incarnée... et incontestable.

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    7. En complément de l'article de Bricmont, je renvoie aussi à cet article qui réexplique ce qu'est la science:
      http://blogs.univ-poitiers.fr/n-yeganefar/2013/09/07/a-propos-de-la-science-et-de-la-methode-scientifique/

      Il va de soi que quand je me réfère à la science, il s'agit de la 4ème définition, celle de la méthode scientifique. Si l'on veut promouvoir une méthode différente, il faut juste expliquer comment elle parvient à établir des connaissances objectives, vérifiables, malgré tous les obstacles bien connus.

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  2. La rationalité de la forme, c'est votre dada. Les chiffrages, les procédures, les statistiques, le placebo...

    Pour évaluer si un livre est un bon roman, facile, on l'envoi à 1000 lecteurs, avec un questionnaire établi raisonnablement, on envoi un roman de référence, validé par les pairs, avec le même questionnaire à 1000 autres, et on note...
    Ces endoctrinés sont vraiment inébranlables, c'est si simple d'être rigoureux...

    LA vrai remarque à faire, c'est que si vos collègues sont capables de se laisser leurrer par ce qu'ils appellent psychanalyse comme vous le décrivez, ils ne méritent pas vraiment leur salaire de scientifique... Et leurs manque de compétence n'a certainement pas attendu qu'ils s’attèlent à la psychanalyse pour se révéler...

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    1. J'ai choisi d'interpeller ces chercheurs précisément parce que leur compétence dans leur domaine est incontestable (pour quiconque connaît un minimum les neurosciences). Evidemment leur compétence ne tient pas à des connaissances dans le domaine psychanalytique. S'ils se laissent séduire, c'est sans doute parce que cela se situe en dehors de leur domaine d'expertise: parce qu'ils ignorent la psychologie, ou parce qu'ils ignorent les travaux sur l'histoire de la psychanalyse et l'étendue des fraudes freudiennes.

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    2. Ouais, vous tournez les choses pour que ça vous arrange. La vérité, c'est que s'ils se laissent séduire, c'est qu'ils ne sont pas bien rigoureux... et que ça donne donc du recul sur leur soi-disant incontestabilité... Ou alors, ils ont compris quelque-chose de la psychanalyse que vous n'avez pas compris. Mais je suis hors sujet. Votre sujet est le tir à vue...

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  3. Voilà, je suis encore hors sujet, je vous donne un teasing sur le thème "la science ne peut pas tout, mais il y a d'autres approches qui peuvent la compléter". Complètement hors sujet puisque pour vous, c'est "la science ne peut pas tout, mais on y travaille"...
    "Partir de l’idée qu’un corps se construit
    à partir du symptôme, c’est rompre
    avec l’approche naturaliste du corps réduit
    à l’organisme. En effet, réduire le corps
    à une machine et ses comportements, c’est
    penser qu’il obéit aux mêmes lois universelles
    et nécessaires que celles que la science a découverte
    dans la nature.
    Le symptôme tel qu’il se présente en psychanalyse
    objecte à cette perspective et permet
    clairement de constater qu’il y a un réel autre
    que celui de la science. Freud, installé dans l’esprit
    de cette tradition scientifique, a reconnu
    l’impasse d’une psychanalyse qui aborde le
    symptôme sous le seul angle de la vérité en
    laissant de côté sa dimension de jouissance. Lacan
    en faisant du symptôme un « évènement de
    corps » nous amène à explorer un autre réel que
    celui de la tradition scientifique.
    Dire qu’un symptôme est un « événement de
    corps » c’est reconnaître qu’un corps se
    construit à partir d’une rencontre contingente.
    Si cette rencontre est contingente c’est qu’il n’y
    a aucune loi naturelle qui aurait pu prévoir l’impact
    de certaines paroles sur le corps.
    Freud approchait ce point par le traumatisme
    terme qui dramatise ce qui est pourtant le plus
    commun de l’humain. En effet tout sujet témoigne
    de ce qui pour lui fut marquant c’est à
    dire imprévisible et énigmatique. C’est dans le
    symptôme, plus que dans notre image, que
    nous pouvons cerner ce qui constitue notre
    singularité. Plus qu’un corps étranger, le symptôme
    fait partie de la personnalité. Le symptôme
    obsessionnel en donne l’idée. C’est la raison
    pour laquelle il faut encore pouvoir l’identifier,
    le détacher."

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    1. Ce serait intéressant de savoir ce que vous pensez de ces lignes...
      Par exemple "il n’y a aucune loi naturelle qui aurait pu prévoir l’impact de certaines paroles sur le corps."
      On peut sans doute s'en convaincre par notre expérience individuelle, mais ce n'est pas une démonstration, ça peut être, a priori, de l'obscurantisme, on est d'accord.

      Ceci dit, ça bouleverse complètement la manière d'appréhender les êtres humains, le cerveau, et donc la thérapie.
      Faut-il risquer de passer à côté?
      Si c'était vrai, ce serait dommage, pour en tirer des conséquences, d'attendre toutes les avancées de la science qui démontreraient cette assertion par observations et expériences sur le cerveau. Quelle complexité... On en est loin...
      Sachant, qu'entre temps, on ferait fausse route.

      Alors?

      Dans tout votre discours, j'ai l'impression que vous être prêt à ignorer des assertions qui pourraient s'avérer fondamentales, avec fatalisme : tant qu'on n'a pas les moyens, ou qu'on ne se les donne pas, on ignore... Et donc, potentiellement, on travaille sur des hypothèses fausses et on fait du mauvais travail, ou peu efficace, qui se révélera peut-être à lui-même un jour, avec l'avancée de la recherche;

      Vous allez me dire que non, les scientifiques font des hypothèses pour démontrer des choses, et que seulement ensuite, on ne prend que ce qu'on a démontré vrai pour travailler. Donc, c'est peut-être peu, mais c'est démontré.

      Sauf que l'assertion ci-dessus ne fait pas partie des assertions discutées. Elle est prise fausse par hypothèse par la science. Donc si elle est vraie, tout ce que la psychologie scientifique démontre n'est pas forcément valable...

      De plus, si cette assertion est vraie, il faut changer de méthodologie, puisqu'on ne trouverait jamais de loi démontrable scientifiquement pour étudier l'effet de certaines paroles sur le corps. Et puis, on ne pourrait pas faire de protocole reproductible, car, ces paroles qui ont de l'effet sur le corps, on ne peut les identifier qu'à postériori pour un sujet en particulier, par des effets constatés (et encore faut-il faire attention, d'autres effets sont sûrement en jeu en même temps) et pas à l'avance pour les tester...

      Et pourtant, tous les jours, dans des cabinets d'analyse, on observe que certaines paroles, dites à un moment donné, à une personne donnée, ont un effet curatif durable. Et d'ailleurs, un effet curatif distinct de la suggestion...

      Alors, que fait-on? On continue d'ignorer ces effets bénéfiques car ils ne sont pas sous le lampadaire de la science? Hmmm...

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    2. C'est un cas d'école amusant que vous proposez, qui ne bouleverse évidemment absolument rien.

      Pour commencer, évacuons un point sémantique: il n'y a (selon moi) aucune "loi naturelle". Le monde n'est pas régi selon des lois. Les lois sont un concept humain, seuls les hommes en écrivent. Ils ne "découvrent" pas des lois pré-existantes (qui auraient été écrites par qui?). Autrement dit, je ne suis pas platonicien et je pense que c'est une position qui n'est plus tenable aujourd'hui, c'est une forme de mysticisme.

      Si les physiciens parlent parfois de lois pour décrire leurs travaux, c'est un abus de langage. Ce ne sont que des modèles imparfaits qui fournissent des descriptions approximatives du réel. Mais en fait il n'existe pas plus de "lois naturelles" en physique qu'en biologie ou en psychologie.

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    3. Une fois la question de la loi naturelle évacuée, on peut comprendre votre phrase d'au moins deux manières:
      Version forte: il est impossible de prévoir l'impact de certaines paroles sur le corps.
      Version faible: l'approche scientifique de l'être humain est incapable de prévoir l'impact de certaines paroles sur le corps.
      Et par ailleurs il y a une ambiguité sur l'interprétation de "certaines", (aviez-vous des paroles particulières en tête?) mais laissons cela de côté.

      La version faible est facile à réfuter, et donc a fortiori la version forte.

      Pour donner quelques exemples triviaux (qui ne nécessitent pas des connaissances très pointues en sciences cognitives), je peux prédire que si je vous dis certaines paroles en face, les vaisseaux de votre visage ainsi que vos pupilles vont se dilater, votre rythme cardiaque et respiratoire va s'accélérer, vous allez transpirer, etc., et je peux même prédire dans une certaine mesure ce que vous allez me répondre et le geste que vous risquez de faire dans ma direction. Si je vous dis autre chose, votre diaphragme va se contracter de manière rythmique, bref, vous allez rire...

      Avec quelques connaissances on peut prédire des choses un peu moins triviales, comme les régions du cerveau dans lesquelles les neurones vont se mettre à décharger plus fort (et les altérations concommittantes de l'oxygénation et du débit sanguin). Le cerveau, ça fait bien partie du corps, n'est-ce-pas? Je peux prédire que si je vous parle de piano, les neurones de votre cortex moteur contrôlant les mains vont s'activer, alors que si je vous parle de football ce seront les neurones contrôlant les pieds, et si je vous parle de peinture ce seront des neurones du cortex visuel. Je peux prédire que si vous dis certaines choses vous faisant peur, votre amygdale va s'activer, vos pupilles vont se dilater, certains muscles de votre front vont se contracter et relever vos sourcils, etc... Alors que si je vous dis des choses qui vous mettent en colère ce sont d'autres muscles qui vont se contracter. Et si je vous évoque quelque chose de particulièrement dégoûtant, c'est votre insula qui va s'activer, d'autres muscles qui vont se contracter, et cela va également déclencher un certain nombre de sécrétions dans votre estomac.

      Bien entendu, mes prédictions ne seront pas parfaites, et il existe des contenus de parole pour lesquelles elles seront beaucoup moins spécifiques. Mais au moins nous disposons de méthodes et d'instruments de mesure (IRMf, EEG, électromyographie, conductance cutanée, biochimie, etc.) permettant d'évaluer la précision de mes prédictions. On peut trouver tout cela extraordinaire ou totalement banal, et effectivement, vu sous un certain angle, l'influence des paroles sur le corps est quelque chose de terriblement banal. Donc si vous avez conçu votre phrase comme étant un challenge insurmontable pour la science, c'est vraiment à côté de la plaque.

      Si vous vouliez dire que les prédictions scientifiques sont beaucoup moins bonnes que celles qui peuvent être faites par une autre approche (à savoir la psychanalyse), fort bien. Quelles sont les prédictions précises faites par la psychanalyse dans ce domaine? Nous disposons de tous les éléments pour les évaluer, et pour comparer la précision des prédictions faites par les différentes approches. Mais je suis étonné que vous vous aventuriez sur le terrain de la prédiction, car c'est un terrain scientifique, sur lequel la psychanalyse est en situation de grande faiblesse (on a déjà parlé de validité prédictive sur ce blog).

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    4. Ah, si vous trouvez que rien n'est bouleversé, c'est que avez mal lu ou que c'est mal expliqué (par le texte ou par moi). Ça me parait pourtant assez clair. Mais on voit effectivement que votre réponse reste du côté qui n'a pas entendu ce que j'essaie de dire. Essayons mieux...

      Pour ce qui est de la loi naturelle ou du modèle, c'est intéressant, je n'y avais pas vraiment réfléchi. Il y a sans doute des implications ou présupposés bien différents, mais, dans le cas qui nous occupe, on peut très bien s'entendre sur le fait que les "loi naturelles" sont des modèles largement valides. On peut y inclure ce que vous décrivez longuement sur l'effet de paroles sur le corps, avec sudations, sécrétions, contractions, activations de glandes... extraordinaire ou banal, oui, bon, c'est effectivement une mécanique incroyablement complexe et en même temps très coutumière.

      Là n'est pas le propos du texte.

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    5. "Et par ailleurs il y a une ambiguïté sur l'interprétation de "certaines", (aviez-vous des paroles particulières en tête?) mais laissons cela de côté.

      La version faible est facile à réfuter, et donc a fortiori la version forte."

      Le point crucial est effectivement "certaines". Ne le laissons pas de côté, justement... Relisez le texte.
      Il n'est pas question de prédiction, mais d'impossibilité de prédiction.
      Donc votre catalogue de réactions prédictibles n'est pas une réfutation de l'assertion (je veux bien que vous trouviez à réfuter, mais là, votre argumentation ne vise pas l'assertion, en tout cas telle que le texte veut le dire). On ne met pas en cause tout ce que la science a mis et mettra en évidence sur les effets que vous décrivez. C'est passionnant de voir tout ce qui est derrière nos comportements qui nous semblent communs, mais ce n'est pas l'objet ici.

      L'idée est de dire que dans la vie d'une personne, il va y avoir certaines paroles, issues de certaines rencontres, qui vont avoir des effets imprévisibles (y compris par les psychanalystes, c'est là que vous faites fausse route sur mon propos qui n'est pas la prédiction).

      Qu'entend-on par imprévisible? Imaginez la vie complète d'une personne jusqu'à un moment donné. Influences multiples, inné acquis, génome, environnement, développement cognitif, etc. Vous saurez compléter mieux que moi.
      Et, à ce moment donné, une parole, de quelqu'un qui est là par hasard (enfin, hasard... disons rencontre contingente), et bien ça va avoir un effet chez cette personne en particulier, qui n'aura aucun rapport avec l'effet qu'elle aurait pu avoir sur quelqu'un d'autre... C'est assez dur de prendre un exemple... disons, pour caricaturer, un coup de foudre. Un coup de foudre parce qu'une personne, qui n'a rien d'extraordinaire, mais qui est cette personne à ce moment, a dit quelque-chose d'également assez banal, à une autre personne, banale aussi, mais, cette personne, cette autre, à ce moment donné, dans ce contexte particulier, on ne sait pas pourquoi, ça va les toucher particulièrement, dans leur être, ça va les bouleverser.
      Ils ne savent pas dire ce qui s'est passé, mais ils sont bouleversés, changés. L'instant d'après, leur "monde" n'est plus le même.
      On a des exemples bien plus parlant dans la littérature. Choisissez vos exemples à vous.
      Alors oui, on est en dehors des modèles habituels. Car on peut toujours concevoir que ce n'est qu'une chaine de causes et d'effets, mais on est plutôt du côté du chaos, du battement d'aile de papillon dont on ne peut prédire l'effet à l'autre bout du monde.
      Et, si je ne me trompe pas sur la théorie du chaos que je choisis pour illustrer mon propos, la prévision est impossible tellement il y a de variables et tellement les effets peuvent diverger pour de très petites variations sur les hypothèses...

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    6. Donc, imprévisible (par la science ou toute autre discipline), mais constatable.

      Donc ou est le renversement?

      La science ne parle que de ce qui est reproductible et testable et bute donc sur "certaines paroles" ou "certaines rencontres". A moins que vous ne voyez là à redire?
      Donc la science va délaisser ces cas d'espèce et ne va s'occuper que du reste.
      Quand on dit que la subjectivité est délaissée par la science, c'est de cela qu'il s'agit.
      Avec l'approche scientifique, le thérapeute est en position de "sachant" et a un discours "voilà comment ça se passe, c'est décrit par les théories démontrées et je vais vous aider à partir de cela. Je sais qu'avec l'ensemble du tableau clinique que vous présentez, telle et telle méthodes produisent des résultats positifs, et je vais vous les administrer ou vous les enseigner".
      C'est ce que la psychanalyse appelle "le discours du maitre".
      Mais on voit bien que, même si la science a pris le soin de prendre en compte "les coups de foudre", il ne prend pas en compte celui-ci précisément.

      C'est là que la psychanalyse prend le relais et écoute, du mieux qu'elle peut (et il n'y a rien de magique), ce qui s'est passé, d'absolument unique au monde à ce moment là pour cette personne là. Oui, il y a des traits communs avec d'autres expériences d'autres personnes (c'est ce dont la science va s'occuper), mais la psychanalyse s'intéresse en particulier ici à ce qui n'est PAS reproductible. "Qu'est-ce qu'il y a de particulier et qui n'est pas reproductible pour un autre?"

      Autrement dit, pour être très clair, la psychanalyse va délibérément s'interroger sur ce qui pourrait échapper à la science dans cette expérience particulière.

      Ensuite, j'abrège, mais on peut y revenir si vous le souhaitez, la psychanalyse a élaboré des concepts pour rationaliser tout ce qui échappe à la science. Et il se trouve que tout ceci s'avère fondamental pour la personne (le patient) dont il est question, que ça va lui permettre de se construire, de se "traiter", de résoudre ses problèmes d'une manière unique et non reproductible à une autre personne.

      J’arrête ici car toute la suite, le concept de jouissance, de "symptôme" en psychanalyse qui n'a que peu à voir avec le terme courant de symptôme, en découle. Il faut donc, si on veut en parler, que l'on soit d'accord sur ce que je viens de tenter d'exposer...

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    7. Pour une fois, je pense vous suivre. Mais je ne crois pas qu'une affirmation radicale comme "c'est impossible à prévoir" ou "ça échappe nécessairement à la science" soit de mise. C'est juste extrêmement compliqué, du fait du très grand nombre de facteurs qui entrent en jeu. Mais en principe, si on avait la connaissance du génome de la personne, et de toute son histoire passée, et si on avait la compréhension de la manière dont tous ces facteurs interagissent, on pourrait prédire ce qui va se passer suite à telle rencontre, telle parole. Il n'y a aucun obstacle de principe. Il y a juste des obstacles pratiques qui sont immenses, et qui ne seront sans doute jamais totalement surmontés par nous autres pauvres humains.

      Donc on peut se gausser de cet échec de la science (qui est avant tout un échec de l'humain avec son cerveau et ses moyens d'investigation limités), mais on attend au tournant les petits malins qui prétendent qu'ils peuvent faire mieux.

      La psychanalyse, comme d'autres approches, va produire une narration et une interprétation de l'histoire de la personne. Est-ce que la narration et l'interprétation produites par la psychanalyse ont un pouvoir explicatif (de ce qui arrive à la personne) plus grand que ce qu'en disent le curé du coin, ma grand-mère, ou mon voisin de comptoir? C'est une question testable. De même, est-ce qu'elles permettent de mieux aider les gens que d'autres approches? C'est une autre question testable.

      A défaut d'être capable de prédire véritablement ce qui se passe dans la vie des gens, la méthode scientifique permet au moins de tester et de départager les différentes approches qui prétendent le faire.

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  4. Une mise en perspective intéressante d'Esteve Freixa y Baqué:
    http://freixa.over-blog.com/article-neuro-psychanalyse-kesako-119894632.html

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    1. Mais qui vous contredit... La neuro-psychanalyse serait une tentative de réhabilitation de la psychanalyse par ses défenseurs... Vos collègues incontestables essaient de la défendre?

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    2. Ce texte est très bien, et aussi amusant, mais voir dans "cogito ergo sum" de l'obscurantisme médiéval est idiot.

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    3. Tout les gens qui soutiennent une idée ne le font pas nécessairement avec les mêmes motivations!

      La neuropsychanalyse est certainement une tentative de réhabilitation de la psychanalyse de la part de certains psychanalystes comme Mark Solms. Ce courant étant lancé, il peut séduire des neurobiologistes dont ce n'était pas l'objectif.

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    4. Et je suis d'accord que la lecture de Descartes par Freixa est quelque peu abusive...

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  5. Je signale aussi le blog de Laurent Vercueil sur la neuropsychanalyse:
    http://neuropsychanalyse.net/

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  6. Il y a maintenant des lettres en réponse à mon article:
    http://bjp.rcpsych.org/content/203/3/170.abstract?eletter

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  7. Il ne peut pas y avoir d'épistémologies "alternatives". Un corpus théorique donné ne peut pas faire son "épistémologie maison" qui lui épargne le verdict des nécessités de l'objectivité, de la vérité objective, et de sa tentative d'approche. Pour appréhender toute choses en ce monde, et y compris dans l'univers, l'être humain a besoin de théories, de préjugés, a priori. Tout le monde sait cela, ici, je pense.

    Il est démontrable et démontré, par K. Popper, que la construction de toute connaissance ayant prétention à l'objectivité passe par une logique. Et cette logique, aucun corpus théorique qui souhaite approcher la vérité objective, ne peut y échapper. De cette façon-là, puisqu'il n'y a qu'une seule épistémologie qui soit concevable de telle sorte qu'elle garantisse au mieux son rôle d'évaluation des corpus théoriques et de leurs prétentions scientifiques ou seulement objectives, il n'y a, en réalité qu'une seule méthode scientifique. Tout cela est démontrable et justifiable avec des arguments fondés sur la logique, donc des arguments indiscutables, n'en déplaise aux lacaniens ou à tout autre psychanalyste.

    Les psychanalystes prétendent toujours que leurs théories sont privilégiées pour une approche de "l'humain" dans sa dimension "psychique" (pour dire vite), mais préférons psychologique, ce sera plus général. Nous avons vu des psychanalystes très en vue comme Daniel Widlöcher prétendre encore que la situation de la cure serait un "laboratoire" pour soi-disant "valider" les théories de la psychanalyse.

    Mais, au moins depuis Adolf Grünbaum (qui selon nous se trompe tout de même sur le fait que la psychanalyse serait réfutable), nous savons que la situation de la cure ne peut, en aucun cas, être une situation épistémiquement valide pour corroborer ou réfuter les théories de la psychanalyse. Pourquoi ? Voici au moins une raison : le "chercheur" se trouve en contact permanent avec ce qui est supposé être son objet possible (...?) de "recherches" à savoir l'inconscient de son patient. Il ne peut absolument pas y avoir autre chose que de la suggestion pendant une cure analytique, étant donné que tout se fonde sur la parole, sur des silences "orientés", sur des gestes etc., etc. (Cf. Nathan STERN, in "La fiction psychanalytique", notamment).

    A ce jour, et selon nous, la psychanalyse n'a été en mesure de ne fournir strictement aucune preuve digne de ce nom de, non seulement la valeur descriptive de ses théories, mais évidemment, de leur valeur explicative et prédictive.

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  8. Je comprends qu'inclure la psychanalyse avec une démarche purement scientifique, ou devrais-je dire objective, puisse provoquer quelques hauts le cœur à certains positiviste de la pensée. Néanmoins, il est tout à fait clair que dans le domaine de la subjectivité, on ne peut méconnaître l'extraordinaire dénuement des sciences cognitives. Leur objet de pensé est tellement morcelé qu'il conduit à concevoir l'humain à travers une constellation de machineries indépendantes. Il me semble essentielle d'amener sur ce point deux remarques: il faut admettre que les règles scientifiques applicables aux sciences dures ne peuvent s'appliquer aux sciences humaines. Pourquoi? Pour la même raison que les sciences cognitives ne peuvent proposer de modélisation de la subjectivité: le vivant ne suit pas les règles scientifiques applicables aux objets non vivant. L'extérieur et l'intérieur ne sont pas régies par les mêmes lois. Si on ne s'occupe que de l'extérieur en appliquant notre jugement de l'intérieur de la même manière par soucis d'objectivité, alors nous manquons la compréhension du vivant, pire, nous en sommes les dupes. En effet, croire que l'on atteint l'objectivité scientifique par des écrans, des instruments de mesure, c'est faire peu de cas de notre méconnaissance des influences internes qui gouvernent notre psychisme tout à loisir. Il n'y a qu'à rappeler le temps pas si éloigné de nous où les plus grands scientifiques mondiaux assuraient par l'observation et la mesure de la taille des crânes, l'infériorité des femmes et des africains. De quoi accuser ces brillants esprits voué à la science si ce n'est d'avoir été leurré par leur propre intériorité? Étaient ils pour autant de mauvais scientifiques? Ce qui revient un peu à dire que si ça ne passe pas par la porte, la fenêtre fait bien l'affaire. J'entends votre argument au sujet de la psychanalyse: l'observation déforme l'objet observé, elle est de partie pris en quelque sorte. Certes. C'est vrai, comme est faux l'immunité dont vous vous targuez avec vos filtres instrumentaux. Cependant, un véritable psychanalyste à derrière lui un long travail personnel de dégagement et de compréhension de son fonctionnement. Autrement dit, il fait l'expérience des règles internes qui régissent sa manière de pensée et d'être. Il en devient familier. La psychanalyse est avant tout une expérience de ces règles, une découverte de nos propres constructions psychologiques. Votre refus de l'intériorité n'est pas un gage d'objectivité. Il existe raisonnablement des arguments favorables à un rapprochement entre la psychanalyse et les neurosciences, notamment autour de l'inconscient. Pourquoi pas? Pourquoi condamner des échanges entre disciplines qui pourront peut-être ouvrir des perspectives de compréhension autre, même si cela ne vous bénéficie pas à vous directement? Croyez vous vraiment en votre impartialité...objective sur cette question? Personnellement je n'en crois rien. Arpagon ne serait pas plus soucieux de son or.....

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    1. "Néanmoins, il est tout à fait clair que dans le domaine de la subjectivité, on ne peut méconnaître l'extraordinaire dénuement des sciences cognitives. Leur objet de pensé est tellement morcelé qu'il conduit à concevoir l'humain à travers une constellation de machineries indépendantes."
      Voilà une bien curieuse vision des sciences cognitives. Si vous souhaitez vous informer sur ce qu'elles proposent dans le domaine de la subjectivité, je vous recopie ici quelques références issues d'un précédent billet (http://franck-ramus.blogspot.fr/2012/05/analyse-des-affirmations-du.html):
      L’étude des émotions, de l’attachement, et de l’humeur est un secteur particulièrement dynamique des sciences cognitives. Par exemple, dans l’encyclopédie de référence des neurosciences cognitives, la partie VIII, comprenant 9 chapitres, y est entièrement consacrée. (http://mitpress.mit.edu/catalog/item/default.asp?ttype=2&tid=11998&mode=toc)
      De nombreuses revues scientifiques sont consacrées au sujet, par exemple Cognition & Emotion (http://www.tandf.co.uk/journals/pp/02699931.html), ou encore Social Cognitive and Affective Neuroscience (http://scan.oxfordjournals.org/), ainsi que des livres de référence tels que Cognitive Neuroscience of Emotion (http://books.google.fr/books/about/Cognitive_Neuroscience_of_Emotion.html?id=A2s963AzymYC&;redir_esc=y) ou encore The Emotional Brain (http://books.google.fr/books?id=uUwUmhiXTMQC&;q=ledoux+joseph&dq=ledoux+joseph&hl=en&sa=X&ei=ep3AT6XvNYGw0QXys6W3Cg&ved=0CDQQ6AEwAQ).

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    2. "Il faut admettre que les règles scientifiques applicables aux sciences dures ne peuvent s'appliquer aux sciences humaines. Pourquoi? Pour la même raison que les sciences cognitives ne peuvent proposer de modélisation de la subjectivité: le vivant ne suit pas les règles scientifiques applicables aux objets non vivant."

      Cette affirmation est une pure pétition de principe. Elle est totalement contredite par le travail d'une importante proportion de chercheurs en sciences humaines, et par la totalité des chercheurs en sciences du vivant, qui appliquent jour après jour avec succès exactement la même démarche scientifique que les physiciens. Le vivant (et donc l'homme) est un objet de l'univers comme un autre, qui peut être étudié suivant la même démarche générale que les autres approches. Après, chaque objet pose des problèmes spécifiques qui peuvent contraindre l'investigation scientifique, c'est vrai en physique comme en sciences du vivant et en sciences humaines.

      Au passage je conteste vigoureusement l'opposition entre sciences dures et sciences molles. Il y a la démarche scientifique, qui peut être utilisée dans tous les domaines. Seuls les objets d'études et les méthodes varient d'un domaine à l'autre.

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    3. "L'extérieur et l'intérieur ne sont pas régies par les mêmes lois. "

      Encore une pétition de principe. Puisque vous en êtes si sûr, énoncez donc les "lois" de l'extérieur et les "lois" de l'intérieur, pour qu'on les compare.
      Personnellement, je ne connais pas de lois en science (y compris en physique, où c'est un abus de langage), il n'y a que des modèles.

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    4. "Si on ne s'occupe que de l'extérieur en appliquant notre jugement de l'intérieur de la même manière par soucis d'objectivité, alors nous manquons la compréhension du vivant, pire, nous en sommes les dupes. En effet, croire que l'on atteint l'objectivité scientifique par des écrans, des instruments de mesure, c'est faire peu de cas de notre méconnaissance des influences internes qui gouvernent notre psychisme tout à loisir."

      Justement, la démarche scientifique se caractérise par son scepticisme permanent à l'égard des données et de leur interprétation, en s'efforçant de prendre toujours en compte des hypothèses alternatives pouvant expliquer les mêmes données. Ce qui conduit les scientifiques à être très vigilants sur les biais qui peuvent être induits par les expérimentateurs (comme par les instruments).
      En particulier, la psychologie expérimentale est la discipline scientifique championne à ce genre de sport. Les chercheurs y sont particulièrement conscients du fait que leurs résultats peuvent être biaisés par des croyances ou des attentes à la fois du sujet et de l'expérimentateur, et déploient des trésors d'ingéniosité pour concevoir des méthodologies permettant de s'en affranchir, et pour concevoir de multiples conditions contrôles permettant de tester les hypothèses alternatives. Il n'y a pas d'immunité contre les biais, seulement des méthodes permettant de tester leur influence et l'hypothèse qu'ils puissent être responsables du résultat.

      Quel contraste avec la psychanalyse, où les croyances de l'observateur entachent tout, sans aucun contrôle et sans aucune méthode pour distinguer les hypothèses concurrentes. Le biais de confirmation est roi. Les psychanalystes peuvent toujours se targuer d'être extra-lucides et immunisés contre les biais grâce à leur formation, mais qui peut avaler une telle couleuvre?

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    5. Quand vous dites "je conteste vigoureusement l'opposition entre sciences dures et sciences molles. Il y a la démarche scientifique, qui peut être utilisée dans tous les domaines". Que voulez-vous dire par "démarche scientifique"?
      Deuxième point l'un des plus grands apports de la rupture qui est arrivée à la fin du XIXe. fut justement la distinction entre compréhension et explication, entre le positivisme (dont vous êtes un fervent supporteur) et l'anti-positivisme. Entre explications causales authentiques (nomologico-deductives et/ou probabilistico-déductives) des sciences natureslles, et explications téléologiques (y compris, les explications par rasions et explications cuasi-causales) des sciences de l'esprit (Geisteswissenschaften). La psychologie (et moi j'y inclus la psychanalyse) est coincée entre ces deux formes de explication, entre les démarches "scientifiques" des sciences naturelles, auxquelles vous adhérez, et vous considérez les seules et uniques, d'après ce que j'ai pu lire; et, d'un autre côté, les démarches qualitatives, herméneutiques, phénoménologiques, ethnographiques, etc., qui n'ont absolument rien à voir avec les autres (celles auxquelles vous adhérez). Et là on peut ajouter à ces dernières ce que l'on fait en philosophie: les études philologiques de textes, conceptuelles, historiques, épistémologico-conceptuelles, études de cas, groupes de discussion de cas, etc., etc. Comme vous voyez la psychologie et la psychanalyse n'ont pas à se plier à votre méthode positiviste pour être validées. Celle-ci n'est pas la seule ni la plus forte ni la plus VRAI ou la plus EXACTE, ni la moins biaisée ni la moins susceptibles à suggestion.

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    6. Troisième point, vous continuez, comme l'on fait et dit d'autres philosophes et psychologues ultra-positivistes, que la psychanalyse et ses méthodes sont bondées de suggestion, de biais, de croyances personnelles, et du coup tout ce qu'elles disent est faux ou ne tient pas, ou simplement est extrêmement douteux (encore à nouveau seul le regard en troisième personne et contrôlé doit régner!). Déjà alors, si l'on se tenait à ça il faudrait refonder toute la psychologie clinique et toutes les psychothérapies (il y en a tellement que certainement il y a du "biais de confirmation" partout; il y doit "être roi", comme vous dites). Pourquoi vous n'acceptez pas simplement qu'une partie de la psychologie est apparue et s'est forgée en dehors du positivisme, et que cela ne la fait moins valide ni dépourvue d'une cohérence et d'une logique, voire d'une utilité et d'une pratique valables. Si les expériences personnelles, tant en première personne (non-contrôlées) comme en deuxième personne (non-contrôlées et contrôlées, comme la psychanalyse et les autres psychothérapies) n'étaient pas une manière valide d'acquérir du savoir, alors aucune forme de psychothérapie (et je vous parle de psychothérapie, pas que de la psychanalyse) n'aurait aucune raison de principe, n'aurait aucune raison d'exister, parce que toutes (ainsi que leurs concepts) sont parties d'un travail intuitive, personnelle, puis collaborative, en groupe et finalement en écoles (ou les biais de confirmation est roi!!, comme vous dites). C'est le cas tant pour la psychanalyse comme pour les TCC ou les systémiques, etc. Déjà regardez ce que les TCC sont devenues, vous en avez des dizaines des méthodes et des versants (de première, deuxième et troisième génération, voire de quatrième génération, et l'on les utilise toutes aujourd'hui avec des débats et des disputes internes pour dire que "la mienne est meilleure que la tiens", ou simplement pour les mélanger çà et là en fonction des cas cliniques). Comme vous voyez la démarche est complètement différente à celle du positivisme.

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    7. Quatrième point : continuer à dire que la suggestion et les biais sont tout le temps présents dans la méthode et les concepts psychanalytiques n'a pas de sens. Bien sûr qu'il y a des biais, et la psychologie clinique et les psychothérapies sont remplies de biais et de la suggestion (déjà si l'on peut parler de la suggestion comme qqch d'ontologiquement réel et objectif). Mais leur savoir et leur pratique s'est construit sur les relations entre patient et thérapeute, sur l'intersubjectivité, entre thérapeute et groupes de patients, sur la discussion des cas, sur des concepts attachées à un regard personnel, intellectuel, intuitive et académique. Cela est tant le cas pour la psychanalyse comme pour le congitivisme d’Ellis et de Beck, comme pour Rogers et son humanisme, comme pour Rollo May et son existentialisme, comme pour Skinner et son behaviorisme (d’ailleurs très questionné par d’autres behavioristes comme Eysenck et Wolpe). Leur démarche de création conceptuelle est intuitive, philosophique (à partir de leurs influences d’école et leur penchants académiques et intellectuels), en première et deuxième personne (à partir de la clinique), bien évidemment très différente de ce que vous et les autres ultra-positivistes exigez d’une démarche de validation. Ca ne sert à rien de venir à exiger que l’on mette sous la tutelle et la surveillance de la démarche positiviste leurs concepts, puisque c’est qqch qui est utile à l’intérieur de la démarche clinique, qui sert pour se repérer dans le travail diagnostic et de traitement, beaucoup des fois ce sont des concepts ontologiquement subjectifs ou métaphysiques (sans penser à ce terme comme qqch de négatif ou péjoratif), d’utilité purement compréhensive et explicative. Des concepts qui cherchent à expliquer des expériences vécues en première personne qui passent par le filtre d’un interlocuteur et qui se prêtent à l’interprétation et à toutes sortes des « biais » subjectifs. C’est pour ça que dans toutes les courants psychothérapiques il y a discussions et analyse de cas, parce qu’une lecture d’un même cas clinique n’est pas la même pour deux thérapeutes, voir dix thérapeutes d’une même école. C’est pour ça que l’on fait, dans la psychanalyse, et dans d’autres orientations thérapeutiques, des contrôles, des discussions de cas à l’intérieur des écoles, etc. Et pas que des discussions de cas, il y a des discussions conceptuelles constamment, tout le temps, mais le fait que l’on ne se plie pas à une démarche positiviste dans laquelle on n’y croit pas, ne fait pas de notre travail moins VRAI.

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  9. Le BJP a maintenant publié 4 commentaires de mon texte:
    - Callard, Holmes, Gentili & Pietrini: http://bjp.rcpsych.org/content/203/3/170.short/reply#bjprcpsych_el_54893
    - Solms: http://bjp.rcpsych.org/content/203/5/389.1.full
    Et ma réponse: http://bjp.rcpsych.org/content/203/5/390.2.full

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  10. Voici le texte des commentaires (sauf celui de Gentili) et de ma réponse publiés dans le numéro de novembre de BJP:
    http://www.lscp.net/persons/ramus/docs/BJP-2013-comments-389.pdf

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  11. Vélie Dupré.18 mars 2016 à 17:54

    Bonjour
    Juste un merci et félicitation pour cet article très intéressant qui met en perspective l'évolution de la psychanalyse.

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  12. Déjà la moitié des choses que vous dites dans votre commentaire sont complètement ridicules. La psychanalyse, pas plus que les autres formes de psychothérapie (TCC, systémique, humaniste-existentielle, etc.) n'a pas à valider ses postulats à partir des critères positivistes comme vous le suggerez, M. Ramus. Le positivisme, d'un point de vue en troisième personne, falsationniste, et validant par expérimentation les postulats d'une discipline, n'a plus aucun sens à l'intérieur de la psychologie clinique et la psychothérapie, ici je te parle même pas de psychanalyse. Tester et prouver la prédictibilité des concepts, c'est complètement ridicule, même pas les TCC se prêtent à ce jeu. On n'est pas en train de parler des sciences de la nature ici, ce sont des disciplines plus proches des sciences humaines, donc différentes et pour lesquels un regard en troisième personne et s'attendant à une prédictibilité des concepts n'a pas de sens. Les concepts que l'on utilise servent à expliquer et comprendre, surtout à comprendre, peut-être artificielles (déjà il n'est pas rare qu'il y ait tellement d'écoles et d'orientations psychothérapiques avec toutes sortes de concepts orientateurs) et qui servent à un regard en première et deuxième personne donc non prédictibles et changeants selon les goûts et les penchants intellectuels. Si l'on continue, comme vous, M. Ramus, à mettre de la pression épistémologique, ultra-positiviste, sur la psychanalyse, et ben, on finira par déspérer et dans la hâte de tout valider (à la positiviste) on finira avec des trucs comme la neuropsychanalyse... laquelle vous avez raison, est une « tentative (désespérée) de réhabiliter la psychanalyse en lui accolant un préfixe à la mode, et en lui attribuant les mérites d’autres disciplines ».

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